François Groh, directeur régional de l’IEDOM, et Domion Gordon, responsable des études à l’IEDOM, ont présenté leur bilan économique et financier de 2024 et envisagé l’avenir, en l’occurrence 2025.
François Groh :
Le contexte national, d’abord. « Une belle année 2024 », selon François Groh.
La croissance s’est maintenue, en hausse de 1,1%, mais il y a eu u retour de l’inflation à 2%. Le taux de chômage a très légèrement augmenté, de 0,1% pour attendre 7,4% de la population active.
En 2025, à quoi faut-il s’attendre ? « Ce pourrait être une année porteuse », dit François Groh.
Domion Gordon égrenne : un ralentissement de la croissance à 0,7%, une inflation à 1,3%, un taux de chômage qui va remonter à 7,8.
« Il reste des incertitudes au niveau international », commente François Groh.
Qu’en est-il localement ?
« Nous constatons un essoufflement », annonce François Groh.
Pour ce qui est de la consommation des ménages, données importantes, il y a un recul des importations de biens (-7%), il y a pléthore de dossiers de surrendettement (+24%), des interdits bancaires (+44%).
Le BTP connaît quelques soucis avec la fin du chantier du CHU, une demande privée qui recule, une consommation de ciment en baisse.
Fort heureusement, les commandes entre 2025 et 2028 sont en hausse.
Le tourisme est en demi-teinte, avec un trafic de passagers stable et le nombre de nuitées en baisse.
Le commerce aussi est en baisse, les immatriculations suivent le cours.
Il en résulte que l’octroi de mer et la TVA rapportent moins.
Ce qui résiste : le climat des affaires, qui a reculé fin d’année à 98 (c’est calculé sur 100) et remonte depuis décembre. Le recul de fin d’année est lié, sans doute, au black out d’EDF.
Cependant, il y a une maîtrise des charges, des délais de paiement plus courts, même si l’activité globale est toujours dégradée.
Autre signe de résistance, l’inflation est modérée, 2,6 contre 3,9 en 2023. « En mars, c’était en dessous de 2% », souligne François Groh.
Les investissements reprennent (+12,6% d’une année l’autre).
Ces investissements sont les le Grand Port Maritime, la marina du Gosier (10 millions d’euros pour sa rénovation), la mise aux normes parasismiques des bâtiments publics, dont de nombreux établissements scolaires, la construction des locaux de Délices surgelés, une entreprise locale.
Hélas, il y a toujours des défaillances d’entreprises : 51,9% de plus dans les secteurs du commerce, des transports, du tourisme, 20,0% de plus dans le secteur industriel.
Mais, en contrepartie, il y a des créations d’entreprise et le marché de l’emploi s’améliore. Le chômage passe à 16,8% de la population active contre 19% en 2023.
La Guadeloupe présente un total de 11,7 milliards d’avoirs, en augmentation de 4,6%, répartis entre 5,4 milliards (+5,4%) pour les ménages, 5,1 milliards (+7,9%) pour les entreprises.
Ces dernières doivent encore 230 millions pour rembourser le fameux PGE souscrit pendant la période Covid. « Un tiers, c’est normal, les entreprises avaient pour la plupart choisi un remboursement sur le long terme. Il n’y a pas d’alerte des banques. Le taux de casse est plus élevé qu’au national mais cela est dû à une seule défaillance. Si on fait abstraction de celle-ci on est à 4,5% tandis qu’au national c’est entre 5 et 6% », précise François Groh.
Pour ce qui est des actifs financiers, les ménages concentrent 6,8 milliards (+3,4%), les entreprises 2,9 milliards (+4,5%).
Les taux d’intérêt pour des emprunts baisse pour les entreprises, est en hausse pour les particuliers.
Les perspectives pour 2025 ? « L’activité est encore fragile » prévient François Groh.
Quelles sont les grandes tendances ? L’inflation est maintenue aux alentours d’1,3%, les prix de l’alimentaire depuis le début commencent à baisser et il y a une recherche d’un accord guadeloupéen pour imiter les prix hauts.
Il y a une croissance des crédits d’investissement.
Le tourisme, cette année, est lié à l’actualité internationale. François Groh croit beaucoup à la piste canadienne pour ce qui est des touristes à accueillir la saison prochaine.
Pour le BTP, « c’est une année charnière », dit-il, expliquant : « Il y a eu la fermeture de la carrière de Deshaies en début d’année, des collectivités locales qui ont décalé leurs réalisations. Cependant, bonne nouvelle pour le BTP, il y a beaucoup de projets : les installations du port, l’aéroport, trois projets d’hôtels au Moule, à l’aéroport, à Saint-François, ce qu’on n’avait pas vu depuis longtemps, ça fait du bien au moral. »
Autres bonnes nouvelles pour les activités : le Plan Eau, les chantiers du Département, « très dynamique », selon le directeur régional de l’IEDOM, plus réservé pour ce qui est de la Région, semble-t-il : « Certains commanditaires ont du mal à finaliser leurs annonces, il y a des chantiers repoussés, voir annulés… »
Gros problème : la démographie. La Guadeloupe vieillit, les générations se renouvellent avec difficultés. Ce qui pèse sur la demande intérieure et retentit sur la consommation, le commerce, l’épargne .
« Il faut travailler activement sur l’attractivité du territoire », explique François Groh.
Domion Gordon explique qu’il y a entre 29 et 30 000 Guadeloupéens d’une trentaine d’années dans l’Hexagone en activité. « Ce sont eux qu’il faudrait faire revenir : ils sont formés, ont de l’expérience dans des entreprises… »
Domion Gordon :