Après l’avis tant attendu de la Haute autorité de santé, en Guadeloupe, les négociations pour les conditions de réintégration des personnels suspendus, dans les établissements de santé privés, auront lieu jeudi 6 avril, à la Polyclinique.
Mobilisés depuis juillet 2021 contre l’obligation vaccinale, pour les personnels de santé suspendus sans salaire depuis 17 mois pour certains, c’est un nouveau round qui commence. Jeudi 6 avril, les négociations pour les conditions de réintégration des personnels suspendus du privé se dérouleront à la Polyclinique de Pointe-à-Pitre. La question – et le montant – des indemnités, la mise à jour des carrières et d’autres points seront à l’ordre du jour.
« Nous n’accepterons pas n’importe quoi !, prévient Roseline Saint-Marc, secrétaire médicale-facturière et déléguée syndicale à la Clinique Choisy (Le Gosier). Je ne suis pas soignant, je n’étais en contact avec aucun patient dans mon activité, pourtant j’ai été suspendue sans possibilité de bénéficier des Assedic, sans mutuelle, ce qui a pénalisé des familles entières. Un jour, on nous a applaudis et le lendemain, nous étions des pestiférés : nous avons souffert de cette situation. Ma tension et mon diabète sont détraqués. Aujourd’hui, le combat commence pour reprendre correctement notre activité. »
« Nous devons être réhabilités. »
Les suspendus, qui assument pleinement leur choix, entendent reprendre le travail « la tête haute, témoigne une infirmière. Nous ne sommes pas fous. Nous devons être réhabilités dans nos droits et respectés en tant que professionnels de santé ! »
Devenu lieu de vie, de partage, de solidarité, le Bik installé sur le parking du CHU (Pointe-à-Pitre) a été une bouée de secours pour les suspendus pendant plus d’un an. « Ailleurs, en France, il y a eu des suicides chez les suspendus, rappelle Roseline Saint-Marc. En Guadeloupe, nous avons la chance de nous retrouver au Bik pour nous soutenir mutuellement. Le Bik nous a aidés à tenir ! »
Cécilia Larney
Une croisade juridique s’annonce
Suite à la décision du Tribunal administratif, qui a rejeté les demandes de réintégration et d’indemnisation de 16 dossiers présentés, l’UTS-UGTG annonce sa décision de faire appel.
« L’administration a fauté, tant dans le public que dans le privé, soutient Gaby Clavier, secrétaire de section UTS-UGTG CHU. Dans le public, des décisions ont été prises sans consultation préalable des instances, sans convocation des personnels, sans entretien préalable prévus par la loi. Dans le privé, les suspensions ont été appliquées sans notification de décision. Certains, alors qu’ils étaient en grève, ont été suspendus… Aujourd’hui, avec l’avis de la Haute Autorité de Santé, il n’y a plus de débat sur la réintégration, mais sur le montant des indemnités à verser aux salariés suspendus pour le préjudice subi. Or, la décision du Tribunal administratif signifie que les personnels seront réintégrés sans indemnisation. Ça ne passera pas ! »
Au CHU, pour 159 salariés, l’UTS-UGTG chiffre à plus de 6 millions d’euros le montant des indemnités à verser.
Le syndicat annonce par ailleurs que 150 autres dossiers de réintégration et d’indemnisation seront présentés dans les prochaines semaines. « Nous constituerons plusieurs types de dossiers pour harcèlement, pour faux et usage de faux…, précise Gaby Clavier. Nous n’en avons pas fini ! »