Au terme de la 4e journée d’audience du procès intenté par Gérard Cotellon, ancien directeur du CHU de Guadeloupe au syndicaliste de l’UGTG, Gaby Clavier, le Tribunal de Pointe-à-Pitre a mis sa décision en délibéré au 21 juin.
Les trois précédentes audiences (7 décembre 2021, 1er février, 15 mars) ont permis d’entendre les 14 témoins cités par les avocats chargés de la défense de Gaby Clavier. Le leader syndical est accusé d’avoir proféré des menaces de mort à l’encontre de Gérard Cotellon, alors directeur du CHU de Guadeloupe, promu depuis directeur de l’Agence Régionale de Santé de La Réunion.
Ce jeudi 5 mai, au Tribunal de Pointe-à-Pitre, la parole était à la partie civile et au ministère public. Me Yannick Hodebar et Me Josselin Troupé, avocats de Gérard Cotellon, absent à l’audience, ont insisté sur « l’enfer » vécu par leur client, Gérard Cotellon, pour qui la vie était devenue « impossible » en Guadeloupe.
« Gérard Cotellon a très mal vécu ces attaques contre sa personne. »
Me Yannick Hodebar, avocate de Gérard Cotellon.
« On a eu l’impression, qu’il s’agissait du procès du CHU, de la politique sanitaire en Guadeloupe, de l’Agence Régionale de Santé, de Gérard Cotellon, alors qu’il s’agit bien aujourd’hui du procès de M. Clavier, a rappelé Me Hodebar. En acceptant ce poste en Guadeloupe, le CHU étant un lieu de mécontentement, Gérard Cotellon savait que la tâche serait difficile, et que rien ne lui serait pardonné. Alors qu’il ne faisait qu’appliquer la loi, M. Cotellon a très mal vécu ces attaques physiques, verbales contre sa personne et partagées sur les réseaux sociaux. »
L’usage de la langue créole étaient à nouveau au cœur des débats, ce jeudi. Les avocats de la défense autant que les témoins se sont appliqués, lors des précédentes audiences, à démontrer que l’expression reprochée à Gaby Clavier n’avait aucunement valeur de menaces, rappelant que le créole est une « langue imagée ».
Pour Me Hodebar, avocate de Gérard Cotellon, cela ne fait aucun doute : « Les mots en créole utilisés par M. Clavier et qui renvoient au champ lexical de la mort sont une menace caractérisée. »
A l’issue de leur plaidoirie, les avocats de la partie civile ont réclamé la condamnation de Gaby Clavier pour « menaces de mort » à l’encontre de Gérard Cotellon, assortie de 4 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros au titre du préjudice moral. La décision du Tribunal est mise en délibéré au 21 juin.
Cécilia Larney
Patrick Desjardins, procureur : « Nul n’est au-dessus des lois ! »
Dans son réquisitoire, le procureur Patrick Desjardins a souligné le parcours « magnifique de Gérard Cotellon, enfant de la Guadeloupe et de la méritocratie, un grand fonctionnaire qui a eu le courage d’accepter un poste difficile », établissant un parallèle avec celui de Gaby Clavier, agent hospitalier de catégorie A. « La Guadeloupe a besoin de ces grands fonctionnaires, pas d’un entre-soi avec des gens qui ne veulent pas qu’on remette en cause leur pré-carré », a martelé Patrick Desjardins.
Une sanction qui fait grincer des dents
« Vous êtes un leader syndical adulé, a-t-il lancé à Gaby Clavier, mais vous n’aviez pas envie d’un directeur de la même génération que vous et qui ne se laissait pas faire par votre diktat ! Votre responsabilité est immense : vous avez appuyé sur le bouton Déchaînement de la haine. Vous devez être condamné. Nul n’est au-dessus des lois ! »
Patrick Desjardins réclame plusieurs sanctions à l’encontre de Gaby Clavier, dont l’une qui fait déjà grincer des dents… Six mois d’emprisonnement avec sursis, 2000 euros d’amende pour refus du prélèvement biologique, interdiction d’accéder à l’enceinte du CHU pendant 5 ans. « J’ai entendu beaucoup d’agents du CHU qui n’en peuvent plus du climat de peur, a justifié Patrick Desjardins. Ces gens doivent être apaisés. »