Guyane. Entre 20 et 30 passeurs de cocaïne chaque jour à l’aéroport

Une commission parlementaire du Sénat a rendu en septembre dernier son rapport sur le trafic de cocaïne en provenance de la Guyane. On estime qu’en temps normal entre 20 et 30 passeurs de cocaïne souhaiteraient prendre chaque vol au départ de Cayenne en direction d’Orly et que 8 à 10 y parviendraient, conclut la commission. 

Le recours à ces passeurs occasionnels, qui s’introduisent la drogue sous forme d’ovules dans le corps ou la dissimulent dans leurs vêtements ou bagages, a conduit à une augmentation considérable du trafic de cocaïne par voie aérienne entre la Guyane et l’Hexagone, qui représente aujourd’hui entre 15 et 20% des entrées sur le territoire, dans un contexte d’explosion de la production mondiale de cocaïne.

Comme le souligne Olivier Cigolotti(Union centriste – Haute-Loire), président de la mission, « ce phénomène en expansion est préoccupant, non seulement compte tenu de ses conséquences sanitaires et humaines dramatiques, mais aussi sur le plan de l’ordre public, dans la mesure où il alimente une dérive mafieuse à l’origine de divers actes de violence sur tout le territoire. »


« Il s’agit d’un véritable fléau pour les jeunes de Guyane, qui en sont les premières victimes », déplore, le rapporteur, le Guyanais Antoine Karam (Apparenté La République En Marche – Guyane), rappelant que « les passeurs sont principalement des jeunes privés d’emploi et issus de l’Ouest du département, où se concentrent de multiples difficultés socio-économiques. »

« Une réponse plus globale et ambitieuse doit être apportée » pour lutter
contre ce trafic.

Antoine Karam, sénateur

Au terme de quatre mois de travaux et de l’audition de nombreux acteurs impliqués dans la politique de lutte contre le trafic de stupéfiants (forces de sécurité intérieure, élus locaux, douanes, acteurs associatifs, autorité judiciaire, etc.), la mission d’information, constituée à la demande du groupe La République en Marche, a adopté aujourd’hui le rapport de Antoine Karam. Ce dernier estime que si « d’importants efforts [ont] été réalisés depuis la mise en œuvre du plan interministériel de lutte contre le phénomène des « mules » du 27 mars 2019, notamment sur le volet répressif,une réponse plus globale et ambitieuse doit être apportée. »

Intensifier les contrôles et les saisies
pour diminuer la rentabilité du trafic
et décourager les trafiquants


Les principales propositions de la mission visent à :

– renforcer la politique répressive, en intensifiant les contrôles et les saisies pour diminuer la rentabilité du trafic et décourager les trafiquants. Le surcroît d’activité lié à ce renforcement implique de dégager des marges de manœuvre sur toute la chaîne pénale afin d’éviter l’embolie, en allégeant au maximum les procédures et en optimisant l’emploi des administrations concernées ;

– doter la politique de lutte contre le trafic de stupéfiants d’un volet social ambitieux, particulièrement en termes de prévention et de réinsertion. La mission propose notamment de confier explicitement au Préfet, en étroite association avec la Collectivité territoriale de Guyane, une mission d’impulsion de la politique de prévention et de coordination des initiatives locales, qui fait aujourd’hui défaut ;

– améliorer la coopération internationale, en renforçant notamment l’implication de la France dans la coopération régionale en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants dans la zone Caraïbes et en intensifiant sa coopération bilatérale avec les pays voisins, particulièrement avec le Suriname.

Travaillant pour le compte de micro- réseaux en cours de structuration, les passeurs ou « mules » introduisent la drogue dans leur corps sous forme d’ovules (30% des cas) ou la dissimulent près du corps ou dans leurs bagages. Une dizaine de passeurs emprunterait chaque vol, transportant chacun en moyenne 1,9 kilogramme de cocaïne. 

Le transport de la cocaïne, en provenance du Suriname voisin, peut en effet rapporter de 2 000 à 10 000 euros par voyage, une somme sans équivalent dans une région défavorisée. 

L’essor de ce phénomène est lié à l’explosion de la production mondiale de cocaïne, au renforcement des contrôles sur certains axes (Suriname- Pays-Bas), mais aussi à des déterminants économiques et sociaux. 

Illustration Rapport su Sénat

Les passeurs sont principalement des jeunes privés d’emploi et de perspectives d’insertion socio- professionnelle (43% des jeunes Guyanais ne sont ni en emploi, ni en formation) ou des personnes en grande précarité. 

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​