Eric Jalton, maire des Abymes, président de Cap Excellence, s’est exprimé sur le mouvement social en cours.
La crise sociale est bien là. Avec son cortège de manifestations, de barrages. Partie d’une revendication, celle de ne pas appliquer en Guadeloupe la loi du 5 août 2021 sur l’obligation vaccinale pour les soignants et les sapeurs-pompiers (entre autres professionnels en contact avec des malades ou des personnes fragiles) et le passe sanitaire, elle s’est poursuivie par le dépôt le 2 septembre d’une plateforme de revendications plus générale et sociétale.
Elus et syndicats, sous l’œil d’associations représentant la société civile, ont décidé que l’UGTG et les syndicats rédigeraient une méthode de travail, comprenant les revendications des syndicats et la façon de les aborder.
Préalable à un début de discussions, la présence de l’Etat que les syndicats veulent voir à la table des négociations. A Paris, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, qui avait lancé l’idée lors de son passage en Guadeloupe la semaine dernière, d’une mission interministérielle, n’est pas revenu sur sa proposition.
Seul écueil, le ministre veut qu’avant toute négociation les syndicats condamnent les violences commises durant les manifestations de ces deux semaines tandis que les syndicats veulent une amnistie des personnes condamnées pour des débordements sur les barrages ou en marge de ceux-ci.
Ensemble autour d’une
table de négociations
Eric Jalton, qui préside un EPIC*, Cap Excellence, devrait assister aux négociations (lui ou un représentant). A l’issue du conseil municipal des Abymes, vendredi, il a dit son sentiment sur l’actualité sociale.
« Je note que les choses évoluent. Je reste optimiste, les élus. Une représentation d’élus, après concertation avec l’ensemble des élus, a rencontré le collectif des syndicats d’un côté, le collectif des socioprofessionnel, de l’autre et c’est très bien. Il s’agit concrètement que toutes ses composantes du monde économique et le monde institutionnel, les élus, ce peuple guadeloupéen dans ses différentes composantes, puisse exiger de l’État une présence à la table des discussions, des négociations, mais avec la ferme intention qu’au terme de ces échanges il y ait des résolutions communes signées par toutes les composantes pour faire avancer la Guadeloupe. »
« Il faut travailler pour la jeunesse. C’est le monde économique qui peut plus que nous institutions plus recruter la jeunesse, dans le domaine des équipements d’accompagnement, dans le domaine sanitaire dans les domaines où il y a encore des besoins de recrutements. »
Pour une égalité réelle
dans la République
L’égalité avec les autres composantes territoriales de la République, c’est ce que veut Eric Jalton qui énumère les manquements en matière d’équipements…
« Aujourd’hui, à travers ce mouvement social, c’est la question de la vraie égalité qui se pose. La vraie égalité qui doit faire en sorte qu’en matière d’indicateurs socio-économiques, donc aussi bien au niveau de l’emploi, au niveau du logement, au niveau de l’accès aux soins, de l’accès au sport, à la culture, nous puissions avoir les équipements d’accompagnement. Il y a aussi l’accès à l’eau potable de qualité, régulièrement, a un prix abordable. Il faut que nous soyons en égalité avec des autres composantes territoriales de la République. Dans tous ces domaines, la moyenne des indicateurs nationaux démontre que nous sommes nettement en retrait, et qu’il n’y a pas encore de l’égalité entre les Outre-mer, donc la Guadeloupe, et le restant de la République française. »
Les élus, face aux syndicats, font petite mine. On leur reproche de n’avoir rien fait tandis qu’ils essaient de démontrer le contraire face à des interlocuteurs qui ne les portent pas dans leur cœur.
« Il faut arrêter de s’autoflageller au niveau des élus, au niveau des responsables publics, y compris économiques, en disant que nous n’avons rien fait jusqu’à aujourd’hui. Non, il y a des choses qui ont été faitse. Il y a des choses que nous avons faites. Nous projetons les schémas qui sont faits avec des Guadeloupéens bien formés, compétents. Nous avons des schémas directeurs, nous avons des réalisations, nous avons des projets en cours. Ce qui nous manque évidemment, ce sont les moyens. Il faut faire en sorte que l’Etat, l’Europe nous accompagne davantage et mieux. »
Pas de débat sur l’autonomie mais plus de pouvoirs locaux en matière financière
Concernant le débat sur l’autonomie, Eric Jalton le renvoie à plus tard. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est ue entente de toutes les composantes de la société guadeloupéenne pour que l’Etat vienne à la table des négociations et prenne sa part des responsabilités et des financements qu’il faudra dégager.
« Il faudrait que nous puissions avoir des institutions qui nous permettent de lever l’impôt, de penser la fiscalité, là où l’État le fait jusqu’à maintenant, de sorte que nous puissions nous autofinancer nous-mêmes dans un cadre différent. Mais, ce n’est pas tellement l’objet du débat d’aujourd’hui. Ça le deviendra peut-être, mais dans l’immédiat il y a nécessité que l’État nous accompagne dans l’urgence avec pour qu’on nous puissions aller plus loin ensemble, avec les institutions, les élus, les syndicats, avec le monde économique qui est indispensable dans cette affaire parce que c’est eux qui vont pouvoir recruter les jeunes. Faisons en sorte que ces trois composantes, le monde socio-économique, le monde politique et le monde social, le mouvement social, syndical et associatif soient vraiment soudées ensemble pour imposer à l’État d’être assis sur la table des négociations pour faire avancer les intérêts du peuple guadeloupéen. »