A la demande du ministre de l’Intérieur, en tant que garants de la sécurité publique dans les départements, les préfets ont élaboré un plan d’action de restauration de la sécurité du quotidien afin de mieux protéger, mieux dissuader et mieux entraver.
Etabli en concertation avec le général commandant la gendarmerie de Guyane et le directeur territorial de la police nationale, le plan a été signé par le préfet de la Guyane le 15 janvier 2025.
Ce plan est mis en œuvre par les forces de sécurité intérieure et les services de l’État en Guyane en coordination avec la procureure de la République, les douanes, les forces armées de Guyane, l’office français de la biodiversité, l’office national des forêts et en coopération avec les services de police brésiliens et surinamais.
La sécurité du quotidien se mesure à la fois par des indicateurs quantitatifs tels que le nombres de crimes et de délits, ainsi que par des indicateurs qualitatifs traduisant le sentiment d’insécurité de la population.
Les forces de sécurité intérieure ont enregistré 20 883 faits de délinquance en 2024 soit une augmentation de 4 % par rapport à 2023, principalement en raison de l’augmentation des contrôles.
La Guyane connaît une délinquance particulièrement violente caractérisée par un usage décomplexé des armes à feu. Unique région ultra-périphérique de l’Union européenne en Amérique du sud, la Guyane dispose de ressources naturelles importantes, qu’elles soient halieutiques, forestières ou minières.
Avec plus de 1100 kilomètres de frontière avec le Brésil et le Suriname, la Guyane subit les conséquences des phénomènes criminels transnationaux tels que l’orpaillage illégal, la pêche illégale, le trafic de cocaïne, en plus de la délinquance endogène.
Les homicides et tentatives d’homicides
L’année 2024 a été marquée par 49 homicides commis sur le territoire de la Guyane, soit une baisse de 17 % par rapport à l’année précédente (59 homicides constatés en 2023). Dans la majorité des affaires, une arme à feu est utilisée (60 %) et les victimes sont des hommes (80 %), de nationalité étrangère (71 %).
Les coups et blessures
En augmentation de 4 % par rapport à 2023, ils s’élèvent à 2 760 faits. Dans un cas sur deux, il s’agit de violences intrafamiliales.
Les violences sexuelles
Plus de 530 faits de violences sexuelles ont été enregistrés par les forces de sécurité intérieure, correspondant à une augmentation de 3 % par rapport à 2023.
Les vols de véhicules
Les vols de véhicules, principalement des deux-roues motorisés, ont augmenté de 17 %, avec 693 faits.
Les cambriolages de logements
Avec près de 1 040 faits, les cambriolages de logements ont baissé de 7 % par rapport à 2023.
Le trafic de stupéfiants
Dans le cadre des trafics de stupéfiants, 785 personnes ont été mises en cause, soit une augmentation de 7 % par rapport à 2023. Un total de
3,5 tonnes a été saisi par la douane, la police et la gendarmerie nationales, dont 1 tonne à l’aéroport Félix Éboué.
En 2024 477 accidents de la circulation routière ont fait 34 victimes et 587 blessés.
Comment lutter contre la délinquance ?
Le contrôle 100 % à l’aéroport Félix Éboué
Le 1 novembre 2022 a été mis en place le contrôle 100 % à l’aéroport international Félix Éboué. Ce dispositif efficace a permis de réduire par trois les saisies de cocaïne à l’arrivée à Paris et devient dissuasif avec une diminution en 2024 du nombre des arrêtés d’interdictions d’embarquer (-56%) et des non-présentations à l’embarquement (-35%).
Le poste de contrôle routier de Margot
Le 29 novembre 2022 a été créé un poste de contrôle routier sur la RN1, à la sortie de la commune de SaintLaurent-du-Maroni. L’efficacité de ce contrôle est à nouveau démontrée en 2024 : 183 800 véhicules et 193 000 personnes contrôlées, 780 personnes recherchées interpellées, 17 kg de cocaïne, 32 kg de cannabis, 40 armes et 10 tonnes de marchandises illégales saisis.
La recherche des armes illégalement détenues
L’ensemble des contrôles et des enquêtes judiciaires réalisés par les forces de sécurité intérieure ont permis la saisie de 528 armes sur le territoire, soit 10 armes retirées de la circulation chaque semaine.
La lutte contre l’orpaillage illégal
La lutte contre l’orpaillage illégal a permis de porter un préjudice de 95M€ aux garimpeiros, soit un équivalent de 1,1 tonne d’or. Les opérations menées par la gendarmerie et les forces armées de Guyane ont conduit à la destruction de plus de 7 500 carbets, 250 puits et 1 500 moto-pompes. Elles ont également permis la saisie de 14,5 kg d’or, 55 kg de mercure et 170 armes à feu.
Les pouvoirs de police du préfet en matière d’immigration et de troubles à l’ordre public
En 2024, les services de l’État ont procédé à 21 retraits de titre de séjour, 6 dégradations de titres de séjour, 19 refus de première demande de titre et 67 refus de renouvellement de titre. 70 % des sortants de prison ont été éloignés (soit 125 étrangers en situation irrégulière).
Lutte contre l’habitat informel
Il est établi que l’habitat informel favorise le développement de la criminalité, certaines zones, difficilement accessibles, pouvant servir de base
arrière aux délinquants. En 2024, 50 constructions ont été démolies au cours d’opérations coordonnées par les services de l’Etat en Guyane.
Coopération transfrontalière
La situation géographique de la Guyane nécessite une coopération internationale soutenue en matière de sécurité avec le Brésil et le Suriname. Les accords permettent la réalisation de patrouilles communes avec le Suriname et de patrouilles coordonnées « en miroir » avec le Brésil. Par ailleurs, les échanges entre les forces de sécurité intérieure de Guyane et leurs homologues étrangers ont été renforcés, notamment par l’organisation de formations communes. Cette coopération en matière de sécurité favorise l’échange de renseignements et l’efficacité des opérations de police.
Objectif 1 : Lutter contre la criminalité organisée
Améliorer la connaissance des réseaux criminels implantés en Guyane, en s’appuyant sur la coopération transfrontalière.
Entraver le trafic de stupéfiants en menant des actions répressives et des actions préventives auprès des potentielles “mules”.
Entraver l’extraction aurifère illégale en poursuivant les opérations en forêt et en favorisant le recueil du renseignement.
Objectif 2 : renforcer le contrôle des flux
Développer les capacités et les méthodes de contrôle des flux sur le Maroni et l’Oyapock dans le cadre d’opérations interservices
Renforcer et rénover le maillage territorial et le contrôle des flux routier en Guyane, pour lutter contre la circulation des armes
Objectif 3 : développer le continuum de sécurité
Développer la coopération transfrontalière avec le Brésil et le Suriname.
Améliorer les partenariats existants avec les collectivités locales et les associations.