Une liste dévoilée par la Commission pédagogique pour les diplômés étrangers en médecine (ECFMG en anglais) défraie la chronique en Haïti. Aucune faculté de médecine en Haïti ne figure sur cette liste.
Le directeur de la formation et du perfectionnement en sciences de la santé du ministère de la Santé publique et de la Population, le Dr Vladimir Larsen, pense que cela n’est pas une surprise et informe que le MSPP a fait de son mieux pour accompagner les universités vers la voie de la standardisation.
Depuis 2018, les dirigeants des différentes facultés de médecine en Haïti ont été informés de cette menace internationale portée principalement par la commission pédagogique pour les diplômés étrangers en médecine régissant la pratique de la médecine aux Etats-Unis d’Amérique et, dans une certaine mesure, au Canada.
« The Educational Commission for Foreign Medical Graduates (ECFMG) », qui est l’instance chargée du contrôle et de la régulation des facultés de médecine étrangères, a donné son verdict cette année : à partir de 2023, si rien n’est fait, aucun diplômé d’une faculté de médecine en Haïti ne sera habilité à pratiquer la médecine à l’étranger, notamment aux États-Unis et au Canada », a alerté Le Nouvelliste dès 2018.
Avec la pandémie de Covid-19, l’échéance avait été reculée, puis fixée à 2024. Cependant, déjà cette année aucune faculté de médecine en Haïti ne figure sur la liste de l’ECFMG.
Dans une entrevue accordée au quotidien Le Nouvelliste, le Dr Vladimir Larsen, responsable de la direction de Formation et de perfectionnement en sciences de la santé (DFPSS) avoue que cela « n’est pas une surprise puisqu’il en parle depuis 2012».
« Effectivement, Haïti est exclue de la liste des facultés de médecine de l’ECFMG. On n’est plus admis dans les voies d’accès allant de 2 à 5 », confirme le Dr Vladimir Larsen.
L’accréditation est une exigence faite par une institution (le cas échéant, il s’agit de l’ECFMG pour les Etats-Unis et le Canada), à toutes les facultés qui souhaitent avoir une validation de diplôme dans un pays donné.
« Pour avoir accès au système d’accréditation comme professionnel, votre faculté doit être accréditée. Pour les Etats-Unis et le Canada, cette accréditation est exigée par l’ECFMG si vous souhaitez faire une spécialisation dans ces pays. »
Il y a 6 voies d’accès :
1- un professionnel peut avoir accès au système américain avec son diplôme délivré par une faculté de médecine reconnue et une licence de fonctionnement;
2- un pays peut avoir accès si vous avez un examen national sanctionnant les finissants en médecine ou un système de validation de cursus avec un examen clinique structuré, comme c’est le cas aux Etats-Unis;
3- un pays peut avoir accès après avoir été accrédité par une instance internationale;
4- un pays peut avoir accès au système américain si vous avez un organisme national reconnu internationalement qui vous donne l’accréditation. C’est le cas de 11 institutions sur 12 reconnues par l’ECFMG en République dominicaine.
5- cette voie concerne des facultés de médecine qui sont des annexes des facultés de médecine qui se trouvent aux Etats-Unis d’Amérique;
6- pour répondre aux exigences de la voie 6, les compétences cliniques du candidat doivent être évaluées par des médecins agréés à l’aide du mini-exercice d’évaluation clinique (Mini-CEX) de l’ECFMG pour la voie 6, a longuement expliqué le Dr Vladimir Larsen.
Aujourd’hui, Haïti n’est plus éligible aux voies 2,3,4 et 5, c’est-à-dire ses étudiants ne peuvent plus s’inscrire dans United States Medical Licensing Examination (USMLE), qui est le programme conférant aux médecins diplômés à l’étranger le droit de poursuivre les études de médecine aux Etats-Unis d’Amérique à travers notamment les programmes de spécialisation.
« La seule voie qui nous restait, c’était la voie une. Cette voie n’est plus accessible aux Haïtiens depuis le 31 janvier 2023 », confie le Dr Larsen, qui dit croiser les doigts pour voir s’il y aura une évolution l’année prochaine puisque l’échéance était fixée à 2024.
Cette situation est-elle irréversible ?
« Je suis très inquiet », répond le Dr Larsen, pointant du doigt les mauvais choix des autorités académiques.
Source : Le Nouvelliste
