Une vidéo montrant les Urgences du CHU de Guadeloupe a circulé sur les réseaux sociaux avec un commentaire de Jocelyn Zou, du syndicat SDIS 971-FO. La direction du CHU adonné des explications. Olivier Serva, député, s’est emparé du sujet, le préfet aussi.
« Des patients en salle d’attente depuis des heures
qui n’ont pas vu un seul médecin de la journée »
« Des ambulances bloquées au CHU, remplies de victimes depuis des heures. 4 à 5 heures d’attente. D’autres victimes sont placées au milieu de la salle d’attente sur les brancards des sapeurs-pompiers. Des collègues sapeurs-pompiers qui crèvent la dalle, en hypoglycémie.
Des patients en salle d’attente depuis des heures qui n’ont pas vu un seul médecin de la journée, soit près de 14 heures.
Comment comprendre une situation où les victimes conduites aux urgences attendent autant d’heures sur nos brancards et certaines dans les cellules VSAV (ambulances) ?
Avec surprise nous apprenons qu’il n’y a plus de place dans les chambres, donc plus de brancards disponibles.
Cette situation est récurrente et ce n’est pas le nouvel hôpital qui changera les choses avec moins de lits à disposition pour les familles Guadeloupéennes. Entre-temps, les plans sociaux annoncés pour le CHU n’augurent aucun changement. Moins de lits, moins de personnels, donc nous ne sommes pas au bout de nos souffrances.
J’appelle à la prise de conscience de mon peuple, nous ne pouvons plus laisser les choses en l’état sous peine d’être complices de ce système mortifère qui petit à petit prive les plus défavorisés de soins.
Ka nou ka fè ? », dénonce Jocelyn Zou, secrétaire général adjoint du syndicat SDIS 971-FO.
La direction du CHU a réagi
« Durant les fêtes de fin d’année, le service des urgences du Centre Hospitalier Universitaire de la Guadeloupe (CHUG) a enregistré une augmentation notable de sa fréquentation : 130 passages par jour contre une moyenne habituelle de 90 passages avant les fêtes.
A partir du 26 décembre 2024, le service a enregistré des pics d’activité allant à 150 passages par jour, représentant une hausse de près de 50 % par rapport à la normale.
Ces tensions s’expliquent par plusieurs facteurs :
. Un taux élevé d’accidentologie (accidents de la route, agressions, alcoolisation), particulièrement durant les fêtes.
. Un nombre important des patients âgés nécessitant des prises en charge longues et complexes, auxquelles se greffent des problématiques sociales en lien avec leur isolement.
. La difficulté à obtenir un rdv en médecine de ville durant la période des fêtes, ce qui oblige les patients à se diriger vers le CHUG.
Il est à noter que le CHUG, principal établissement de recours en Guadeloupe, joue un rôle essentiel dans la prise en charge programmée et non programmée des patients en collaborant étroitement avec les autres établissements publics et privés du territoire mais également avec les médecins de ville.
Cette collaboration vise à fluidifier le parcours de soins des patients avec la mobilisation de lits d’aval pour optimiser les hospitalisations et sécuriser le retour à domicile.
A ce titre, le CHUG réaffirme son engagement constant en faveur d’une prise en charge rapide et adaptée des urgences vitales, particulièrement en cette période festive où l’afflux de patients a connu une hausse significative.
Il est rappelé à l’ensemble de la population qu’il est pertinent de privilégier la consultation de son médecin traitant ou des maisons médicales de garde et, si nécessaire de contacter le 15 pour être orienté vers la structure de soins la plus adaptée.
Avec le démarrage de la période carnavalesque, il est primordial de redoubler de vigilance, notamment sur les routes et concernant la consommation d’alcool. Ces précautions sont essentielles afin de limiter les accidents et préserver les capacités des urgences pour les situations vitales.
Le CHUG remercie chaleureusement l’ensemble de ses équipes ainsi que les services de secours pour leur professionnalisme et leur engagement. Malgré la pression liée à cette période critique, les effectifs étaient au complet et mobilisés pour répondre aux besoins des patients. »
Olivier Serva et le préfet en synergie
Lundi 7 janvier 2025, le député Olivier Serva a rencontré les délégués syndicaux F.O Carl Chipotel, Bruno Marie et Sylvain Barvaut. Alerté par la problématique inquiétante liée au blocage des VSAV (Véhicules de Secours et d’Assistance aux Victimes) aux urgences du CHU Pointe- à-Pitre / Abymes, il a immédiatement réagi.
« Cette situation impacte de façon inquiétante les finances du SDIS-971 et donc leurs capacités d’investissement en matériel et en infrastructure.
A la suite de cette rencontre, le député a contacté le préfet, responsable opérationnel des secours, afin de trouver des solutions en termes de régulation. Le député est satisfait de l’écoute active de M. le préfet qui s’est engagé à réunir au plus vite le directeur de l’ARS, le directeur général de l’hôpital, le responsable des pompiers, le responsable des urgences autour de lui afin de trouver des solutions rapides.
Plus grave encore, la sécurité des citoyens est en jeu. Il arrive fréquemment que plus de dix véhicules de pompiers soient bloqués devant les urgences du CHU de Pointe-à-Pitre avec à l’intérieur au minimum quatre pompiers et les victimes en souffrance parfois pendant des heures : c’est insupportable. En effet, au-delà de la souffrance des victimes, ce sont autant de moyens matériels et humains qui ne sont pas au service de la population guadeloupéenne qui pourrait en avoir besoin par ailleurs.
Une des solutions parmi d’autres serait la création d’un sas au sein de l’hôpital, avec des brancards armés par les pompiers qui surveilleraient les patients. En effet, cela permettrait de libérer les véhicules en attente ainsi que les pompiers mobilisés tout en permettant aux victimes de bénéficier d’un accueil plus approprié que dans un véhicule de pompier. Par ailleurs, un accueil dédié aux pompiers tenant compte de leur caractère de secours d’urgence serait une autre solution. »