Guadeloupe. Produire 100 millions d’œufs c’est possible !

La filière élevage dans toutes ses composantes peine à se développer alors que les perspectives de développement du marché local sont nombreuses avec une population qui avoisine les 400 000 habitants. Cependant, avec le soutien de la Région, des élevages se développent.

Cette réalité concerne aussi la production avicole confrontée à l’importation de poulets surgelés à très faible prix, au manque de producteurs pour les œufs et les poulets, à la fragilité économique des exploitations, souvent de petite taille (à part trois). 

La Région Guadeloupe, dans le cadre du SRDEii, s’est fixée pour objectif d’accompagner les socio-professionnels engagés dans le développement pérenne de la production avicole. 

C’est une ferme modèle, sur deux sites peu éloignés l’un de l’autre, tous deux à Anse-Bertrand : la Ferme Agwavic et la Ferme de Saint-Jacques. Ces deux fermes sont gérées par Franck Desalme, directeur général des GMA dont elles sont des filiales, tout comme l’abattoir de volailles, AGC Volailles, à Jaula/Lamentin, visité vendredi par le président Ary Chalus et une délégation du Conseil régional.

Des installations modernes :

Ces deux fermes d’Anse-Bertrand sont spécialisées dans la production d’œufs : 21 millions d’œufs chaque année, pondus par deux fois 45 000 pondeuses et distribués par ces deux structures qui composent 38% de la production locale estimée à 56 millions d’œufs (Agreste 2022).

Pour surveiller la production, le conditionnement et la commercialisaton, il y 13 salariés qui évoluent dans un univers quasi stérilisé, avec douchettes et pédiluves à l’entrée de chaque hangars, automatisation de la récupération et du transfert des œufs vers un hangar de conditionnement par tapis roulant.

Le transfert est automatisé :

Ces installations en pleine campagne, aérées naturellement, sont très propres, qui abritent des poules élevées au sol dans des volières (Gwadavic) et d’autres dans des cages (Ferme de Saint-Jacques). Les premières produisent des œufs de code 2 et les autres des œufs de code 3.

La tendance actuelle étant aux élevages au sol, plus « humains », à terme toutes les bestioles seront maintenues dans des volières.

Produire des œufs en Guadeloupe est un challenge, que Franck Desalme et ses équipes ont relevé. Mais, si les producteurs d’œufs veulent se développer — avec le soutien de la Région — la marge est encore grande : l’autosuffisance en œufs cela veut dire plus de 100 millions d’œufs annuels pour la quinzaine de producteurs dont trois majors : Gwadavic/Saint-Jacques, Belle Hôtesse et la SICA Aviculteurs Guadeloupéens. Cela veut dire doubler le nombre de poules pondeuses, afin de satisfaire le marché local mais pas que…

En effet, il y a des parts de marché à conquérir : celui des œufs pour ravitailler les paquebots

(ils reçoivent les œufs d’Europe par avion) mais il y a d’autres utilisation à ne pas négliger : les ovoproduits de « première transformation » qui sont simplement issus du cassage des œufs. On retrouve donc le blanc, le jaune et l’entier sous forme liquide, congelée ou en poudre. Ces ingrédients sont majoritairement utilisés par les industries agro-alimentaires ;

les ovoproduits de « seconde transformation » sont soit des œufs cuits, des ovoproduits formulés et/ou cuisinés. Dans ce cas, ils sont utilisés directement par les consommateurs ou par les professionnels de la restauration hors domicile.

Ainsi, comme le déplorait Franck Desalme, les œufs fendus, par exemple sont jetés… au lieu d’être traités. Le potentiel, martellait-il, est ÉNORME !

Franck Desalme :

Quoiqu’il « mange les œufs par six », Ary Chalus n’en a pas moins manifesté son étonnement et son enthousiasme pour les deux fermes.

La filière avicole a été, comme la plupart des secteurs agricoles, choyée par la Région. A tout le moins les satellites de GMA.

Depuis 2017, la Région Guadeloupe a fortement investi dans le développement de la filière avicole. Un choix stratégique qui a permis notamment d’augmenter significativement la production locale de poulet (de 1 000 à 4 000 avec un objectif de 6 000 poulets/semaine), de proposer une offre plus diversifiée (poulets entiers, cuisses, filets), de permettre la structuration des unités de production, d’infléchir la courbe des importations de volailles en interpellant notamment les habitudes du consommateur, enfin d’augmenter la valeur ajoutée de cette filière.

Franck Desalme, a sollicité la collectivité régionale au travers des financements européens pour l’extension de ses unités de production, l’acquisition de matériels pour augmenter la productivité et réduire la pénibilité du travail, la rénovation et autonomisation de ligne de production, la modernisation des bâtiments de production, la création d’un centre d’emballage, l’augmentation de la capacité de production des poules au sol.

Ces investissements ont représenté un coût total de 1,8 million d’euros, avec une participation publique apportée par l’Union européenne, l’Etat et l’ODEADOM, d’un montant de 950 000 €.

Ary Chalus :

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