Haïti. « À la guerre comme à la guerre », déclare le président du CPT 

Le bilan tragique de l’année 2024 pèse lourd sur la nation haïtienne avec plus de 5 000 personnes brutalement assassinées par des bandits sans foi ni loi. Cette réalité rappelle que le pays est en guerre, selon le président Leslie Voltaire, déclarant que c’est une guerre implacable qui va se poursuivre en 2025 contre ces gangs qui sèment la mort, la terreur, le viol, le pillage et le trafic ignoble d’organes, victimisant une population paisible.

« En 2025, Nous déclarons la guerre contre tous les gangs qui assassinent le peuple haïtien, incendient des structures médicales, des infrastructures scolaires. Nous déclarons la guerre aux gangs qui s’adonnent à des actes de viols, de trafic d’armes, d’êtres humains et d’organes », a déclaré, Leslie Voltaire, président du Conseil présidentiel de transition à la cérémonie de célébration du 221e anniversaire de l’indépendance d’Haïti, mercredi 1er janvier 2025. 

Le Conseil présidentiel de transition, le premier ministre ainsi que son cabinet ministériel, toutes les entités de l’État sont en guerre contre l’insécurité, selon le président Voltaire. « La population est sur la défensive. Le peuple est en situation de légitime défense », a-t-il soutenu comme pour saluer le mariage Police-Population. 

« Dans cette guerre, la population doit accompagner la police et les agents des forces multinationales comme elle le fait dans le département de l’Artibonite », a exhorté le représentant de Fanmi Lavalas au CPT.

Le président du CPT, en présence des grands commis de l’État et des représentants du corps diplomatique et consulaire, a appelé à la mobilisation de toutes les couches de la société pour combattre l’insécurité dans le contexte où plus de 7 500 personnes ont été blessées ou tuées en Haïti depuis janvier 2024, selon des sources onusiennes.

« Dans cette guerre contre les gangs criminels, toutes les forces vives de la société sont concernées. Chacun doit donner des idées. Tout le monde doit collaborer avec la police communautaire », a demandé Leslie Voltaire.

« Dans cette guerre, nous demandons à nos pays amis de nous aider à lutter pour rétablir nos droits en tant qu’humain. Nos amis doivent également s’investir pour empêcher l’intrusion d’armes et de munitions sur le territoire national », a souligné le président, précisant que l’objectif de la guerre est de rétablir la sécurité. 

« Un plan de contrôle strict des armes à feu et des munitions est en phase de préparation. Nous avons sollicité et continuons de solliciter l’aide de tous les pays de la région qui ont fait, ou font encore, l’expérience des méthodes de lutte contre les organisations criminelles transnationales », a-t-il révélé.

« On veut pacifier le pays pour faciliter l’organisation des élections. Inévitablement il y aura des élections dans le pays à la fin de l’année », a garanti le président du CPT, assurant que 2025 sera l’année de la lutte ultime en vue de la création d’un climat propice à la récupération des territoires sous le contrôle ou la menace des gangs armés.

« En cette année 2025, nous allons libérer tous les axes routiers contrôlés par les gangs. Nous allons sécuriser les ports, les aéroports pour faciliter la libre circulation des personnes et des biens. Cela implique, je vous le dis, la collaboration de tous. Nous les responsables de l’État nous allons mettre les moyens nécessaires à la disposition des forces de l’ordre pour démanteler tous les gangs. La vie doit reprendre sur tout le territoire », promet le président Voltaire.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/252274/a-la-guerre-comme-a-la-guerre-declare-le-president-du-cpt

Réparations

Dans son discours, Leslie Voltaire a profité de l’occasion pour réaffirmer ce qu’il avait déjà dit, fin septembre, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU : la France, ancienne puissance coloniale, doit rembourser à Haïti la dette de l’indépendance. Une somme qui équivaut à plusieurs centaines de millions d’euros que le gouvernement de Paris avait exigées pour compenser la perte de Saint Domingue et indemniser les propriétaires d’esclaves.

Que s’est-il passé ?

En juillet 1825 , le baron de Mackau, accompagné d’une escadre portant 500 canons, vient imposer au président Boyer (1818-1843) les termes de l’ordonnance du 17 avril 1825 du roi Charles X. En plus de fortes préférences douanières à appliquer en faveur du seul commerce français, les exigences de Pétion ne sont pas observées. En particulier et en préalable à la reconnaissance de la souveraineté de l’ancienne colonie, l’ordonnance enjoint le gouvernement haïtien à verser une indemnité, au montant unilatéralement fixé à 150 millions de francs, aux ex-colons propriétaires de biens immobiliers dans la « partie française de Saint-Domingue ».

Menacé d’un blocus de l’île, le gouvernement Boyer se plie à l’ultimatum tout en demandant une réduction du montant de l’indemnité. Par ailleurs et pour pouvoir en payer la première annuité, le baron de Mackau obtient que l’État haïtien contracte en 1825 un emprunt… sur le marché français,

Exigée en 1825 d’une population d’environ 700 000 habitants, la valeur de cette « dette de l’indépendance » sera captée par quelque 8 000 ex-colons propriétaires (ou héritiers) et par leurs créanciers. Cette indemnité a été très tôt qualifiée en Haïti de « odieuse » et de « rançon ». Son règlement a été essentiellement assuré par deux générations de la petite paysannerie haïtienne productrice de café et descendante des esclaves qui avaient pourtant arraché, au prix de leur sang, tant leur émancipation en 1793 que l’indépendance de l’État érigé pour garantir leur liberté. Telle une entrave posée jadis à l’esclave, cette dette coloniale a participé, par les mécanismes financiers imposés, à enrayer durablement le développement du jeune État indépendant.

Leslie Voltaire dans son discours : « Cette injustice inqualifiable constitue une meurtrissure qui ne cesse de hanter notre mémoire. Et malheureusement, le paiement de ces rançons a contribué à compromettre de manière significative les perspectives de développement de la jeune nation. Par conséquent, nous devons envoyer un message clair aux différents peuples de la planète. Haïti réclame la restitution de cette rançon et la réparation des torts causés par l’esclavage, reconnu depuis des années comme un crime contre l’humanité. En d’autres termes, ce n’est pas une simple revendication, mais une nécessité pour que notre nation puisse retrouver la voie de la prospérité et du respect. »

D’après une enquête du New York Times publiée il y a trois ans, les sommes versées par Haïti à la France au cours du XIXe siècle s’élèverait, en valeur actuelle, à plus de 520 millions d’euros.

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​

KARIB'Archives

Rechercher un article par mot clé dans nos archives à partir de 2020

DERNIERES INFOS

LE TOP KARIB'INFO