Le mois d’août a été marqué par plusieurs homicides et agressions, notamment par arme à feu. Les victimes sont majoritairement des hommes, jeunes.
Avec une incidence annuelle de 6.3 décès par arme à feu pour 100 000 habitants, la Guyane est le département le plus touché de France. Dans l’Hexagone, ce taux est de 2.7 décès par arme à feu pour 100 000 habitants. Surtout, l’origine des décès ou des plaies par arme à feu est très différente. En Guyane, 83 % des violences par arme à feu sont des agressions. Dans l’Hexagone, il s’agit à 79 % de suicides.
C’est ce que la thèse du Dr Elliott Beguinot, dont les résultats ont été présentés en mai aux Journées des soignants. Il a étudié les dossiers de toutes les victimes de plaie par arme à feu prises en charge à l’hôpital de Cayenne entre 2016 et 2019, aux Urgences, par le Samu ou à l’unité médico-judiciaire (UMJ). Soit, 340 patients en quatre ans.
Des tirs à bout portant
Soixante et onze sont décédés : 50 sur les lieux, 7 aux Urgences et 14 dans une unité d’hospitalisation. Ces chiffres restent toutefois loin de ceux des Etats-Unis et du Brésil, avec respectivement 19.4 et 10.6 décès par arme à feu pour 100 000 habitants, chaque année. A eux seuls, ces deux pays représentent un tiers des décès par arme à feu dans le monde.
En Guyane, les victimes d’arme à feu sont à 90 % des hommes, souvent jeunes : la moyenne d’âge est de 30 ans et la très grande majorité avait entre 19 et 41 ans. Les faits se déroulent le plus souvent la nuit (60 %). Les armes d’épaule représentent 82 % des cas où l’arme a été identifiée. Le type de projectile utilisé est le plomb dans 51 % des cas ; dans la majorité des cas (56 %), le tir a été effectué à bout portant.
« L’utilisation du plomb explique la faible gravité d’une majorité des patients que nous prenons en charge », souligne le Dr Alexis Fremery, Urgences – SAMU, au Centre hospitalier de Cayenne.
