La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre. Les élus n’iraient pas à la rencontre du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, pour débattre de différents sujets d’importance : la crise sociale, les attentes de ceux qui se mobilisent, surtout les jeunes, enfin, tout le monde l’a en tête mais personne ne veut l’évoquer tout de suite et encore moins en parler en public : l’autonomie. Du moins ce que le ministre appelle l’autonomie, devinée en creux des discussions qu’il a eues avec les élus… qui eux l’appellent, « domiciliation locale. » On a de ces pudeurs !
Des élus qui refusent d’aller voir le ministre des Outre-mer ? Seul jusqu’à présent, Ary Chalus avait osé le faire lors d’un voyage officiel du même Sébastien Lecornu après qu’on lui ait fait une entourloupe qu’il n’avait pas appréciée. Car, Ary Chalus est un déçu d’Emmanuel Macron et il n’hésite plus à le dire. « C’était un jeune, j’ai pensé que les choses changeraient avec lui. Je me suis trompé. »
Donc, les élus ont laissé Sébastien Lecornu seul en sous-préfecture… où il a reçu 16 maires. Qui sont venus malgré un mot d’ordre « venu d’on ne sait où», comme dirait M. Lecornu, avec n sourire entendu. Ils sont voulu vérifier et le staff du ministre leur a répondu que rien n’avait changé, qu’il les attendait.
Deux réunions dans le même temps
Pendant que le ministre parlait actions en faveur de la jeunesse avec les maires, les présidents du Conseil régional, Ary Chalus, du Conseil départemental, Jean-Philippe Courtois (en visioconférence), le président de la CANBT, Guy Losbar, le président de la CARL, Cédric Cornet, le président de l’Association des Maires de Guadeloupe, Jocelyn Sapotille, les sénateurs Dominique Théophile, Victorin Lurel (en visioconférence), Victoire Jasmin (en visioconférence), les députés Hélène Vainqueur-Christophe, Justine Bénin, Max Mathiasin (en visioconférence), Olivier Serva, se retrouvaient à la Cité de Métiers, au Raizet Les Abymes.
Pour dire leur regret que la négociation du matin, avec l’intersyndicale, voire le Collectif des organisations contre la vaccination obligatoire et le passe sanitaire, ait capoté. S’ils condamnent les violences ces élus pense qu’il est normal que l’intersyndicale ait souhaité, dans un souci d’apaisement, qu’on soit clément avec les jeunes qui ont fait des bêtises. Ils n’ont pas parlé des individus plus ou moins identifiés qui ont mis le feu à des immeubles, pillé des bijouteries, etc. Ceux que le ministre appelle « malfrats. »
Une soif de mouvement
Ils ont ensuite parlé des dossiers liés à la plateforme de revendication du collectif. Ils y ont travaillé dimanche après-midi, pendant six heures, afin d’apporter des réponses sur l’essentiel des revendications qui s’adressent aux collectivités. Les élus entendent exercer pleinement leurs compétences. Et demander à l’Etat de les soutenir ou de prendre sa part des dossiers.
On a vu que Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, tient le même langage. On sent que, malgré le froid affiché, des échanges téléphoniques n’ont pas manqué.
Dans l’ensemble, si ces élus regrettent qu’ils aient été « laissés totalement en dehors des décisions de la crise sanitaire », ils se félicitent qu’on leur ait ouvert les yeux. Ils vont se mettre au travail sur les attentes des Guadeloupéens telles qu’ils les ont ressenties.
Pour ce qui est d’un changement statutaire, « l’autonomie » qui a agité le landernau politique tout le week-end, le sénateur Dominique Théophile a remis les pendules à l’heure en disant (pour rassurer ?) que ce n’était le champ de compétence ni du ministre, ni du Premier ministre, ni du président de la République, mais des seuls élus de la Guadeloupe réunis en congrès des élus départementaux et régionaux. A leur heure. Avec obligation de demander leur avis au peuple, par un vote. Tout le monde est rassuré ?
André-Jean VIDAL