Après une première présentation à L’Artchipel-Scène nationale de Basse-Terre, le 1er février, Olympe, la pièce de Franck Salin, inspirée par les combats d’Olympe de Gouges, poursuit sa tournée en Guadeloupe.
Entre la Guadeloupe et Montauban (Occitanie), la pièce de théâtre Olympe de Franck Salin, portée par la comédienne Firmine Richard, établit un pont entre les cultures, les sociétés du XVIIIe siècle et d’aujourd’hui, où certaines problématiques restent cruellement d’actualité.
Votre nouvelle pièce, Olympe est en tournée en Guadeloupe. C’est un « retour » au lieu de la création ?
Franck Salin, auteur, metteur en scène : Effectivement, c’est un retour à la Guadeloupe pour les premières représentations ouvertes au public aux Antilles-Guyane. Nous avons travaillé la création à L’Artchipel-Scène nationale de Guadeloupe, avant de poursuivre à Montauban. Nous espérons pouvoir présenter Olympe en Martinique, la saison prochaine, et nous serons normalement en Guyane, en avril. En mars, nous serons à Sarcelles, puis à Paris pour plusieurs dates.
Même en tant que metteur en scène expérimenté, en prenant le pari de faire vivre sur scène Olympe de Gouges, ses combats, ses idées…, vous ne craigniez pas de décevoir ?
Oui, il y a toujours des craintes de décevoir. Pour n’importe quelle œuvre, on se demande si on sera à la hauteur : rien n’est jamais gagné. Pour Olympe de Gouges, le plus gros défi pour moi, c’était d’arriver à rendre au public ce qu’a été cette femme dans son combat, mais aussi dans sa vie. Pour y arriver, j’ai lu ses œuvres et sa correspondance. Elles m’ont servi de base pour écrire le texte : je voulais vraiment que les spectateurs entendent la parole d’Olympe de Gouges. Quand il y avait des « trous », je me suis appuyé sur ses biographes. Les premiers retours du public à Montauban, puis au festival d’Avignon, nous ont confortés dans nos choix et nous ont encouragés à aller plus loin.
Pourquoi était-ce important pour vous de faire entendre la voix d’Olympe de Gouges ?
Cette pièce parlera à beaucoup de personnes, et pas seulement aux femmes ! L’un des combats qu’elle a menés pour l’égalité des femmes, même s’il a avancé, il n’est pas terminé. Il y a un autre combat d’Olympe de Gouges que j’ai tenu à mettre en avant, c’est celui pour l’abolition de l’esclavage des Noirs pour lequel elle s’est beaucoup engagée. Elle était une amie du Chevalier de Saint-George, elle était proche de la Société des Amis des Noirs… Sa première pièce de théâtre, Zamore et Mirza, dénonce l’esclavage. L’histoire de ces deux esclaves fugitifs n’a pas beaucoup vécu face à la colère des colons.
Le choix de Firmine Richard s’est imposé pour ce seule-en-scène ?
Oui. L’idée de faire une pièce de théâtre sur Olympe de Gouges vient du percussionniste guadeloupéen, Edmony Krater, installé à Montauban depuis plus de 30 ans où il a enseigné au Conservatoire de musique. Un jour, à l’issue de la projection de l’un des films, il m’a dit qu’il aimerait rendre à Montauban tout ce que Montauban lui a donné ! En tant que Guadeloupéen, il pensait que le personnage d’Olympe de Gouges méritait d’être mis en avant et présenté dans une pièce. Toute la question était de savoir comment. Il en a aussi parlé à Firmine qui voulait faire un « seule-en-scène » depuis longtemps, sans trouver un texte qui lui plaisait. Edmony et Firmine m’ont encouragé à réfléchir au sujet, d’autant que le théâtre Olympe de Gouges, à Montauban, trouvait l’idée intéressante. Depuis quelques années, Olympe de Gouges a été sortie de l’oubli alors que pendant très longtemps on n’en parlait pas.
Entretien : Cécilia Larney
Pointe-à-Pitre, MACTe : mercredi 5 février. Lamentin, ciné-théâtre : vendredi 7 février. Le Moule, centre Robert-Loyson : mardi 11 février. Les représentations débutent à 20 heures. www.allmol.
Olympe, de quoi ça parle ?
Paris, automne 1793. Enfermée dans la cellule de la prison où elle attend son procès, Olympe de Gouges se remémore sa vie et ses combats pour les droits des femmes et l’abolition de l’esclavage des Noirs. De Montauban où elle est née à la capitale gagnée par les idées des Lumières et la fièvre révolutionnaire, elle a traversé l’existence tambour battant, défendant sans faiblir la cause des opprimés.
Ce monologue, écrit à partir de ses œuvres et de sa correspondance, dresse d’elle un portrait sensible et intimiste. Convoquant la musique, la danse et la vidéo, il est l’occasion d’une rencontre inédite entre l’Occitanie et la Guadeloupe.