Etal depuis ces dernières années — une moyenne de 350 dossiers traités chaque année par une commission spécialisée —, le surendettement a fait un bond en 2022 avec 492 dossiers.
Thierry Beltrand, directeur de l’agence IEDOM Guadeloupe (Institut d’Emission des DOM), a reçu la presse, mardi 24 janvier, pour faire un point sur le sujet.
Surendettement ? Selon la loi, il y a surendettement lorsqu’un particulier présente un niveau d’endettement manifestement excessif au regard de sa capacité de remboursement. Une commission de surendettement étudie alors s’il peut accéder aux procédures légales de traitement de son dossier.
Une femme seule
avec des enfants
Quelle est la typologie des surendettés ? « Les surendettés sont pour 34% des femmes seules de 25 à 54 ans, avec un ou des enfants, ayant un petit revenu, moins de 1 644 euros par mois, locataires de leur logement et ayant des dettes de consommation pour 42% d’entre-elles. 61% n’ont aucune capacité de remboursement, 45% n’ont aucune activité, 17% sont au chômage », explique Thierry Beltrand.
En fait, ce tableau semble être interchangeable d’une région l’autre. Ce qu’il faut retenir c’est que le nombre de dossier, depuis ces dernières années, présentait une tendance baissière.
Pourquoi ? Parce qu’entre autres une loi a réglementé les crédits revolving, crédits à la consommation qui permettent d’avoir à disposition une somme d’argent utilisable en toute liberté. Avant cette loi, la tentation de dépense « sans compter » était souvent très (trop) forte.
Autre tendance remarquée : le surendettement est moins lié aux crédits à la consommation et plus aux charges courantes.
Deux fois moins
qu’ailleurs en France
Les chiffres permettent de constater qu’il y a deux fois moins de procédures devant la commission de surendettement de Guadeloupe qu’ailleurs dans l’Hexagone.
« C’est lié, dit Thierry Beltrand, à une plus grande entraide familiale et puis aussi les gens ont peur que ça se sache. Mais, je veux rassurer, nous respectons une stricte confidentialité. »
En 2021, période de crise sanitaire liée à la Covid-19, il y a eu 379 dossiers, soit une hausse de 19%. Malgré la crise, il n’y a pas eu l’explosion du nombre de dossiers qu’on aurait pu attendre.
Pourquoi ? « Il y a eu des restrictions de circulation, la fermeture de nos guichets de Basse-Terre et Saint-Martin, les travailleurs sociaux qui sont nos relais auprès des populations en difficultés n’ont pas travaillé tout le temps. »
Que sont devenues ces démarche devant la commission de surendettement ? 64% ont obtenu des solutions pérennes. « Même si ces solutions ne sont pas évidentes à trouver dans certains cas », précise M. Beltrand.
Une dette globale
de 18 millions d’euros
La dette globale des 379 Guadeloupéens qui ont enclenché la procédure se monte à 18 millions d’euros avec une dette médiane de 20 000 euros.
En 2022, 492 dossiers, soit une hausse de 30%, occasionnée selon les spécialistes — Thierry Beltrand était accompagné dans ses explications par un autre spécialiste, Damion Gordon, responsable Etudes et Etablissements de crédit, et Cindy Candalen, chargée d’études économiques et monétaires — par l’inflation, une dégradation de la situation des ménages — les divorces paraît-il ont leur part, les couples ayant très mal vécu les périodes de confinement de 2021 —, l’effet rattrapage — les gens n’ont pas pu déposer leur dossier en 2021 — et la fin des mesures d’aides liées à la crise sanitaire…
Thierry Beltrand, directeur de l’IEDOM Guadeloupe
André-Jean Vidal
aj.vidal@karibinfo.com