Guadeloupe. Sécurité : Pointe-à-Pitre siffle la fin de la récré

Face à des chiffres et des actes qui interpellent, le Comité local de sécurité et de prévention de la délinquance de Pointe-à-Pitre a consacré une séance spéciale à la violence dans et aux abords des établissements scolaires.

Soixante-neuf exclusions enregistrées dans un même collège – Michelet – depuis le début de l’année. Commissaire de police, Jean-Pierre Frédéric signale « un accroissement de la participation des mineurs aux faits délictueux ». Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre a vivement dénoncé la « peur que ressentent certains enseignants face aux élèves ». La défaillance des parents dont les enfants se distinguent par leur comportement répréhensible fait aussi partie des données – non négligeables – du problème. Une situation qui incite à réagir.

De l’état des lieux établis par les différents intervenants, le besoin de soutien à la parentalité a été longuement évoqué. « Le constat est avéré, confie le sous-préfet Jean-François Moniotte. Nous savons aussi qu’il y a un problème de parentalité, d’accompagnement des parents qui parfois éprouvent de réelles difficultés face à leurs enfants. »

Des déviances aux abords des établissements

Autour du maire de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, du sous-préfet, Jean-François Moniotte, de la procureure, Caroline Calbo, enseignants, chefs d’établissement, éducateurs, associations de parents d’élèves, le commissaire de police, Jean-Pierre Frédéric, la directrice de cabinet de la rectrice d’académie ont établi le même diagnostic. En interne, les chefs d’établissement appliquent les protocoles dont ils disposent pour juguler la violence. Les déviances seraient observées « quand les élèves quittent l’établissement scolaire ». Le déploiement de la vidéosurveillance, reliée de la police municipale au commissariat, devrait contribuer à améliorer la sécurité à Pointe-à-Pitre.

Sur le plan judiciaire, à l’instar de la convention établie avec les villes de Lamentin et Sainte-Anne, sur le rappel à l’ordre des mineurs, le maire pourra convoquer les parents pour les responsabiliser.

Comment impliquer les parents défaillants ?

Norbert Diebold et Patrick Arnolin, porteurs du projet de la Maison de la non-violence.

« Les parents sont responsables civilement de leurs enfants, insiste Caroline Calbo, procureure. On ne peut que regretter que certains parents ne viennent pas lors du jugement de leurs enfants, de même que certains chefs d’établissement regrettaient le manque d’investissement des parents dans l’éducation de leurs enfants, y compris quand ils sont sollicités par les chefs d’établissement. »

Une situation qui mérite une véritable réflexion pour « tarir les sources de la violence », a indiqué le maire, Harry Durimel, sans occulter une autre réalité soulignée par la directrice de cabinet de la rectrice d’académie : « La grande majorité des parents sont investis dans l’éducation de leurs enfants et les élèves, impliqués, feront la Guadeloupe de demain. »

Pour aller plus loin sur la question – essentielle – de la parentalité, le Conseil des Droits et Devoirs de la Famille (CDDF) se réunira à Pointe-à-Pitre. Dans le même temps, la ville a acté la création d’une Maison de la non-violence sur son territoire.

Le projet, porté par Patrick Arnolin, proviseur retraité, président de l’association Educ-Alternative et Norbert Diebold, formateur en communication pleine conscience, devrait voir le jour à Chemin-Neuf.

Cécilia Larney

L’exclusion… et après ?

Parmi les mesures dont disposent les établissements pour sanctionner, l’exclusion, loin d’être la panacée, ne fait pas l’unanimité. « Le plus souvent, les élèves exclus de l’établissement sont livrés à eux-mêmes, surfent sur Internent, jouent à des jeux vidéo toute la journée ou on les voit flâner devant l’établissement », relève un chef d’établissement. L’une des solutions évoquées consisterait à orienter l’élève vers des éducateurs pour un rappel à l’ordre et prévenir la récidive. De même, la mise en place de stages de citoyenneté, mais aussi de stages destinés aux parents d’élèves exclus sont envisagés, de même que des séjours de rupture, à l’instar de ceux mis en œuvre par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

« Le séjour de rupture intervient en post-sentenciel, à la PJJ, quand des jeunes, mineurs ou majeurs, déjà pris en charge par l’autorité judiciaire sont en crise avec leur famille ou leur lieu de placement, explique Marie-France Lazarre, responsable des politiques institutionnelles à la Protection judiciaire de la jeunesse. Avec des encadrants, notamment un éducateur, le jeune participe à un camp avec des activités en plein air (pêche, marche, natation…). » Sortir du cadre conflictuel permet au jeune de s’exprimer, de parler de ses émotions, d’être plus apaisé avant de reprendre le suivi éducatif avant de retrouver sa famille. « Ces jeunes sont quasiment en rupture de tout : familiale, scolaire… et ont leurs propres repères dans la rue. Nous travaillons les compétences psycho-sociales pour recréer le lien avec la famille, l’objectif final. Pendant le temps de leur placement, 6 mois renouvelables ou jusqu’à la majorité, ils apprennent à se réapproprier leur environnement. »

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