Gwénaëlle Hervé : « Face au dérèglement climatique, chacun doit être conscient des enjeux »

Référent de la Fresque de l’Economie circulaire en Martinique, Gwénaëlle Hervé présente les grandes lignes du concept qui poursuit la démarche de sensibilisation à l’environnement et à la protection de la nature, aux côtés de La Fresque du Climat.

Gwénaëlle Hervé.

Transition écologique, responsabilité sociale des entreprises, éco-conception, économie circulaire sont des notions très en vogue. Que signifient-elles vraiment

Gwénaëlle Hervé : La transition écologique, c’est un chemin de changement sur lequel il faut s’engager. L’économie circulaire, c’est un modèle économique, où la création de valeur n’est plus basée sur l’extraction de matières, ce qui induit des déchets non valorisés en bout de chaîne, mais sur la valorisation de matières déjà existantes, déjà travaillées, manufacturées, et qui peuvent avoir une seconde, une troisième, une quatrième vie, voire plus. C’est un modèle cible vers lequel le monde de l’entreprise doit aujourd’hui s’engager. La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), l’éco-conception, le design circulaire, les ateliers « Fresques de l’économie » sont des outils permettant d’accompagner les organisations dans la compréhension des enjeux et dans leur manière de faire des affaires. 

La Fresque de l’économie circulaire est inspirée de la Fresque du Climat. Quel en est l’objectif ? 

La Fresque du Climat est un outil formidable et très apprécié ! C’est un atelier de sensibilisation qui fonctionne grâce à l’intelligence collective, et qui permet de comprendre les causes et conséquences du dérèglement climatique afin d’enclencher l’action. 

Quelle est l’ambition de La Fresque de l’économie circulaire ? 

Elle s’inspire de la Fresque du Climat. C’est un moment collaboratif, pédagogique, ludique. Dans un premier temps, on reconstitue, avec des cartes, ce qu’on appelle le système économique linéaire : on extrait de la matière, on la transforme pour en faire des objets. On les utilise, puis on les jette et ces objets finissent incinérés ou enfouis, parfois recyclés, seulement 8% au niveau mondial. Ce système a des impacts très néfastes, notamment sur la santé du Vivant.

L’atelier permet d’avoir une vision d’ensemble de tout ce gâchis de matière, non renouvelable pour beaucoup, qu’on extrait de la croute terrestre puis qu’on jette dans un trou ou qui part en fumée ! Dans la deuxième partie de l’atelier, on aborde les solutions, on débat sur les manières de circulariser ce système, d’optimiser les usages… 

Comment jugez-vous aujourd’hui le niveau d’information sur les questions liées à la transition écologique, au vivant ou encore au climat ? 

Le niveau d’information est encore trop faible. Tout citoyen doit connaître les enjeux qui nous concernent tous, dès maintenant. Dans quelques années, les effets seront bien plus importants qu’aujourd’hui. Cela va bouleverser nos vies. Et le comprendre, c’est déjà se préparer pour moins subir. Même parmi les citoyens qui savent que le climat se réchauffe, la majorité ne comprend pas complètement ce qui se joue. Or, il faut juste prendre un peu de temps pour comprendre, car le fond du sujet, lui, est à la portée de tous. Ces ateliers permettent la compréhension des enjeux en 3 heures. 

Ce qui manque aussi, et qu’apportent en partie ces ateliers, ce sont les ordres de grandeur. Eteindre la lumière quand on quitte une pièce, c’est évidemment une action qu’il faut faire, mais c’est absolument insuffisant pour faire face au défi du dérèglement climatique ! 

Qu’apporte « La fresque de l’économie circulaire » au débat général ? 

Depuis quelques années, on parle de plus en plus du climat et c’est très bien. Malheureusement, il y a bien d’autres impacts et enjeux derrière nos modes de consommation, dont on parle moins. La Fresque de l’Economie Circulaire aborde majoritairement le sujet de l’épuisement des ressources et des destructions liées aux extractions massives de métaux, de sable… Elle nous questionne aussi très sérieusement sur notre manière de consommer.

Cet atelier permet aussi d’aborder la question des déchets, et de notre situation insulaire, en Martinique. C’est un sujet très préoccupant qui mérite d’être décrypté. On a trop tendance à considérer qu’une fois notre poubelle jetée dans la benne, elle s’évapore… La réalité est tout autre ! Nous devons apprendre à générer moins de déchets. Le partage également, avec d’autres participants, aide à y voir plus clair, à se sentir moins seul, moins coupables. 

Quel accueil est réservé à vos actions en Martinique

Les participants aux ateliers sont toujours très contents du moment passé, de ce qu’ils ont appris, du fait qu’ils soient actifs, que ce soit une approche collaborative, ludique. Le plus difficile, c’est de convaincre de participer. En fait, une fois que les participants vivent l’atelier, ils sont ravis et repartent convaincus de la puissance et de la nécessité de l’exercice. Mais tout cela met du temps à se mettre en place. 

Comment convaincre ?

Quand on ne connait pas un sujet, on est inconscient de son incompétence. On commence à comprendre l’ampleur et la complexité d’un sujet quand on commence à s’informer ou à y travailler. Si vous n’avez pas déjà passé plusieurs dizaines d’heures à vous documenter sur le dérèglement climatique, sur l’érosion de la biodiversité, sur l’épuisement des ressources…, vous n’avez certainement pas encore bien saisi l’ampleur de ces phénomènes, et j’encourage à participer à des ateliers pour comprendre vraiment les enjeux. Vous aurez très certainement envie ensuite d’en apprendre davantage, et d’engager des actions personnelles et collectives, assez naturellement. Juste parce que comprendre vous aura donné envie de le faire ! 

Propos recueillis par Rodolf Etienne

Pour en savoir plus : https://fresqueduclimat.org/

https://www.lafresquedeleconomiecirculaire.com/

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