Guyane. Covid-19 : des patients plus âgés et plus fragiles dans les hôpitaux

La vague Omicron reste dangereuse pour les personnes très âgées, ainsi que celles atteintes d’un diabète, d’une hypertension artérielle, d’une insuffisance cardiaque ou encore d’obésité.

En Guyane, dix-huit patients atteints de Covid-19 sont décédés à l’hôpital depuis le début de l’année, alors que le variant Omicron, désormais dominant en Guyane, est réputé moins sévère que ses prédécesseurs.

Les formes sévères d’Omicron touchent peu de personnes jeunes et en bonne santé avant leur contamination, mais plutôt des personnes porteuses de comorbidités sévères et/ou très âgées. Elles ne sont pas vaccinées ou alors de manière incomplète.

Des records d’hospitalisations

Ces derniers jours, en Guyane, le rythme des hospitalisations a atteint les records des précédentes vagues. Une raison à cela : un variant moins sévère sur un plus grand nombre de personnes provoque un impact similaire à un variant plus sévère sur moins de personnes. « On a atteint des incidences telles qu’en terme épidémiologique, Omicron a eu le même poids que la première vague, explique le Pr Hatem Kallel, chef du pôle urgences-soins critiques au Centre hospitalier de Cayenne (CHC). Mais il n’a pas ramené le même profil de patients. »

Un impact réel sur les patients à risque

Omicron fait décompenser des patients déjà fragilisés et/ou âgés. Le Dr Nadia Sabbah, chef du service d’endrocrino-diabétologie au Centre hospitalier de Cayenne, l’a remarqué : « Avec le variant delta, on hospitalisait pour Covid-19 avec des signes respiratoires. Avec Omicron, les patients rentrent à l’hôpital pour un déséquilibre glycémique et, quand on les teste, ressortent positifs. »

Qu’ils souffrent de diabète, d’insuffisance rénale ou cardiaque, d’une obésité très marquée, chez ses patients, le variant Omicron semble déclencher la décompensation de la maladie initiale.

Moins d’atteintes pulmonaires
Pr Félix Djossou.

« Les patients que nous hospitalisons ont des comorbidités, confirme le Pr Félix Djossou, chef de l’unité des maladies infectieuses et tropicales au Centre hospitalier de Cayenne. La grande majorité a un schéma vaccinal incomplet, voire ne l’ont pas commencé. Nous n’avons pas eu de patients jeunes, non chroniques et sans comorbidités. »

Les personnes souffrant d’obésité, d’hypertension artérielle ou de diabète sont toujours les plus nombreuses. D’autres sont greffées, dialysées, souffrent d’insuffisance rénale, ou ont un antécédent de cancer.

Un impact différent sur l’hôpital et la réanimation

Pr Hatem Kallel.

En soins critiques, la vague Omicron se distingue aussi des précédentes : « Le flux des patients non-Covid a continué, contrairement aux vagues précédentes, souligne le Pr Kallel. Et souvent, quand on les teste, ils sont positifs au Covid. » La traumatologie liée aux accidents et aux agressions n’a pas diminué cette fois. Avec des patients déjà fragilisés avant leur contamination, la mortalité est plus élevée. Chez les personnes qui décéderont, la durée moyenne de séjour est plus courte, tandis qu’elle s’est allongée chez ceux qui s’en sortent.

Pas de forme sévère chez les jeunes en bonne santé

« Cela n’a pas provoqué les mêmes tensions que les précédentes vagues. Au quotidien, il faut se débrouiller pour créer des places, alors qu’avec les précédentes vagues, il fallait créer des secteurs entiers. On est sur une pathologie qui n’entraîne pas de forme sévère si l’on est jeune et en bonne santé. Ces personnes sont prises en charge par la ville. Ce sont les infirmiers et les médecins libéraux qui ont ressenti l’impact. »

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