Près de 64 % de la population guyanaise auraient développé des anticorps. C’est le résultat d’une enquête menée par l’Institut Pasteur de Guyane. Cette enquête de séroprévalence est la 3e phase des travaux sur l’épidémie de Covid-19, débutée en août 2021.
L’Institut Pasteur de Guyane vient de restituer les premiers résultats de la nouvelle enquête de séroprévalence Epi-Covid. A partir de prélèvements sanguins de près de 2 000 personnes volontaires, l’unité d’épidémiologie dirigée par Claude Flamant est capable d’estimer la part de la population de chaque commune ayant développé des anticorps contre le Sars-Cov-2 que ce soit en ayant contracté la maladie ou en s’étant fait vacciner. Une enquête très attendue, qui révèle de grandes disparités entre les communes du territoire, annonce l’Institut Pasteur de Guyane sur son site.
Alors que la quatrième vague poursuit sa décrue, et que la vaccination bénéficie à plus d’un tiers de la population éligible, quel est le niveau de séroprévalence désormais atteint en Guyane ? C’est la question essentielle, qui permettra d’adapter ensuite la politique de lutte contre la Covid et de soins.
Celle-ci est-elle homogène sur le territoire et par tranche d’âge et quelles sont les zones les mieux protégées désormais ? La réponse à cette question aussi permettre de fractionner les effeorts en fonction des clusters d’infection et des moyens de lutter contre.
« Pour répondre à ces questions, indique l’Institut Pasteur de la Guyane, il faut procéder par enquêtes régulières, sur des échantillons représentatifs de la population guyanaise. Il s’agit de déterminer la proportion des individus ayant développé des anticorps suite à une infection naturelle ou grâce à la vaccination. C’est l’étude Epi-Covid, conduite par l’unité d’épidémiologie de l’Institut Pasteur de Guyane, qui livre cette semaine des résultats très attendus.
Une immunité élevée et encore insuffisante
face à un virus très contagieux
« Moins des deux tiers des Guyanais (63,9 %) auraient des anticorps contre la protéine S du Sars-CoV-2. Or, avec un virus aussi contagieux que le variant delta, on estime à 90 % de la population le niveau d’immunité nécessaire pour empêcher la circulation du virus. En l’état, la perspective d’une cinquième, voire d’une sixième vague apparaît encore tout à fait plausible ».
Cependant, un bémol : « Les personnes vaccinées (plus d’une personne sur 2 chez les 50 à 74 ans) seront peu nombreuses à faire une forme grave, atténuant d’autant la pression à l’hôpital. »
Une efficacité très élevée de la vaccination
sur le développement d’anticorps
L’enquête Epi-Covid confirme « la très bonne efficacité des vaccins à protéger du Sars-CoV-2 : chez les vaccinés de moins de 80 ans, 96,5 % avaient développé des anticorps. Chez les plus de 80 ans, la proportion était un peu moins élevée : 90,7 %. Les personnes n’ayant reçu que leur première dose étaient 94,7 % à avoir des anticorps contre 98,4 % chez ceux dont le schéma vaccinal était complet. »
Un Guyanais sur deux (52,2 %) a développé
des anticorps après avoir contracté la Covid
Les deux premières enquêtes avaient été réalisées en testant des échantillons des laboratoires de biologie médicale. « En juillet 2020, au pic de la première vague, un Guyanais sur six (15 %) avait des anticorps ; et un sur quatre (25 %) en septembre, à la fin de la première vague. Deux vagues et demi plus tard (l’enquête a été réalisée pendant la montée de la quatrième vague), un Guyanais sur deux (52,2 %) a développé des anticorps après avoir contracté le Covid-19 et un peu moins de deux sur trois (63,9 %) si l’on ajoute les personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin. Si l’on ne prend en compte que les personnes de plus de 12 ans, 65,9 % présentent des anticorps », conclut l’étude.
Des disparités très importantes selon les communes
S’agissant de la couverture vaccinale, les différences sont importantes entre des communes ou des villages plutôt bien vaccinés — Rémire-Montjoly et Kourou parmi les grandes villes, Camopi et Saint-Georges à l’Est, Taluen et Antecume Pata à l’Ouest, et Cacao ou plus de la moitié de la population est vaccinée. A l’inverse, la population est faiblement vaccinée à Saint-Laurent du Maroni, Maripasoula et Macouria parmi les grandes villes, Sinnamary, Iracoubo et Grand-Santi parmi les plus petites. Deux communes en particulier ont été faiblement étudiées : Papaïchton et Apatou.
Au global, quatre communes semblent désormais relativement bien protégées contre le Covid, en tout cas à court terme :
. Saint-Georges, par l’effet combiné d’une forte première vague et d’un haut niveau de vaccination (plus d’un habitant sur deux) ;
. Awala-Yalimapo ;
. Camopi, qui compte davantage de vaccinés que de personnes malades ;
. Maripasoula, après de nombreuses contaminations.
D’autres communes apparaissent très faiblement protégées (moins de 60 % de la population a des anticorps :
. Cayenne,
. Saint-Laurent du Maroni,
. Sinnamary,
. Roura
. Régina
. Montsinéry-Tonnégrande.
Ces communes sont donc les plus exposées à une future reprise de l’épidémie.