Le 7e Forum de l’Urgence s’est déroulé, samedi toute la journée, à la Creole Beach du Gosier, autour du thème Violences et Urgences.
Pour parler de cette thématique, des spécialistes, médecins de ville et urgentistes, psychologues, représentant des forces de l’ordre. Il s’agissait de parler des différents types de violences, violences délictuelles, violences intrafamiliales, décrypter ces violences, voir comment gérer la violence aux urgences des établissements de soins et quelle prise en charge de l’agitation en urgences…
Le professeur Patrick Portecop, coordinateur médical du Réseau Karu-Urgences du Gip-Raspeg :
Territoire violent, la Guadeloupe « n’est pas plus violente que d’autres régions », soutient un intervenant. Quand on pose la question à des fonctionnaires de police ou des hauts gradés de la gendarmerie, c’est une autre musique. Beaucoup de violences, agressions, souvent avec une arme, souvent avec une arme à feu, violences dans la rue, pour s’approprier le bien d’autrui, pour régler un différend souvent futile. Et puis violences intrafamiliales, dont sont victimes essentiellement les femmes, parfois les hommes. Violences en ville mais tout autant en campagne, les gens travaillant en ville, habitant la campagne.
Le lieutenant-colonel Jean-Dominique Sztimer, de la Gendarmerie nationale :
La police est particulièrement sollicitée pour régler des affaires de violences. Elle fait, comme la gendarmerie, le traitement des agressions de toutes sortes, entraînant souvent des violences (85% des morts violentes sont le fait de détenteurs d’armes à feu). Ces fonctionnaires de police interviennent aussi, sur appel, directement aux Urgences du CHU ou du CHBT, pour interpeller des gens qui font du scandale : parents, amis, rivaux d’une victime… Trente interventions depuis le début de l’année pour protéger des soignants pris à partie.
Commissaire Jean-Pierre Frédéric, directeur adjoint de la Direction Territoriale de la Police Nationale (DTPN) :
Si les adultes sont victimes de violences diverses, les enfants ne sont pas épargnés. Le CHU dispose d’un service spécialisé dans l’accueil des enfants, le PHC Samu Urgences pédiatriques CHUG.
Le Dr Daphné Hilaire, médecin dans ce service :
Les services du ministère de la Santé sont sensibles aux violences accrues qu’ont à connaître les services des urgences des établissements hospitaliers. Violences qui affectent parfois et de plus en plus souvent, les personnels soignants. Il existe un Observatoire national des violences en santé (ONVS) qui est placé au sein de la direction générale de l’offre de soins.
Fin 2020, tandis que l’ONVS entretient depuis plusieurs années des contacts réguliers avec les ordres professionnels de santé pour les soutenir dans la prévention et la lutte contre les violences, une nouvelle plateforme de signalement, en parallèle de celle de 2012 pour les établissements, voit le jour à titre expérimental.
Elle intègre les violences à l’encontre des professionnels de santé libéraux (exercice de ville). Les ordres professionnels de santé sont rendus destinataires chacun en ce qui les concerne des signalements faits par leurs membres.
En janvier 2023, les travaux parallèlement engagés à ceux de la plateforme des libéraux pour la refonte de la plateforme de signalement des établissements aboutissent à un nouvel outil informatique, amélioré tant sur la forme que sur le fond, permettant ainsi à l’ONVS d’avoir une connaissance toujours plus affinée des divers types de violence, d’auteurs et de victimes et des circonstances dans lesquelles elles se produisent.
Ainsi, l’ONVS peut avoir désormais une vue nationale sur les violences en santé quel que soit le mode d’exercice.
Brigitte Scherb, de l’ARS Guadeloupe et Îles du Nord :