Gabriel Serville, président de la Collectivité Territoriale de Guyane, vient d’écrire à Emmanuel Macron, président de la République Française, pour lui demander une intervention urgente des services de l’Etat.
De quoi s’agit-il ? « La Guyane est le seul territoire de la République ayant deux frontières extérieures avec des pays qui se situent en dehors de l’espace Schengen. De ce fait, les circulations migratoires la projettent dans l’espace mondial au-delà des bassins frontaliers surinamais et brésilien.
Ainsi, les conflits mondiaux au Proche ou Moyen – Orient, ou la sévère crise politico- administrative qui sévit en Haïti entrainent une affluence de migrants sans précédent sur notre territoire, accentuant de fait les déséquilibres socio-économiques.
Malgré toutes les alertes lancées par la classe politique et la société civile, la réponse des services de l’Etat reste insuffisante car sous-dimensionnée face au poids de ces flux migratoires incontrôlés. »
Sur place, les Guyanais subissent des pressions qui deviennent intolérables avec, dit M. Serville, « l’accroissement de squats au cœur des centres urbains du territoire guyanais et à ce titre, on dénombre aujourd’hui près de 39 quartiers informels sur toute la bande littorale de la Guyane. »
On peut imaginer qu’avec ces squats il y a des problèmes d’hygiène, sanitaires voire de violences, les différentes communautés exilées qui s’installent là n’étant pas toujours de même religion, de même ethnie.
Parfois, et c’est ce qui a accéléré la prise de conscience, tout tourne au drame.
Gabriel Serville évoque à l’appui de ses dires, nu événement funeste récent.
« L’incendie du squat du Mont Baduel survenu le 27 juillet 2024, constituant le 4e de ce genre, a fait plus de 1 140 sinistrés recensés dont plus de 500 enfants mineurs. Hélas, il a encore une fois, mis en lumière la réalité des conditions indignes d’habitat de ces migrants. »
Que faire ? « Dans un élan de responsabilité et d’humanité partagées, notre collectivité territoriale, les services de l’Etat en Guyane, la mairie de Cayenne, l’Association des maires de Guyane, les associations humanitaires et de nombreux bénévoles, ont rapidement apporté leur contribution afin de proposer une mise à l’abri d’urgence à toutes les personnes sinistrées. »
« Cependant, la Guyane seule ne peut pas faire face à cette grave crise humanitaire et aux autres qui pourraient survenir », explique Gabriel Serville, qui lance un véritable appel au secours : « en ma qualité de Président de la collectivité territoriale de Guyane, je tiens à rappeler qu’en France, le principe du droit d’asile est énoncé à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le préambule de la Constitution française du 26 octobre 1946. »
Gabriel Serville rappelle au président de la République les obligations de l’Etat français en matière de droit d’asile et de protection des personnes, non seulement ces immigrants mais aussi les Guyanais qui peuvent subir les contrecoups de la situation explosive.
Gabriel Serville sollicite « solennellement la mise en place dans les plus brefs délais » des dispositifs suivants :
. La mise en œuvre du plan « Orsec Hébergement »,
. La convocation d’une conférence de haut niveau sur les causes et les conséquences de ces flux migratoires incontrôlés sur le territoire de la Guyane, en vue de trouver les réponses adaptées aux niveaux d’intervention national, régional et international (adaptation des lois et règlements du droit d’asile aux réalités de la Guyane, démantèlement des réseaux de passeurs et lutte contre les trafics d’êtres humains, créations de CADA, rééquilibrage géographique sur l’ensemble du territoire national des demandeurs d’asile…).
. La demande de l’activation des moyens de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen auprès des pays frontaliers que sont le Brésil et le Suriname.
Le courrier de Gabriel Serville :