Dominique Dartron est président de la Coordination rurale – Union des Producteurs de Guadeloupe (UPG). Il lance un appel de détresse aux manifestants qui barrent les routes et gênent ou empêchent la circulation. Les agriculteurs, éleveurs, marins-pêcheurs n’ont plus accès aux lieux de travail, pas plus qu’aux lieux de marchés et de livraison. Il demande une négociation avec les décideurs nationaux et locaux.
Les barrages, s’ils sont la clé de voute de tout mouvement social, ont ceci de dangereux qu’ils mettent à mal les entreprises et les salariés de celles-ci. Les agriculteurs, les éleveurs, les marins-pêcheurs sont à eux seuls de très petites entreprises et des salariés (souvent unique) de celles-ci.
Les barrages empêchent qu’ils circulent, qu’ils puissent veiller sur leurs productions, d’où des pertes non encore chiffrées mais qui viennent s’ajouter à celles de la crise sanitaire.
A ceci s’ajoute la concurrence croissante des produits importés pour se substituer aux produits frais locaux qui ne peuvent être livrés.
Dominique Dartron lance un appel
au nom de la profession
« Et tant que représentant syndical du monde agricole, j’ai eu beaucoup de retours : les éleveurs ont du mal, surtout en Basse-Terre. Ils ne peuvent pas se rendre dans leurs champs pour arroser récolter, ils ne peuvent pas se rendre dans leurs champs pour abreuver les bêtes, simplement les voir. Les marins-pêcheurs ne peuvent pas aller à leurs canots. Et ces agriculteurs ne peuvent pas partout négocier avec les personnes qui sont sur les barrages. Certains refusent de laisser passer. Aujourd’hui, nous avons du mal à faire tourner nos exploitations parce que ne pas faire tourner les exploitations. Et c’est dommage parce que nous sommes en plein mois de décembre une bonne période pour pouvoir vendre nos productions, parce qu’on s’est organisés pour pouvoir aller sur les marchés de proximité. »
« Quand les gens ont faim,
il y a des vols, surtout de cabris. »
Il déplore : « On avait déjà le problème de la sécheresse, donc ça, c’est encore d’autres problèmes qui se rajoutent. Pour les animaux, il faut aller leur donner à manger, il faut aller les baigner, il faut aller sur place les voir. Et il n’y a pas que les vaches, il y a les moutons, il y a des cabris, par exemple, qui sont faciles à voler. Quand on est en situation de crise, que les produits alimentaires ne peuvent pas passer, les gens ont faim. Et quand les gens ont faim, il y a des vols, surtout de cabris. »
« Au moment du Covid, le gouvernement avait décidé que les travailleurs du monde agricole ont le droit de circuler librement pour aller sur l’exploitation, pour livrer, ceci pour donner à manger à la population. Maintenant, avec ces blocages, on ne peux pas faire les livraisons. Et c’est en faveur de l’importation. Est-ce que c’est ça qu’on veut ici ? . Qu’est-ce que nous voulons en Guadeloupe aujourd’hui ? Si nous voulons du local, si on parle de l’autonomie, on doit se comprendre. Nous devrions favoriser le marché local, sécuriser le marché en même temps. J’en appelle aux élus locaux et aux parlementaires », dit-il encore.