Guadeloupe. Sur le front c’est brûlant

La crise sociale a dégénéré en crise de société en Guadeloupe. Le mouvement de mobilisation générale lancé en fin de semaine dernière pour cette semaine par une intersyndicale qui conteste l’obligation vaccinale pour les soignants et personnes en contact avec les malades (sapeurs-pompiers, infirmières scolaires et psychologues scolaires) s’est transformé en quelque chose d’autre.

Les barrages symboliques, placés sur des ronds-points stratégiques de l’archipel, tenus par des sapeurs-pompiers (en tenue et souvent avec leurs véhicules) et des syndicalistes connus et reconnus, sont passés aux mains des riverains, venus en renfort, puis des bandes de quartiers.

Des sapeurs-pompiers éreintés

On a vu, dit-on, des sapeurs-pompiers, comprenant que le mouvement leur échappait, prendre la fuite vers la caserne, à Perrin-Dothemare. On ne voit plus de syndicalistes sur les barrages. C’est la rumeur publique, les échos des réseaux sociaux.

Si les sapeurs-pompiers ont pour la plupart repris leur travail quand ils n’ont pas été suspendus, c’est parce que leur tour de garde est venu et qu’il y a du travail. Tant de travail que les contrôles des passes sanitaires doit être oublié. La mobilisation générale n’a pas interdit les accidents (moins nombreux à cause des barrages) ni les crises cardiaques et les chutes au domicile, ni les feux à éteindre. La seule chose qui les ralentit, ce sont justement les barrages qui leur interdisent souvent l’accès aux abords du CHU de la Guadeloupe. De même que l’accès aux malades s’ils sont de l’autre côté des barrages.

Les barrages se sont multipliés
et sont incontrôlés

Si les syndicalistes sont moins visibles sur les barrages, c’est que ceux-ci se sont multipliés un peu partout, et qu’ils ne peuvent pas être partout. De plus, les exactions sur et aux abords des barrages (rackets des automobilistes, agressions de passants, certains frappés et dépouillés) ont appelé à la prudence. Et à éviter de se retrouver mêlés à ces exactions.

A La Boucan Sainte-Rose, check-point, chicane et passage autorisé aux seuls piétons. @L

Après un grand silence les élus multiplient sur les médias les interventions, pour appeler au calme, demander que l’Etat se manifeste et, dans le même temps, demander que l’on donne plus de pouvoirs aux élus locaux dans le domaine de la santé.

Puisqu’il faut se souvenir que tout a débuté par une obligation vaccinale pour les soignants… obligation impérative en application de la loi du 5 août 2021. A plusieurs reprises, l’obligation a été repoussée… pour faire droit aux demandes des syndicats et des élus. Mais, aujourd’hui, sauf changement de la loi, mise en avant des spécificités des Outre-mer, la loi demeure. Implacable. Applicable partout sur le terroir français.

Le couvre-feu n’a rien changé

Du côté de la préfecture, le préfet Alexandre Rochatte a décidé, face à une situation qui menaçait d’échapper à tout contrôle, un couvre-feu et, pour mettre fin aux actions nocturnes des bandes qui tirent sur les forces de l’ordre avec des armes à feu, la demande d’envoi de troupes spécialisées. Il s’agit de réduire les bandes qui écument les quartiers des bourgs pour piller les magasins, mettre le feu, détruire les vitrines et brûler les voitures. Les forces de l’ordre sur place, policiers et gendarmes, ne suffisent pas à être aussi abords des barrages, à réduire les bandes de nuit qui n’hésitent pas à faire feu.

« Ils étaient des centaines dans les rues de Pointe-à-Pitre, cette nuit. On les voyait passer et essayer de lever les rideaux des magasins », témoigne une habitante de Pointe-à-Pitre.

Si la circulation a été réduite par le couvre-feu, ainsi que la fermeture des commerce à 18 heures, les bandes bravent l’interdit avec délices.

Les renforts demandés — gendarmes, policiers supplémentaires, au nombre de 200 —, plus 50 spécialistes de l’anti-terrorisme et des situations d’urgence du GIGN (gendarmerie nationale) et du RAID (police nationale) sont attendus ce dimanche.

A Basse-Terre, le carnage

A Basse-Terre dont on parle moins, même climat… « Ils ont tout cassé dans ma rue, ils ont attaqué les pharmacies », dit un commerçant. C’est que, comme à Pointe-à-Pitre, les commerçants habitent au-dessus de leurs commerces. Un fonctionnaire de police a été blessé. « Ça tirait de partout cette nuit », s’exclame encore un habitant de Basse-Terre encore terrorisé.

Elie Domota, porte-parole du LKP, Lyannaj Kont Pwofitasyon, reste sceptique sur la suite des événements. Pour lui, il l’a dit dans des tracts et sur les ondes, « les élus sont disqualifiés. Ils ont demandé des responsabilités à l’Etat, ils les ont obtenues et ils n’en font rien. »

Elie Domota prévient… @RS

Qu’attendent les syndicats de la rencontre des élus avec le Premier ministre lundi : « Pas grand-chose » et de la réunion avec toutes les parties concernées, socioprofessionnels, patronat, élus, intersyndicale, Etat, prévue mardi ? « Notre plateforme de revendications* a été déposée début septembre, nous n’avons jamais eu de réponse des autorités », répondent les syndicats.

Dimanche, si la circulation était difficile en Guadeloupe, la région pointoise était calme, avec des gens qui vaquaient à leurs occupation du dimanche : quelques courses à la supérette ou à la boulangerie… Et puis rentrèrent attendant la nuit suivante…

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