L’acteur haïtien de renommée internationale Jimmy Jean Louis et l’ambassadeur d’Haïti en France, Josué Dahomey, ont interpellé le président Emmanuel Macron et la France sur le drame humain qui se déroule en Haïti sur fond d’une certaine indifférence de la communauté internationale, lors de la commémoration des 220 ans de la mort de Toussaint Louverture, au Panthéon, vendredi 7 avril 2023.
L’acteur haïtien de renommée internationale Jimmy Jean Louis et l’ambassadeur d’Haïti en France, Josué Dahomey, ont interpellé le président Emmanuel Macron et la France sur le drame humain qui se déroule en Haïti sur fond d’une certaine indifférence de la communauté internationale, lors de la commémoration des 220 ans de la mort de Toussaint Louverture, au Panthéon, vendredi 7 avril 2023.
« Aujourd’hui, en Haïti, tout est en train d’être fait pour détruire les racines de l’arbre de la Liberté dont parlait Toussaint ».
« L’État s’est effondré avec tous les projets internationaux qui l’ont accompagné durant les derniers 40 ans. Aujourd’hui ce sont des groupes terroristes, d’une férocité sans pareil, qui tiennent le pays en otage », a écrit Jimmy Jean-Louis dans sa lettre au président Français, Emmanuel Macron.
Drame haïtien, ping-pong au niveau international
Ce drame humain se déroule, a poursuit l’acteur de « The Tears of Sun », « alors que se joue au niveau international un ping-pong macabre autour du sort des enfants, des femmes et des hommes d’Haïti, violés, séquestrés et massacrés au vu et au su du monde entier quotidiennement depuis au moins deux ans ». « Nous éviterons de faire des comparaisons avec l’Ukraine », a dit Jimmy Jean-Louis.
Core Group, la risée nationale et rançon de l’indépendance
« La France fait partie d’un groupe de pays appelé : « Le Core Group ou Les amis d’Haïti ». « Le Core Group », complètement décrié, est devenu objet de la risée nationale quand on ne l’accuse pas d’être complice de la situation », a écrit Jimmy Jean-Louis.
« La France ne peut oublier les liens historiques qui unissent nos deux pays et sa responsabilité dans notre drame, n’était-ce que pour la « rançon de l’Indépendance » de 125 milliards de dollars qui a grevé tout le développement économique d’Haïti et sur laquelle, une série d’articles du New York Times a attiré récemment l’attention. Cependant nous ne pouvons passer sous silence la responsabilité de groupes de prédateurs haïtiens du monde politique, militaire et des affaires qui depuis des générations pillent les richesses d’Haïti. Ils ont porté au paroxysme la crise actuelle, semant la mort et la destruction parmi une population pacifique, nullement préparée à faire face à une situation inédite dans toute l’Amérique Latine et les Caraïbes », a écrit Jimmy Jean-Louis.
La France a un devoir d’assistance concrète
à Haïti et propositions d’actions
« Pour toutes ces raisons, je pense, et pardonnez ma franchise, comme beaucoup de mes compatriotes, que la France a un devoir d’assistance concrète à un peuple en danger de mort, en faisant tout ce qui est en son pouvoir afin de :
-En premier lieu : Pacifier le pays, en appuyant immédiatement toute initiative locale et internationale qui permette la mise hors d’état de nuire de toutes les bandes armées du territoire haïtien.
-Secundo : soutenir toute initiative des Nations Unies et des pays comme les États-Unis, le Canada, ceux de l’Union Européenne, de l’OEA et de la CARICOM, qui veulent unir leurs forces pour soutenir les efforts des groupes représentatifs de la société civile, malgré leur division, afin de mettre sur pied les institutions de l’État et l’économie du pays », a écrit l’acteur Jimmy Jean-Louis.
« C’est à cette étape qu’il faut penser à une aide, type Plan Marshall, qui ne soit plus de l’aumône mais des investissements conséquents et massifs dans les infrastructures, la santé, l’éducation, la justice, l’environnement ; ce qui créera de l’emploi. C’est tout ce que demande le peuple travailleur d’Haïti », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’en troisième lieu, « on pourra penser alors à la réalisation d’élections libres et non manipulées qui permettent à Haïti de se développer selon ses propres intérêts. »
Il est tard mais pas trop tard
Pour Jimmy Jean-Louis, « sans la mise en chantier célère de ces étapes nous continuerons à tourner en rond, à étaler notre compassion, à nous plaindre et à étouffer les cris d’un peuple en détresse. »
« Napoléon, dans ses mémoires de Ste. Hélène, exprimera ses regrets de n’avoir pas gardé Toussaint à la tête de Saint Domingue. Mais c’était trop tard », a soutenu Jimmy Jean-Louis avant de mettre l’emphase sur la nécessité d’agir au plus vite.
« Agissons quand il est encore temps dans le cas d’Haïti, aujourd’hui », a écrit l’acteur Haïtien au président français, Emmanuel Macron.
La cause Haïtienne ne doit pas être laissée
aux aléas des conjonctures déviatrices
Après avoir campé la dimension universelle de Toussaint Louverture, l’ambassadeur d’Haïti en France, Josué Dahomey en expliquant que « l’héritage louverturien, c’est la liberté pour tous au-delà des frontières et des murs de toutes sortes ; l’héritage louverturien, c’est l’égalité des droits et l’égalité des conditions ; c’est aussi la fraternité universelle, une fraternité des peuples, qui se manifeste aujourd’hui à travers l’amitié franco-haïtienne. Dans ce sens, Toussaint Louverture reste et demeure pour nous tous un père et un repère », a-t-il dit avant d’évoquer, comme Jimmy Jean-Louis, la « cause haïtienne » et l’urgence d’agir.
Un appel à la solidarité agissante de la France
« La cause haïtienne ne doit pas être laissée aux aléas des conjonctures dévastatrices. Voilà pourquoi, je prends à témoin la mémoire de Toussaint Louverture pour enjoindre la France républicaine à une solidarité plus agissante en faveur de la cause haïtienne. En ce moment, la cause haïtienne est celle de la protection et de la sécurité d’un peuple digne, mais en proie à la violence aveugle du grand banditisme ; elle est celle de la reconstruction d’une économie en lambeaux, et de l’éradication de la pauvreté extrême ; elle est celle de la justice et du redressement des institutions ; celle de la stabilité politique et d’une démocratie enfin fonctionnelle dans le pays », a dit le diplomate Haïtien lors de cette cérémonie au Panthéon.
« Pour la mémoire de Toussaint Louverture, érigée ici en testament de nos liens fraternels, pour la France républicaine et pour Haïti – premier peuple républicain de race noir – je vous enjoins à la solidarité avec la cause haïtienne ».
« Mon pays est l’otage d’une longue suite de conjonctures meurtrières. La chape de plomb de l’insécurité qui s’abat aujourd’hui sur la société haïtienne, ne doit pas nous laisser indifférents. Faisons en sorte que ce calvaire n’aboutisse point à l’agonie de ce pays, Haïti, qui a vu s’épanouir toutes les libertés », a appelé l’ambassadeur Josué Dahomey.
« J’en ai marre de voir mon peuple souffrir »
« Je pensais que c’était un moment opportun pour faire passer ce message en espérant qu’il y ait une certaine réponse. Au moins, je voulais que tout le monde soit au courant de ce que je pense de la situation en Haïti. On peut tous regarder ensemble. Mais ensemble, on peut tous, travailler pour que cela s’arrête et qu’Haïti se remette debout. En tant qu’Haïtien, j’en ai marre de ne pas pouvoir entrer au pays comme je veux, marre de voir mon peuple souffrir. A un certain moment, il faut crier. Il faut crier pour avoir des réponses », a confié à Le Nouvelliste l’acteur Jimmy Jean-Louis.
Source : Le Nouvelliste