Dispositif qui permet de lutter contre les faux médicaments, la sérialisation n’emporte pas l’adhésion des pharmacies, même celles qui sont équipées.
Mi-octobre, Jean-Philippe Naboulet, pharmacien inspecteur de santé publique, a contrôlé la mise en œuvre de la sérialisation dans onze pharmacies de Guyane : 6 à Cayenne, 2 à Kourou et 3 à Saint-Laurent du Maroni. Des petites, des grosses, certaines avec un seul pharmacien, d’autres avec plusieurs. Cela représente un peu plus de 20 % des 49 pharmacies du territoire, pour un échantillon représentatif.
Un identifiant unique pour chaque boîte
La sérialisation est un dispositif de lutte contre les faux médicaments. Chaque boîte est dotée d’un identifiant unique, sous forme de Datamatrix, que le pharmacien doit scanner quand elle entre ou sort de son stock. Elle est en outre équipée d’un dispositif anti-effraction.
La France a été le pays européen le plus lent à mettre en place la sérialisation. Elle est sous la menace d’une amende de plusieurs centaines de milliers d’euros si les officines ne s’y conforment pas.
Le risque de fraude augmente
« En France, le circuit du médicament est encore très sécurisé, explique Jean-Philippe Naboulet. C’est une des raisons pour lesquels certains pharmaciens ont traîné des pieds. Maintenant que tous les autres pays de l’Union européenne ont mis en place la sérialisation, le pays où il est le plus facile de frauder et d’introduire de faux médicaments, c’est la France. Avec les tensions d’approvisionnement que l’on connaît, le risque augmente qu’un fournisseur tente de frauder. »
Parmi les onze pharmacies contrôlées en Guyane en octobre, dix (91 %) avaient l’équipement nécessaire à la sérialisation (douchettes, logiciel). En revanche, seules quatre (36 %) étaient connectées à France MVO, l’opérateur de la sérialisation.
Et sur ces quatre pharmacies, une seule pratiquait effectivement la sérialisation.
Nouveaux contrôles et sanctions en vue
« Les trois autres faisaient bien le travail mais n’avaient pas vérifié que ça fonctionnait. Et ça ne fonctionnait pas, relate le pharmacien inspecteur. Elles doivent se rapprocher de leur éditeur de logiciel pour régler le problème. C’est l’intérêt de mener ce type de campagne. Aujourd’hui, il n’y a pas de raison technique que ça ne fonctionne pas. Hormis lors de coupures de connexion, comme il y en a eu une à Saint-Laurent. »
L’objectif est désormais que l’intégralité des pharmacies du territoire national mettent en œuvre la sérialisation. De nouveaux contrôles sont envisagés pour s’en assurer. « Les ARS et le ministère auront accès à la liste des pharmacies connectées, signale Jean-Philippe Naboulet. En 2023, si des pharmaciens ne sont effectivement pas connectées, des sanctions pourront être prises. »