Guadeloupe. Sécurité : front uni autour d’Harry Durimel

Dimanche, Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre, lançait, sur les réseaux sociaux, un appel pathétique faisant suite à une série d’agressions violentes, ayant entraîné parfois mort d’homme (ou de femme) sur le territoire de Pointe-à-Pitre. Hier soir, son appel a été entendu.

Il y a eu Maria, restauratrice connue, abattue dans son établissement et, une semaine plus tard, quatre femmes agressées à coups de couteau dans les rues pointoises par une même personne. Et puis, toutes les nuits, des émeutes, des barrages de palettes ou des poubelles brûlées, des vélos mis à la disposition de la population saccagés.

Harry Durimel, dans son appel, demandaient où sont les parents des jeunes gens, parfois des adolescents, qui commettent des actes inqualifiables. Il expliquait sa peur voyant des touristes déambuler dans les rues, proies faciles par des bandes de jeunes les guettant au coin des rues pour les dépouiller. « Pointe-à-Pitre est un coupe-gorge ! », disait-il.

Il expliquait aussi comment, le jour, les policiers municipaux protègent les agents de la ville chargés de nettoyer les rues tandis que, la nuit, les policiers nationaux patrouillent pour interpeler les gangs qui prennent de plus en plus le pas dans la cité.

Il s’exclamait, enfin : « Je ne veux pas mettre ma santé en danger. Quand je vois comment Cédric Cornet qui passionnément faisait son travail a perdu la vie. Je vais probablement remettre le tablier, trop c’est trop ! Je suis un maire engagé mais je ne suis pas Mad Max ! »

Tout le week-end, les politiques, les autorités, y compris le préfet ont réagi. Le préfet qui a envoyé des patrouilles sécuriser la ville car il y avait des paquebots au port et des touristes dans les rues de Pointe-à-Pitre. Qu’ont dit les politiques ? Leur soutien à Harry Durimel. Rares sont sur les réseaux sociaux les moqueurs qui se sont manifestés.

Dès lundi matin, Harry Durimel, au grand dam de ses détracteurs toujours tapis dans l’ombre, remettait son tablier. Non, il ne démissionnerait pas mais remettrait son tablier (autrefois, on aurait parlé d’armure) pour partir au combat.

Il proposait un rendez-vous aux bonnes volontés pour ce lundi soir. Il a été servi : le préfet Xavier Lefort, le sous-préfet Jean-François Moniotte, le général Vincent Lamballe (gendarmerie), Christophe Gavat, directeur territorial de la police nationale, le président Guy Losbar, le vice-président du Conseil départemental, Jean-Philippe Courtois, le président (en visioconférence), Jocelyn Sapoyille et le premier vice-président de l’Association des maires, Héric André, hilippe Allard, administrateur de l’Association, d’autres élus. Tous rassemblés dans la salle du conseil de la mairie pointoise.

De quoi ont-ils parlé ? De sécurité, de moyens humains et matériels, du CLSPD qui a été réactivé avec ses ateliers thématiques, d’actions sociales.

Jean-Philippe Courtois s’exprimait à l’issue de cette réunion : « J’ai répondu à l’invitation du maire de Pointe-à-Pitre suite à son cri d’alarme concernant la dégradation des conditions de sécurité sur notre territoire.
L’occasion d’évoquer la nécessité de mieux surveiller nos côtes afin de contrôler l’entrée des stupéfiants et des armes.
J’ai évoqué aussi la nécessité que les villes soient mieux soutenues à la mise en place de plus de chantiers d’insertion, de formations, de parcours emplois compétences.
Il faut certes une réponse en direction des fléaux en lien avec la délinquance mais surtout des actions de prévention pour proposer d’autres perspectives et accompagner vers et dans l’emploi. »

Attendons de voir si les idées émises portent leurs fruits. Ce sera long.

En attendant, tandis que Virgin Voyages, compagnie maritime de croisière, a décidé d’annuler douze escales à Pointe-à-Pitre, mardi 26 mars, Marie-Luce Penchard, vice-présidente de la Région Guadeloupe, présidente du conseil de surveillance du Grand port maritime de Guadeloupe, va animer, avec le sous-préfet Jean-François Moniotte, une réunion consacrée à la sécurité. Il s’agira, pour Jean-François Moniotte, au nom du préfet, et Marie-Luce Penchard, de rencontrer les différents acteurs du tourisme de croisières, afin de leur exposer les dispositifs de sécurisation mis en place lors des escales sur le territoire.

En attendant aussi il s’agira de relayer les doléances du maire de Pointe-à-Pitre qui demande plus de moyens humains et matériels pour les forces de sécurité intérieures et plus de cohésion sociale.

Guy Losbar : « La seule réponse qui vaille
est une action concertée des pouvoirs publics »

« Il était à mes yeux essentiel de répondre à l’appel lancé par le maire de Pointe-à-Pitre, mon ami Harry Durimel. Trop de violence dans nos rues, trop de familles éplorées, trop de crimes de sang, trop de faits de délinquance minent le quotidien des Guadeloupéens.

La seule réponse qui vaille est une action concertée des pouvoirs publics : État, police, gendarmerie, collectivités d’abord, mais qui doit également impliquer les composantes de la société civile : les PARENTS, l’école, le monde économique.

Il est nécessaire d’octroyer davantage de moyens aux forces de l’ordre, d’intensifier les opérations de contrôle et d’interpellation, telles que le déploiement de l’escadron de 80 gendarmes mobiles ce soir. De même, il est impératif de renforcer les contrôles en mer avec des moyens maritimes accrus.

Parallèlement, il est crucial d’allouer plus de ressources à la prévention et à l’accompagnement des familles, ainsi qu’à soutenir les associations dans leur travail de renforcement du lien social.

De plus, il est inacceptable d’entendre qu’une compagnie de croisière supprime la Guadeloupe de son circuit en raison de la situation à Pointe-à-Pitre. Cette décision risque d’être suivie par d’autres compagnies, entraînant des pertes financières considérables pour de nombreux foyers guadeloupéens.

La Guadeloupe est une destination touristique prisée, et ces croisières constituent une source importante de revenus pour l’économie locale. Priver notre île de ces retombées économiques aurait un impact dévastateur sur de nombreuses familles qui dépendent du tourisme pour leur subsistance.

Il est donc impératif que nous agissions rapidement et efficacement pour résoudre les problèmes qui affectent la sécurité et le bien-être de nos concitoyens.

En travaillant ensemble, nous pouvons surmonter ces défis et assurer un avenir prospère pour la Guadeloupe et ses habitants. »

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