Haïti. 12 janvier 2010: Max Chauvet livre son témoignage 15 ans après

Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre secoue Haïti. Le bilan est lourd. Des centaines de milliers de morts, de blessés et de sans-abris. Sur le plan matériel, les dégâts sont énormes. Max Chauvet, directeur du quotidien Le Nouvelliste. s’est confié sur la manière dont il a vécu ce drame.

Vendredi 10 janvier 2025, c’est dans son bureau à Pétion-Ville que Max Chauvet nous reçoit. À l’approche de la commémoration des 15 ans du tremblement de terre du 12 janvier 2010, Max Chauvet accepte de partager ses souvenirs de ce meurtrier séisme. Sans se faire prier, M. Chauvet confie son témoignage dans les moindres détails.

Miracle. C’est le terme que Max Chauvet emploie pour expliquer la manière dont il a échappé à la mort lors du séisme. « Dieu a décidé que mon heure n’était pas encore venue de partir », confie Max Chauvet, comme si le tremblement de terre était un souvenir assez récent.

Le 12 janvier 2010, Max Chauvet devrait rencontrer Hérold Jean-François et Jacky Lumarque à l’Université Quisqueya (UniQ) pour une réflexion autour d’un programme de master en journalisme que comptait lancer l’université. La réunion était pour 3 heures 30. Sauf que Max Chauvet a eu un contretemps.

A l’avenue Charles Sumner, il y a eu un attroupement d’étudiants de l’Université d’État d’Haïti (UEH) qui ont lancé un mouvement de protestation après qu’un professeur Jean Anil Louis Juste a succombé à des blessures par balle quelques heures plus tôt.

« Je suis arrivé aux environs de 4 heures. Je me suis rendu au bureau du recteur qui m’a reçu et m’a proposé d’aller faire un tour pour explorer les nouveaux bâtiments de l’université, relate M. Chauvet. A ce moment, il y avait une exposition au musée de l’UniQ sur les œuvres de Jean-Michel Basquiat patronnée par la Banque de la République d’Haïti, je suis passé faire un tour pour saluer un vieil ami », a-t-il poursuivi.

À peine sorti du musée, où ils ont rencontré Hérold Jean-François, les premières secousses ont commencé. « Je ne pouvais pas comprendre ce qui se passait, le bâtiment devant lequel on se tenait et qui logeait le musée s’est effondré. La nouvelle construction de trois étages de l’UniQ aussi n’a pas pu tenir », rapporte Max Chauvet.

Les inquiétudes et le constat de l’ampleur des dégâts

Sorti sain et sauf de la grande secousse, le premier réflexe de Max Chauvet était de s’enquérir de l’état des membres de sa famille, et de ses employés et proches collaborateurs. « J’ai pu quelques minutes après le tremblement de terre parler à ma fille qui est sortie indemne mais je m’inquiétais pour mes fils et ceux qui étaient au Nouvelliste », se rappelle Max Chauvet.

Parti à pied pour aller à la rencontre de ses enfants et prendre les nouvelles de ceux qui étaient au Nouvelliste, M. Chauvet dit avoir été déconseillé par une connaissance de s’aventurer au centre-ville devant les rumeurs persistantes de tsunami. « Finalement, j’ai pu accéder au bas de la ville. C’était la partie la plus effroyable de la scène. Les rues étaient vides et l’on pouvait entendre les cris désespérés de ceux qui, encore vivants, étaient sous les décombres », conte le directeur du Nouvelliste. Arrivé à la rue du Centre, il a pu faire le constat que le bâtiment du Nouvelliste résistait encore et que ceux qui y travaillaient n’avaient essuyé aucun dommage. Pour ses enfants, il a appris qu’ils s’étaient réfugiés chez des amis à Turgeau.

« Ce qui m’a frappé le plus, le soir du 12 janvier, pendant tout mon périple, j’ai pu constater une communion entre tous les Haïtiens », confie Max Chauvet. « Le premier évènement culturel qui a rassemblé une foule après le séisme c’était Livres en folie. C’était une édition assez particulière, car elle a permis de rassembler des gens après un tel drame et les gens étaient contents de revoir ceux qu’ils ont perdu de vue depuis », se souvient M. Chauvet.

La reprise après le grand drame

Si Le Nouvelliste n’a pas eu à déplorer des pertes en vie humaine, la radio Magik 9 et Ticket Magazine du groupe Nouvelliste ont perdu des collaborateurs lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Pour la reprise, c’est à Pétion-Ville que s’est réfugié le journal. « On a dû faire des travaux de réhabilitation dans le bâtiment du journal à la rue du Centre et on a été obligé de changer de presse car lors du séisme celle qu’on avait a été endommagée », explique Max Chauvet.

15 ans après le tremblement de terre, Le Nouvelliste a pu se réadapter et revenir. Pourtant aujourd’hui, un nouveau drame, l’insécurité, a forcé le journal a quitter son siège à la rue du Centre pour trouver refuge à Pétion-Ville. « Il ne reste du siège du Nouvelliste que le bâtiment. Tout a été enlevé », déplore Max Chauvet.

Faire revenir Le Nouvelliste dans son siège quand la paix et la sécurité sera rétablie, représente un véritable challenge pour celui qui, par deux fois entre 1973 et 2010, a fait reconstruire les locaux du journal.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/252435/12-janvier-2010-max-chauvet-livre-son-temoignage-15-ans-apres

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​

KARIB'Archives

Rechercher un article par mot clé dans nos archives à partir de 2020

DERNIERES INFOS

LE TOP KARIB'INFO