Guadeloupe. Sébastien Lecornu : « Une main est tendue, une main de fermeté »

Deux grands volets pour l’intervention d’un peu plus de six minutes du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, peu après son arrivée dans le département. Le volet sécuritaire, qui marque la fermeté de l’Etat et des satellites, gendarmerie, police, services de renseignements, justice, avec la levée des barrages, une réponse pénale implacable pour ceux qui tirent sur les forces de police et de gendarmerie.

Le volet social avec la discussion avec les syndicats, « une dizaine de personnes, mais pas la trentaine qu’on voudrait m’imposer. » Le message aussi est de fermeté : « La main est tendue. Néanmoins, ça reste une main de fermeté. J’accepterai de dialoguer avec ces personnes demain. Mais, je leur dirai aussi droit dans les yeux qu’ils (les syndicats) doivent condamner les violences, d’où qu’elles viennent. »

Sébastien Lecornu ne l’a pas caché, il n’a pas l’intention, en Guadeloupe de jouer les bisounours, ni de jouer le jeu faussement empathique constaté au fil des discussions entre élus ou syndicats et des gouvernements et des ministres ou secrétaires d’Etat aux ou des Outre-mer qui l’ont précédé.

S’il est ici c’est parce que la situation s’est apaisée, et sils n’est pas venu avant c’est qu’il n’avait pas l’intention de venir donner du travail supplémentaire aux forces de l’ordre qui en avaient déjà beaucoup. Là, le ministre, qui a passé la semaine dernière, dit-on, à étudier les crises similaires au fil des décennies, à consulter les uns et les autres, ici et ailleurs, est armé pour répondre à la situation de crise sécuritaire et sociale. 

Le Camp Dugommier, à Baie-mahault. La nuit est tombée. Le ministre vient de faire le point sur la situation avec le procureur de la République à Pointe-à-Pitre, avec le commandant de la gendarmerie, avec le directeur des services de police, avec les représentants de tous les services impliqués dans la sécurité sur le territoire. 

Il va faire un discours, de 6 minutes 50 secondes devant la presse. Un discours où Sébastien Lecornu va affirmer qu’il a la situation en main côté sécurité, même s’il faut être veillatif, et qu’il est prêt pour les négociations mais qu’il le fera dans le respect des lois de la République. Entendre en matière sécuritaire comme en matière sociale. 

L’ENVOI DE RENFORTS « POUR REPONDRE AUX DIFFERENTS MALFRATS, AUX DIFFERENTS GANGS QUI POURRISSENT LA VIE DES GUADELOUPEENS »

Ponte-à-Pitre en feu, de commerces pillés et incendiés. @RS

« Je confirme la stratégie telle qu’elle a été validée par les différentes autorités compétentes d’avoir une manœuvre particulièrement offensive pour répondre aux différents malfrats, aux différents gangs qui pourrissent la vie des Guadeloupéens, la nuit.

Je fais la différence entre les revendications sociales, notamment issues des centres hospitaliers et qui peuvent aussi venir des sapeurs-pompiers.

Je fais donc la différence avec celles et ceux qui sont bien souvent déjà connus par les services de police et de justice et qui se servent de cette crise pour commettre un certain nombre d’actes violents la nuit sur des biens mais aussi sur des personnes, notamment sur des forces de l’ordre. Cinq policiers et gendarmes ont été gravement blessés. 

La réponse est évidemment judiciaire. Le procureur de la République de Pointe-à-Pitre me disait que, en une semaine, il a enregistré une activité judiciaire aussi importante que pendant trois mois, ici, en Guadeloupe.

Ça dit quelque chose aussi de la réponse en matière pénale : pratiquement 118 interpellations depuis le début de cette crise d’ordre public et de ces violences urbaines. Il y a une réponse pénale offensive qui est importante. »

LIBÉRER LES ROUTES ET RÉTABLIR LA TRANQUILLITÉ DES NUITS

Des barrages empêchent toute circulation et partant bloquent les Guadeloupéens dans leurs activités de tous les jours. aller au travail, faire des courses. @RS

Le ministre des Outre-mer quand il s’est entretenu avec les représentants des forces de l’ordre et de la justice, a marqué la volonté de tenir les jours prochains sur trois axes : la fin des barrages, la fin des exactions de nuit et la poursuite de la judiciarisation des délits constatés. 

Sébastien Lecornu : « Il nous faut tenir sur trois axes.

Le premier, c’est de continuer à défaire les barrages et là, pour le coup, les résultats sont importants puisqu’il y a quelques jours, il y avait encore 24 barrages pour bloquer les axes départementaux nationaux.

Au moment où je vous parle, il ne reste plus que neuf barrages et les forces de l’ordre ont entamé une progression prudente pour se sécuriser, pour sécuriser aussi les personnes qui tiennent ces barrages. Parce que, bien sûr, c’est notre honneur que de faire un maintien de l’ordre respectueux des différentes doctrines arrêtées en la matière.

La deuxième des choses, c’est être présents la nuit et je tiens à rendre hommage particulièrement aux forces de sécurité qui s’impliquent, au RAID et au GIGN, puisque, la nuit, nous avons des personnes qui sont prêtes à en découdre et qui engagent, avec des armes à feu ou à coups de jets d’acide, directement, les forces de l’ordre. 

Une présence particulièrement importante la nuit qui se traduira, et c’est mon troisième point, par une judiciarisation.

Un certain nombre d’individus font l’objet actuellement d’identification criminelle et seront déférés, le cas échéant, dans les jours prochains devant l’autorité judiciaire. Ça, c’est pour la réponse sur le terrain de la sécurité. »

LE DIALOGUE SOCIAL MAIS PAS SANS MÉTHODE

Si le ministre est en Guadeloupe, c’est pour répondre à une demande, des élus, de l’intersyndicale. Une demande de dialogue. Pour répondre aux attentes des soignants et des sapeurs-pompiers, pour répondre aussi à l’intersyndicale qui a déposé uneplateforme de revendications. Et là, Sébastien Lecornu fait un distingo. 

« Il nous faut mener un dialogue social avec deux publics. Les personnels soignants de l’hôpital, qui ne sont pas vaccinés et les sapeurs-pompiers qui ne sont pas vaccinés et qui ne sont plus en conformité avec la loi de la République qui prévoit cette obligation vaccinale.

Pour les sapeurs-pompiers c’est en grande partie aux élus du Département, notamment du du service départemental d’incendie et de secours, que de mener ce dialogue.

Mais, il est clair que l’État employeur pour les centres hospitaliers et les EHPAD également, doit mener un dialogue social de qualité.

Avec celles et ceux qui sont suspendus, soyons clairs, la loi de la République s’appliquera ici en Guadeloupe, comme en Martinique parce que ce sont des départements français à part entière. Personne ne comprendrait qu’une loi de protection sanitaire, qui protège non seulement les soignants mais aussi ceux qui peuvent y avoir malheureusement recours, ne soit pas appliquée.

Néanmoins, pour les personnes qui sont suspendues, nous allons rentrer dès lundi dans un dialogue individuel, au cas par cas, qui va permettre de trouver une solution. Lorsqu’on est technicien dans un centre hospitalier, qu’on décide de dire de son propre chef : « Je ne me ferai pas vacciner, il faut savoir l’entendre et il faut savoir créer les conditions d’une mobilité professionnelle pour cette personne. C’est une démarche de bon sens qui permet aussi d’appliquer la loi de la République. »

DES DISCUSSIONS DE TRAVAIL ET PAS DE GRAND-MESSE

Le Collectif comprend une trentaine de syndicats et associations de lutte contre la vaccination obligatoire et le passe sanitaire. Une dizaine de syndicats devraient être reçus ce matin. @CL

Les services de renseignements ont fait remonter aux autorités de l’Etat que l’intersyndicale entend venir en nombre à des négociations qui devraient se tenir en sous-préfecture ce lundi matin. L’intersyndicale qui a fait savoir qu’elle n’était pas là pour offrir une tribune et permettre au ministre de faire de la communication. Il semble que Sébastien Lecornu ne soit pas là non plus pour cela…

« Évidemment, un certain nombre de forces syndicales du territoire souhaitent, c’est bien légitime, me rencontrer. J’ai donc accepté, demain matin, en sous-préfecture de Pointe-à-Pitre, de recevoir une dizaine de personnes tout au plus pour échanger sur les différentes revendications, essentiellement sanitaires, vaccinales.

J’ai cru comprendre par une déclaration récente que ces différents groupes souhaitaient venir à plus d’une trentaine de personnes. Je le redis, si je me suis déplacé en Guadeloupe ce n’est certainement pas pour céder à quelque pression que ce soit.

C’est une réunion de travail que je souhaite et certainement pas une grand-messe pour faire de la communication.

Je réitère mon souhait de dialoguer, de discuter avec ces différentes personnalités, mais dans un format d’une dizaine de personnes qui me permettra de travailler. »

LE MINISTRE EXIGE DE LA CLARTÉ SUR LE SOUTIEN DES SYNDICATS AUX PERSONNES INTERPELÉES POUR FAITS DE VIOLENCE

« Je leur dirai aussi que je suis plus que choqué par ce qui a été écrit dans le document que les syndicats ont remis à la presse ou ils demandent précisément la libération de ces personnes qui ont été interpelées ces jours derniers pour des faits de violence contre les policiers et les gendarmes.

Je pense que, là aussi, il faut de la clarté. J’ai moi-même engagé un débat de clarté sur le respect de la loi de la République. Il s’agit d’un sujet grave : voir des représentants syndicaux qui demandent, au fond, qu’il y ait une excuse pénale pour les personnes qui s’en sont pris aux policiers, aux gendarmes.

La main est tendue. Néanmoins, ça reste une main de fermeté. J’accepterai de dialoguer avec ces personnes demain. Mais, je leur dirai aussi droit dans les yeux qu’ils (les syndicats) doivent condamner les violences, d’où qu’elles viennent. »

Le ministre des Outre-mer a conclu son discours avant de disparaître dans la nuit avec son escorte de conseillers : « Ici, c’est la République et donc les lois de la République ont vocation à s’y appliquer. Je ne suis pas venu ici pour incarner un État faible, mais aussi, évidemment, un État qui dialogue puisque la force de la République, c’est de dialoguer, d’appliquer les lois. »

A suivre… à la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre où les négociations doivent débuter ce lundi matin.

André-Jean VIDAL

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