Guyane. Insécurité : ce que veulent les élus

Face aux incidents violents qui minent le territoire de Guyane, la préfecture, l’association des maires de Guyane, coordonnent leurs efforts.

À l’initiative de l’association des maires de Guyane, une réunion d’urgence avec les autorités locales et nationales a été organisée pour trouver des réponses concrètes.

Depuis plusieurs mois, la Guyane fait face à une recrudescence inquiétante de l’insécurité, marquée par une série d’incidents violents, de cambriolages et de trafics illégaux qui touchent particulièrement l’Ouest du territoire. De nombreux homicides ont été enregistrés en Guyane depuis le début de l’année 2024, soulignant une intensification des violences qui frappent la région.

En parallèle, le système judiciaire guyanais connaît une crise majeure, marquée par un sous-effectif chronique et des difficultés à pourvoir des postes clés, comme celui de procureur de la République. Le président du tribunal judiciaire de Cayenne, Mahrez Abassi, a dû initier des « actions de justice morte » pour protester contre ces insuffisances, mettant en pause certaines audiences faute de ressources adéquates.

« Trouver des solutions durables »

Michel-Ange Jérémie, président de l’association des maires de Guyane.

Pour répondre à cette situation critique, le ministère de la Justice avait promis l’envoi de renforts temporaires, incluant des brigadiers et des magistrats contractuels, avec la création de postes fixes prévue en septembre. Des mesures qui visent à atténuer la pression sur le système judiciaire. Les acteurs locaux insistent sur la nécessité de « solutions durables » pour stabiliser la justice et restaurer la confiance des Guyanais dans l’État de droit.

En matière de sécurité publique, la Guyane a bénéficié, en 2023, de renforts de militaires de gendarmerie mobile et d’officiers de police judiciaire. Mais ces ressources demeurent insuffisantes face à la montée de la criminalité.

Au cours de la réunion d’urgence initiée par l’association des maires de Guyane autour du préfet, Antoine Poussier, des acteurs locaux de la sécurité, d’une délégation de l’association des maires de Guyane, conduite par Michel-Ange Jérémie, le président et maire de Sinnamary, de Gabriel Serville, président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Sophie Charles, maire de Saint-Laurent du Maroni et présidente de la Communauté de Communes de l’Ouest Guyanais (CCOG), les maires ont dénoncé le climat d’insécurité inquiétant et les dysfonctionnements constatés dans l’organisation de la Justice.

Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale de Guyane, a insisté sur l’impérieuse nécessité d’éradiquer l’orpaillage illégal, « principale source des maux qui frappent la Guyane », selon lui.

Contrôle renforcé, rapatriement des escadrons mobiles, destruction des squats…

Plusieurs décisions ont été prises au cours de la réunion :

Protection des élus : le Préfet a réaffirmé son engagement à garantir la protection des élus, rappelant que « l’État déploie des dispositifs renforcés, notamment dans les cas de menace ou d’agression ».

Rapatriement des escadrons mobiles de la gendarmerie : le préfet a confirmé la décision de rapatrier les deux escadrons mobiles de la gendarmerie dédiés à la Guyane. Leur déploiement se fera « en priorité dans l’Ouest guyanais, où les besoins sécuritaires sont les plus pressants ».

Création d’un commissariat de police dans les villes de plus de 20 000 habitants : l’association des maires de Guyane souhaite la constitution d’un groupe de travail, associant les forces vives du territoire, pour « analyser la pertinence de création de commissariats dans certaines villes. »

Contrôle renforcé aux frontières : Le préfet a annoncé le renforcement des moyens pour intensifier les contrôles aux frontières, en particulier à Saint-Laurent-du-Maroni, « afin de lutter contre les activités illégales transfrontalières, notamment le trafic d’armes et de drogues ».

Déploiement de médiateurs dans les quartiers sensibles : Le renforcement du déploiement a été acté. Ces médiateurs auront pour mission de prévenir les tensions et de désamorcer les conflits dans les zones les plus vulnérables.

Destruction régulière des squats illégaux : Il a été convenu de poursuivre et d’intensifier les opérations de destruction des squats illégaux, en veillant toutefois à accompagner socialement les personnes concernées, afin d’éviter une aggravation de leur précarité ou leur déplacement géographique.

Amélioration des infrastructures de vidéosurveillance : la modernisation et l’extension des infrastructures de vidéosurveillance dans les zones à risque ont été validées.

Mise en place de patrouilles mixtes police municipale-gendarmerie : le préfet a réitéré son soutien à la mise en place de patrouilles mixtes police municipale-gendarmerie pour améliorer la couverture territoriale et assurer une présence renforcée dans les zones sensibles.

Lutte contre le décrochage scolaire : Monique Azer, première adjointe au maire de Macouria, a insisté sur « la nécessaire lutte contre le décrochage scolaire, première alerte quant au désœuvrement et au risque d’une entrée dans la délinquance ».

Des actions de sensibilisation : Patrick Lecante, maire de Montsinéry-Tonnégrande, a rappelé le caractère anxiogène de ces faits de violence auprès de la population. Des actions de sensibilisation, d’information et d’écoute participatives doivent être proposées dans chaque commune, en mobilisant notamment le tissu associatif ainsi que les acteurs économiques.

Opérations « Places nettes » : Michel-Ange Jérémie, président de l’association des maires de Guyane, et maire de Sinnamary a demané la mise en place d’opérations « places nettes » régulières et une veille opérationnelle post-opérations.

La prévention de la récidive avec des mesures de responsabilisation, ainsi que le non-refus des demandes de dépôt de plainte ont été évoqués. Le préfet de Guyane a rappelé « qu’aucune demande de dépôt de plainte ne doit être refusée. » Un rappel sera effectué auprès des forces de l’ordre « afin de garantir à chaque citoyen le droit de déposer une plainte ».

Des réunions périodiques entre la préfecture et l’association des maires de Guyane permettra d’assurer un suivi des mesures engagées.

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