Dans le cadre du projet Interreg « Cariforts », visant à créer une route des forts entre les îles de la Caraïbe, le Conseil départemental accueille une délégation de représentants cubains de la province de Cienfuegos, et ce jusqu’au 14 décembre.
Ce séjour doit permettre à la délégation, composée de hauts dignitaires cubains et responsables de structures, de visiter les forts et sites départementaux, mais également d’échanger avec des acteurs locaux dans le domaine de la coopération régionale.
En mars, une délégation de la Guadeloupe avait visité les fortifications de la Martinique.
Ce lundi, la délégation était au Fort Fleur d’Epée, ouvrage superbe qui domine l’entrée de la rade pointoise avec une vue dégagée sur la Basse-Terre, Marie-Galante, Les Saintes et dans le lointain le canal de la Dominique par où débouchaient, venant de la Martinique qu’ils occupaient, les vaisseaux anglais.
Un moment d’histoire
Dominique Ogoli-Socin, directrice des Affaires culturelles et du Patrimoine au Conseil départemental, accompagnée de responsables administratifs du Département, et de Gérard Lafleur, historien, ont fait les honneurs du fort.
Gérard Lafleur, toujours passionnant, a expliqué pourquoi un fort avait été édifié sur cet éperon rocheux alors qu’il y avait déjà un ouvrage fortifié, Fort Louis, un peu plus bas, à l’entrée de la rade.
Le Fort Fleur d’Epée a été construit un peu par les Français, beaucoup par les Anglais quand ils ont occupé l’île. D’un fortin avec quelques canons ils ont fait un fort susceptible d’accueillir une garnison. Et de tirer de plus haut, donc plus loin, vers les navires anglais.
Les invités cubains se sont montrés — il y avait des historiens parmi eux — très intéressés par les différentes péripéties des guerres anglo-françaises et le moment où le fort est entré dans l’histoire, en 1793 quand les Anglais ont débarqué en Guadeloupe, pris le fort, tué tous ceux qui s’y trouvaient, puis en 1794, arrivée de Victor Hugues, ancien boulanger et propriétaire terriens à Saint Domingue, devenu commissaire de la République, les Anglais chassés de l’île, à partir de la prise du Fort Fleur d’Epée, puis l’abolition de l’esclavage.
Histoire qui n’est pas sans allumer dans les yeux des visiteurs érudits des réminiscences : Cuba, quoiqu’appartenant à l’Espagne, a connu aussi les incursions anglaises.
Des liens historiques
et culturels évidents
Et Victor Hugues n’est-il pas un des héros d’un roman magnifique : Le Siècle des Lumières, du Cubain Alejo Carpentier, dont l’action se passe aussi en Guadeloupe, en pleine période révolutionnaire ?
Odalys Maria Gonzalez Acea, directrice provinciale de la Culture de Cienfuegos, qui dirigeait la délégation cubaine, a rappelé les liens historiques et culturels qui unissent Guadeloupe et Cuba et l’intérêt de Cariforts pour développer la coopération culturelle entre tous les pays de la Caraïbe qui possèdent des fortifications historiques comme le Fort Fleur d’Epée. Et le Fort Louis-Delgrès, à Basse-Terre.
Après une rencontre protocolaire à la CCI des Îles de Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, puis une visite guidée du parc éolien de l’Espérance, à Sainte-Rose (situé à côté de l’Habitation La Ramée, les visiteurs vont poursuivre leur séjour en Guadeloupe.
Mardi 13 décembre, ils seront à 9 h 30 en visite au Fort Louis Delgrès, puis au Jardin Botanique, à Basse-Terre, à 14 h 30, ils auront une session de travail au palais du Conseil départemental sur le projet Carriforts.
Ce projet s’inscrit dans le droit fil des objectifs fixés par le président Guy Losbar pour la mandature 2021/2028, s’agissant de la valorisation et de la mise en richesse des identités culturelles et patrimoniales de la Guadeloupe.
André-Jean Vidal
Et ensuite ?
Ce lundi, à 14 h 30 : rencontre protocolaire à la CCI des Îles de Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, – 16 h 30 : visite guidée du parc éolien de l’Espérance, à Sainte-Rose (situé à côté de l’Habitation La Ramée).
Mardi 13 décembre :
9 h 30 : visite du fort Delgrès, puis du Jardin Botanique, à Basse-Terre, – 14 h 30 : session de travail au palais du Conseil départemental sur le projet Cariforts.