Depuis novembre, les élus de la Guadeloupe, pressés par la crise sociale, laissés par l’Etat au premier plan face aux mécontentement de la rue, ont décidé de travailler ensemble. Et ils avancent, sur une feuille de route commune, chacun avec sa voix, mais sans discordance.
En décembre, ces élus — les présidents Ary Chalus et Guy Losbar (et Jean-Philippe Courtois), Jocelyn Sapotille (Héric André lui a succédé à l’association des maires), les sénateurs Victorin Lurel, Dominique Théophile, Victoire Jasmin, les députés Max mathiasin, Hélène vainqueur-Christophe, Justine Bénin, Olivier Serva — ont rédigé, après plusieurs rencontres avec les partenaires de la société civile, d’autres élus, une première série de propositions pour une sortie de crise.
Jeudi 17 février, ils ont détaillé à l’ensemble des médias une plateforme de propositions ambitieuse. Presqu’un milliard d’euros, dont 457 millions apportés par l’Etat, 366 millions par les collectivités locales. il existe un différentiel de 124 millions d’euros, à obtenir de l’Europe et des EPCI, pour l’eau.
Une plateforme qui reprend les propositions des élus pour mettre la Guadeloupe et les Guadeloupe au cœur des préoccupations :
Tour à tour, chacun a pris la parole pour présenter cette plateforme, sous la présidence de Guy Losbar, président du Conseil départemental : Marie-Luce Penchard, vice-présidente de la Région Guadeloupe, Dominique Théophile, Victorin Lurel, Héric André, en présentiel, Justine Bénin en visioconférence — il y avait aussi en distantiel Max Mathiasin, Victoire Jasmin, Olivier Serva.
La crise sanitaire, le refus de la vaccination, ont entraîné une crise sociale qui s’est vite transformée en crise socétiale, le feu étant habillement attisé par le Collectif des organisations en lutte face une attitude intransigeante de l’Etat.
Les élus ont été vite pris entre deux feux, incapables de répondre aux exigences de la société locale sur certains points régaliens (secteurs où ses l’Etat est compétent), notamment la santé et poussés à la faute par l’Etat peu désireux d’aller plus loin qu’un plan de relance post-crise sanitaire d’un milliard d’euros.
Ils demandaient plus de compétences, l’Etat a répondu autonomie. Pour faire peur ? Il faudrait sonder Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, pour en savoir plus. Disons que l’Etat a voulu forcer les élus à prendre leurs responsabilités. A être audacieux. Si c’est ça…
Le président du Conseil départemental est revenu sur l’unanimité, toutes tendances politiques des élus, d’aller de l’avant :
Que veulent les élus entendus par la presse locale ce jeudi matin ? Renverser la vapeur : tout vient d’en haut, de l’Etat, du gouvernement, depuis trop longtemps, sans que soient prises en compte les spécificités — nous dirons réalités -—locales. Cette fois-ci, forte de propositions concrètes réalistes, chiffrées, d’une volonté farouche d’aller au bout de ce projet de société, la classe politique entend que l’élan vienne d’ici. De la Guadeloupe.
Tous les élus qui se sont exprimés ont dit leur souhait d’apporter des solutions à la crise, c’est le milliard d’euros mis par l’Etat et les collectivités, tout en réservant un temps, celui de la réunion du Congrès des élus, ouvert aux maires grâce à un amendement du sénateur Dominique Théophile, pour parler du statut. Toujours d’une seule voix.
Guy Losbar annonce le Congrès des élus sur le statut de la Guadeloupe :
« Une démarche historique ! », ont-ils dit
Interrogés si le temps, celui des échéances électorales au niveau national, n’allait pas contrarier l’avancée de ces dossiers, les élus ont répliqué que, quelle que soit la majorité à l’issue de la présidentielle et des législatives qui s’ensuivront, le travail effectué d’ici là — une réunion spécifique avec le président de la république Emanuel Macron et les ministres pour parler de la plateforme, les discussions pour affiner encore plus les propositions, la réunion du Congrès des élus — sera sur la table. Et qu’il faudra aller au bout.
Ils n’ont pas dit sous peine de révolution, mais ils le pensaient sûrement car les dossiers s’accumulent et le pays ne va pas bien du tout : eau, assainissement, transport, formation, emploi, économie en berne, logement, habitat, infrastructures de culture, etc. Ils ont entendu le ras-le-bol de la foule.
Pour chaque thématique, il y a des propositions et une somme en face.* Somme calculée au plus près avec les experts dont disposent ces élus.
Les élus affichent une volonté unanime. Reste à ne pas « débander », comme on dirait chez nous. Et ailleurs aussi.
Marie-Luce Penchard, vice-présidente de la Région, témoigne de la volonté des élus de renverser la procédure de prise de décision :
André-Jean VIDAL