Nos élus locaux sont partout sur les chaînes d’information télévisées et en radio dans l’Hexagone. Ce matin, Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, était sur RMC. Interrogé sur la situation en Guadeloupe et l’envoi de militaires et policiers, il a exprimé son regret qu’on ait pensé répression avant négociation, mais a-t-il dit, « on peut comprendre lorsqu’il y a des déprédations, des vols et des pillages. »
« C’est un classique des gouvernements successifs. De répondre d’abord par ce qu’on appelle la répression pour restaurer l’ordre. Il est certain qu’il faut éviter cette erreur. Dans le même temps, il faut ouvrir des discussions. Les parlementaires ont pris une initiative de demander l’ouverture de ces négociations. Il est vrai que les manifestants n’aiment pas ça non plus, en disant que nous n’allons pas déléguer notre pouvoir de négociation à des groupes intermédiaires, fussent-ils des élus. Par ailleurs, j’entends que les manifestants auraient demandé à être reçus. Personnellement, moi, parlementaire, je n’ai jamais reçu une demande de négociation. Qu’il y ait eu des erreurs dans la gestion de la crise sanitaire, c’est une évidence, il est regrettable que le gouvernement n’ait pas fait des études sociologiques ou des enquêtes d’opinion pour comprendre ce qui circulait dans les têtes et notamment la très forte prégnance dans la pharmacopée locale dans les plantes médicinales. Tous les pays du Sud, c’est ça. »
Quand on demande à Victorin Lurel pourquoi ces manifestations, ce mécontentement, il répond : « J’entends ici à Paris que ce serait le chlordécone, l’esclavage, le colonialisme, la France, etc. Bien sûr qu’il y a tout ça. Il y a un amalgame, il y a la défiance depuis l’esclavage, la colonisation, la Départementalisation en Guadeloupe. La priorité a été le maintien de l’ordre public et il y a une défiance de toute parole d’autorité. Aujourd’hui, je l’avoue, moi qui suis élu : il n’y a pas une parole d’autorité. L’état n’a plus d’autorité, c’est une évidence. Et lorsqu’on cherche l’État en bienveillance, l’État n’est pas là. Et donc, le GIGN et le RAID, on peut comprendre ça, on peut ne pas approuver, mais on peut comprendre lorsqu’il y a des déprédations, des vols et des pillages. Il faut les condamner absolument et le rôle d’un État, lorsqu’on est responsable, c’est de rétablir l’ordre. »
Si le sénateur de la Guadeloupe est interrogé pour savoir si la crise sanitaire est un prétexte pour manifester, il réplique : « La Covid, l’obligation vaccinale, c’est un prétexte, je le dis, j’assume ça. C’est, un prétexte. Tout est bon pour contester ! Depuis 2009, il y a eu, je crois, 13 voir 15 appels à la grève générale et souvent, pour certains — je prends mes responsabilités— pour certains, la grève générale c’est la grève générale Insurrectionnelle. Très souvent, c’est un combat qui a été politisée. Le vaccin n’est qu’un prétexte pour certains à contester le système, à contester l’ordre établi pour dire que on est anticolonialiste, et on est anti-France on est contre la gouvernance et en face, vous avez des élus qui n’ont pas le courage de dire non. Stop. Ce sont nos biens et nos élèves, nos entreprises donc. Depuis 2009, je dis qu’il faut une parole d’autorité, il faut du dialogue, il faut de la bienveillance, il faut engager des discussions très rapidement et ne pas se contenter, dans un premier temps, du point de vue symbolique, de montrer qu’il y a d’abord la répression. »
« Comment voulez-vous que 15% à peine de manifestants bloquent le pays alors que 85% à 95% des soignants sont vaccinés qu’une partie importante des sapeurs-pompiers sont vaccinés. En cédant, on donnerait raison à une minorité. Ça veut dire qu’aujourd’hui y compris pour l’accès à l’hôpital, la loi de la République ne serait pas appliquée. Voilà une loi qui a été présentée par un gouvernement, votée par le Parlement, validée par le Conseil Constitutionnel. Et on ne l’appliquerait pas dans un territoire de la République ? »