Etape essentielle vers l’inclusion, le Schéma territorial de prise en charge de la grande marginalité a été signé en préfecture de Guadeloupe, mardi 8 avril, par Valérie Létard, ministre du Logement et une vingtaine d’acteurs locaux de la santé, du social…

Huit mois de concertation, avec les structures sanitaires, les associations qui oeuvrent auprès des plus précaires, les organismes d’insertion, les élus…, sous l’autorité du préfet de Guadeloupe, Xavier Lefort, et du sous-préfet Arnaud Duranthon, en charge de la cohésion sociale, ont permis d’aboutir au Schéma territorial de prise en charge de la grande marginalité.
Le plan d’actions inédit tient compte des écueils sur lesquels se heurtent les dispositifs existants pour définir les moyens à mettre en œuvre pour une prise en charge efficace.
Après une déambulation dans les rues de Basse-Terre, qui lui a permis d’échanger avec les équipes de la Croix-Rouge, Valérie Létard, ministre du Logement, en visite officielle en Guadeloupe, a rencontré les élus, bailleurs sociaux, travailleurs sociaux, responsables d’établissement de santé…, pour la signature du Schéma territorial pour la prise en charge de la grande marginalité. Valérie Létard, ministre du Logement, entend y prendre toute sa part.
Soigner et prévenir la grande marginalité
En hébergement d’urgence, 20 places d’accueil supplémentaires seront créées. Des équipes de soutien psychologique seront financées. Parallèlement, des moyens financiers seront alloués pour permettre d’élargir les horaires des structures d’accueil. Par ailleurs, l’Etat soutient la Croix-Rouge avec deux temps-plein en renfort au service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO).


« Beaucoup de structures s’occupent de la prise en charge des grands marginaux chacune de leur côté, constate Valérie Létard, ministre du Logement. Le Schéma territorial de prise en charge de la grande marginalité où tous les acteurs s’engagent permet d’avoir une coordination. Il s’agit de faciliter le parcours de ceux qui, petit à petit se sont marginalisés, sont tombés dans l’addiction, ont contracté une maladie, une fragilité, souvent au niveau de leur santé mentale, qu’ils n’arrivent plus à surmonter et qui peut les amener jusqu’à la violence. Cette marginalité, il faut la prévenir ! »
En Guadeloupe, on considère que 300 personnes sont en « situation de rue », et parmi elles, une centaine sont en grande marginalité, très éloignées des dispositifs de prise en charge et en rupture avec les solutions d’accompagnement. Une situation particulièrement prégnante à Pointe-à-Pitre et à Basse-Terre, qui engendre un sentiment d’insécurité.
« Une détresse dont on ne peut s’accommoder »
« Dans le cadre du Plan santé mentale, avec le ministre de la santé, nous verrons comment mobiliser des moyens supplémentaires pour apporter des solutions aux femmes à la rue avec un enfant et qui ont du mal à trouver une issue », annonce Valérie Létard.


Maire de la ville de Pointe-à-Pitre qui recueille malgré elle une grande part de la détresse humaine de l’archipel, et l’insécurité qu’elle génère, Harry Durimel n’a pas caché son impatience de voir les effets du Schéma territorial de prise en charge de la grande marginalité. « Je suis venu ici avec beaucoup de gravité et beaucoup d’espoir, a-t-il indiqué. Nous sommes face à des situations de détresse dont on ne peut s’accommoder. On a besoin de solutions pour conduire ces personnes aux soins et espérer les voir revenir parmi nous. »
Désormais à l’épreuve du terrain, le Schéma territorial de prise en charge de la grande marginalité, fera l’objet d’une réunion de suivi tous les deux mois, avec les différents partenaires.
« La prise en charge du public en grande marginalité nécessite d’agir sur tous les spectres de l’action publique, tant du point de vue sanitaire, que social et médico-social… Derrière chaque mesure, on s’est assuré d’avoir le soutien financier, précise Arnaud Duranthon, sous-préfet en charge de la cohésion sociale. L’objectif est qu’en 2026, l’ensemble des actions prévues soient mises en œuvre et que le système soit suffisamment organisé pour continuer à fonctionner de lui-même. Si nécessaire, le représentant de l’Etat apportera des ajustements ou ira vers un nouveau schéma. »
Cécilia Larney
« Des défis à relever ensemble »

Ce plan sur-mesure est accompagné d’un nouveau paradigme qui devrait aider à faire la différence en coordonnant les actions des différents signataires (Mission locale, Croix-Rouge, Police nationale, ARS, UDAF, CHU, CHBT, ARMOS, EPSM, Gip-Raspeg, ministère de la Justice, Conseil départemental, les villes de Pointe-à-Pitre, Basse-Terre, des Abymes…).
« Il n’y a pas de fatalité à la grande exclusion, mais que des grands défis à relever ensemble, indique Régine Raymond, directrice territoriale de la Croix-Rouge française. Aujourd’hui, il faut sortir de l’urgence pour permettre aux personnes en situation de grande marginalité de construire de vrais parcours de vie. »