Guadeloupe. Vaccination : Yves Jégo pas choqué « par une spécificité ultramarine. »

Les médias nationaux ont l’art de sortir de derrière les rideaux de vieilles connaissances qui s’immiscient dans le débat. Il en est ainsi d’Yves Jégo qui, secrétaire d’état en charge de l’Outre-mer en 2008-2009, vient aujourd’hui, sur France Info, dire ce qu’il faut faire en Guadeloupe.

Yves Jégo, rappelons-nous, a été l’homme des discussions avec le LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon) pendant la première partie des 44 jours de mobilisation générale en 2009. Il a perdu son portefeuille ministériel quand les discussions avec Elie Domota sont allées si loin pour le gouvernement de François Fillon qu’il a fallu débrancher le ministre.

D’autant que François Fillon, selon le secrétaire d’Etat, était quotidiennement abreuvé d’appels et d’envoyés de certains lobbies locaux puissants qui souhaitaient qu’on élimine ce jeune ministre selon eux trop attentif aux revendications de la société guadeloupéenne.

« La délégitimation des élus
locaux est une réalité »

Yves jégo, ancien ministre

Ministre qui, attendu par le LKP à Basse-Terre, était… à 60 kilomètres de là en train de prendre l’avion pour retourner à Paris. On imagine la stupeur et le sentiment pour le LKP d’avoir été floué… au pire moment de la crise sociale que vivait la Guadeloupe.

Donc, sur France Info, Yves Jégo a parlé. « Ce ne serait pas choquant, a-t-il dit, qu’il y ait une spécificité ultramarine. » dans l’application de la loi du 5 août 2021 faisant obligation cela vaccination pour les soignants et les sapeurs-pompiers.

Sur le mouvement social exacerbé depuis une semaine : « Nous sommes face à une crise qui n’est pas conjoncturelle. La partie conjoncturelle est la crise sanitaire qui a été le détonateur, mais le sous-jacent est social et économique. Au fond, les manifestants disent qu’il faut les écouter. La délégitimation des élus locaux est une réalité et puis il y a une plateforme de revendications. »

Il explique : « La crise sanitaire est la partie exacerbée mais si on ne regarde pas tout ce qu’il y a en-dessous, on passe à côté de la réponse qui est attendue et j’ai peur qu’on ait un bras-de-fer dont on aura du mal à sortir. Je crois qu’il ne faut pas qu’on ait une lecture trop métropolitaine de ces sujets avec une vision qui ne retienne que ce qui est dit. Il faut écouter, entendre, regarder le non-dit et essayer de comprendre que cette crise qui se noue est une crise beaucoup plus économique et sociale que sanitaire. »

« On doit bien trouver des mesures
pour sortir de ce nœud social
et ce nœud d’exaspération. »

YVES JÉGO, ANCIEN MINISTRE

Yves Jégo souhaite qu’on calme le jeu : « On doit bien trouver des mesures pour sortir de ce nœud social et ce nœud d’exaspération. On le fait dans de nombreuses législations, ce ne serait pas choquant qu’il y ait une spécificité ultramarine qui fasse que les dispositifs sanitaires de la métropole s’adaptent aux spécificités et prennent en compte des réalités locales. Dans les lois, il y a souvent un volet Outre-Mer. Je pense qu’il ne faut pas être raide comme un piquet sur le plan sanitaire, on peut avoir une adaptation et ça doit faire partie d’une négociation intelligente qui doit être menée sans tarder. »

Il conclut, après avoir en filigrane évoqué les « puissances » diverses qui ont eu sa peau de ministre en 2009 pour que rien ne change : « Je pense qu’il faut engager un dialogue de fond et un dialogue profond sur l’avenir de ces territoires et ne pas considérer que, dans un mois ou deux, quand on ne parlera plus d’eux, que ça ne fera plus la Une de l’actualité, on peut passer à autre chose. »

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