Guadeloupe. Une économie toujours incertaine

En 2023, l’économie de la Guadeloupe, telle qu’analysée par l’INSEE, se caractérisait globalement par des incertitudes, un certain attentisme en découlant. Pour 2024, les premières tendances montrent un léger mieux à confirmer.

David Fardel, directeur adjoint de l’IEDOM Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, accompagné du bureau d’études, a présenté l’économie de la Guadeloupe en 2023 et les premières tendances 2024.

Que faut-il en retenir ?

Que malgré un léger recul, le climat des affaires  — la perception qu’en ont les chefs d’entreprises — reste au-dessus de sa moyenne de long terme (100). La moyenne pour la Guadeloupe en de 107,4 points contre 109,8 points soit une baisse de 2,3 points sur un an.

Pourquoi ? L’activité est moins dynamique, à cause de l’inflation qui restreint un tant soit peu les dépenses, les salaires et les coûts par contre augmentent. Néanmoins, pas de catastrophisme chez la plupart des chefs d’entreprises.

Parlons de cette inflation qui impacte l’économie générale (entreprises et particuliers) .

L’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,9% ; évolution qui s’explique par la hausse du coût de l’énergie de 7,8% et de l’alimentation : 5,2%. Heureusement, la Région est intervenue, pour mettre en place le dispositif Coup de pouce énergie fin 2023, pour aider les ménages face à la hausse du coût de l’énergie.

De même, l’Etat, en accord avec la Région (pour qu’elle agisse sur les taux d’octroi de mer), a étendu le nombre de produits du Bouclier Qualité Prix pour une baisse des prix des produits de première consommation de 2 à 4%.

Autre donnée d’importance, qui influe sur l’économie : le nombre de chômeurs et les perspectives d’emplois.

Le nombre de demandeurs d’emplois de catégorie A baisse de 3,9%, mais le taux de chômage reste à 19% de la population active, ce qui est presque trois fois le taux national (7%).

L’emploi local reste stable, avec près de 90 000 salariés du privé et 40 000 salariés du public.

Ces salariés — et les chômeurs — consomment-ils plus ou moins ? Par rapport à 2020 et 2021, années sombres, celles du Covid-19, l’année 2022 avait marqué un rattrapage sur l’année de référence :  2019. En 2023, les ménages ont freiné leurs dépenses. L’inflation a marqué le chiffre des importations de biens durables. Leur valeur est en baisse de 8,1%.

La valeur des importations de biens non-durables, comme l’alimentaire, est en hausse de 1,5%.

Côté crédits à la consommation des ménages, les encours de crédits (résultantes du montant du crédit moins le montant de son remboursement) progressent pus faiblement qu’en 2022 (+4,5% contre +9,4%). Dans le même temps le nombre de dossier de surrendettement augmente de 9,7%, soit 543.

Les chefs d’entreprises prudents avec les investissements

Les importations de biens et les financements d’investissements par les chefs d’entreprises sont en hausse de 9,6% et 5,6%. Certes, mais les importations de biens intermédiaires, de véhicules utilitaires, sont en baisse de 4,3% pour les importations de biens intermédiaires et de 5,6% pour les immatriculations de véhicules utilitaires.
De même, les investissements des entreprises déclarés à la DRFIP diminuent de 6,1% tandis qu’ils étaient en progression de 21,6% en 2022.
Chiffres symptomatiques : les défaillances d’entreprises augmentent de 20,5%, les impayés de 12,6%.

La balance commerciale nettement déficitaire

C’est structurel, dit-on. La balance commerciale privilégie les importations, en baisse en 2023 de 2,7% et les exportations en baisse de 20%. Ceci est à comparer avec des hausses respectives de 24,5% et 16,8% en 2022.
Premier poste d’importation, les produits pétroliers (18,1%), premier poste d’exportation, les alcools distillés (15,5%.
Balance commerciale : 3,5 milliards d’euros.

Secteur par secteur

. Commerce : l’activité se maintient avec un chiffre d’affaires de 5,6 milliards, néanmoins les professionnels du secteur se plaignent de difficultés de trésorerie liées aux charges d’exploitation.

. BTP : le chiffre d’affaires augmente de 22% mais seuls 12% des 507 appels d’offres publics publiés en 2023 ont abouti en marchés signés. Ce qui laisse de la marge pour 2024 puisqu’il faudra bien que ces offres trouvent preneurs.

Dans le même temps, la consommation de ciment, indicateur d’importance, est en baisse de 7,4% en raison de la fin du gros œuvre du chantier du CHU et d’une baisse de construction de logements neufs. Pour ces derniers, les opérateurs sont un peu circonspects face à la hausse du taux d’intérêt et celle des matériaux de construction, des charges, etc.

. Tourisme : le chiffre d’affaires progresse de 13,4% (après une hausse de 53,5% en 2022, mais la filière revenait de très loin). Les chiffres de l’aéroport international, des nuitées hôtelières, des passagers de croisière sont en hausse.

. Activités agro-alimentaires : un net ralentissement avec des importations et exportations en hausse respectivement de 1,5 et 2,5%.
Quid des filières ? Sucre : 457 600 tonnes, soit une augmentation de 9% ; rhum : des exportations en repli de 1,2% ; bananes : exportations stables, viandes : abattages en retrait. Tout ceci étant impacté par la hausse nette du coût des intrants divers qui induisent des hausses des coûts de production.

2024…

En 2024, certains secteurs sont optimistes (modérément) comme le BTP avec de nouveaux grands chantiers, les services marchands. Le tourisme a des perspectives, notamment pour ce qui est de la croisière : 265 escales annoncées, soit + 10%. Cependant, un bémol pourrait obérer cet optimisme : l’insécurité qui a effrayé la compagnie maritime Virgin et qui pourrait effrayer d’autres compagnies de croisière si les autorités ne mettaient pas fin radicalement à ce sentiment. 

Pourquoi le BTP est-il optimiste malgré le coût des matériaux qui s’est envolé ? Parce que de gros chantiers sont annoncés : Agropark aux Abymes, Audacia Technopole Caraïbes à Baie-Mahault, mise aux normes sismiques des bâtiments publics, deuxième tranche du Lycée de Baimbridge, contournement de La Boucan, à Sainte-Rose, extension de port de Jarry…

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