Guyane. Forte reprise de l’activité non-Covid en réanimation

Pourquoi la réanimation est prise d’assaut alors que la 5e vague s’amorce.

Entre octobre et décembre, à mesure que le nombre de patients atteints de Covid-19 diminuait dans les services de soins critiques, les admissions de patients non-Covid repartaient à la hausse. Un phénomène qui n’est pas spécifique à la Guyane depuis le début de la pandémie. « Les soignants n’ont guère eu le temps de se reposer », constate le Pr Hatem Kallel, du Centre hospitalier de Cayenne. Les contaminations record de ces derniers jours font craindre une reprise de l’activité Covid.

Le rapport entre patients Covid et non-Covid s’est inversé

En attendant, les patients changent, mais l’activité reste la même. Dans les services de soins critiques de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent du Maroni, les soignants auraient pu espérer souffler à partir de novembre, quand la 4e vague de Covid-19 a commencé à refluer. Il n’en a rien été. A mesure que baissait le nombre de patients Covid, celui des patients non-Covid repartait à la hausse.

Le rapport entre patients Covid et non-Covid s’est exactement inversé : 80 % de patients non-Covid actuellement, pour 20 % de patients Covid.

Accidents, agressions, infections diverses…
Pr Hatem Kallel.

« Ce constat n’est pas propre à Cayenne, souligne le Pr Hatem Kallel, chef du pôle Urgences et soins critiques au Centre hospitalier de Cayenne. C’est aussi vrai à Kourou et à Saint-Laurent du Maroni. Ce phénomène apparaît un peu partout, y compris en France hexagonale. En ce moment, nous avons beaucoup de traumatologie : des accidents et des agressions, notamment par arme à feu. En médecine, nous avons également quelques cas de leptospirose et diverses infections. On peut aussi bien avoir un septuagénaire avec une pneumonie qu’un jeune de 20 ans qui a reçu une balle à l’abdomen. Les pathologues obstétricales continuent de nous ramener quelques patientes. »

« Nous sommes toujours en saturation. »

Comment expliquer ce phénomène ? « La pandémie a rendu une partie de la population un peu plus excitée. Les patients sont plus jeunes que pendant les pics Covid. Quand on lève les restrictions, quand les déplacements et les rassemblements augmentent, on a davantage d’accidents et d’agressions. Aujourd’hui, nous sommes toujours en saturation. »

L’accélération inédite de l’épidémie, constatée à la veille du Nouvel-An, avec un nombre record de contaminations en Guyane fait craindre une reprise brutale des hospitalisations et des admissions en réanimation. « Ce qui est certain, assure le Pr Kallel, c’est qu’on ne recevra pas l’aide des autres territoires, eux-mêmes touchés par la 5e vague. »

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