Guadeloupe. Pointe-à-Pitre : les foyers de délinquance passés au crible

Minutieuse et inédite, la mise en commun des problématiques observées à Pointe-à-Pitre, par le comité de pilotage du CLSPD*, permettra – enfin -, de déployer des actions ciblées et donc, plus efficaces, pour lutter contre la délinquance juvénile.

Une rencontre entre professionnels de la Justice, de la sécurité, de l’Education nationale, éducateurs de rue, travailleurs sociaux… qui fera date. Réunis en ateliers au centre Rémy-Nainsouta de Pointe-à-Pitre, en présence du maire, Harry Durimel, de la procureure Caroline Calbo, du sous-préfet, Jean-François Moniotte, le Comité de pilotage du CLSP a listé les problématiques observées par quartiers, par tranches d’âges… en lien avec la délinquance juvénile. Une réunion de travail qui figurait parmi les priorités définies lors de la séance plénière du CLSP* de Pointe-à-Pitre, le 14 mars.

« Le plan stratégique validé le 14 mars pour 2024/2026 incluait plusieurs actions prioritaires dont la lutte contre la délinquance juvénile, rappelle Jean-François Moniotte, sous-préfet de Pointe-à-Pitre. La réunion des acteurs de terrain qui oeuvrent au quotidien pour lutter contre cette délinquance juvénile permettra de voir ce qui existe déjà, ce qu’ils jugent pertinent d’améliorer ou de créer pour lutter contre cette délinquance juvénile. »

Des objectifs communs
pour prévenir la délinquance juvénile

Caroline Calbo, procureure (à droite), à l’atelier Quartiers.

Cartographie de la délinquance juvénile, élaboration de politiques publiques efficientes, actions prioritaires, évaluation des actions mises en place sont les quatre points qui ont occupé les 34 membres du comité de pilotage, répartis en quatre ateliers.

« Il est important de se concentrer sur la prévention de la délinquance juvénile à Pointe-à-Pitre, qui soulève d’abord des questions éducatives, et pour travailler sur cette notion de violence dans la société et notamment chez les jeunes, explique Caroline Calbo, procureure. Beaucoup de 14 à 17 ans sont impliqués dans des vols avec armes. Il faut travailler en amont sur l’accompagnement à mettre en place : comment combattre le décrochage scolaire, l’oisiveté… C’est très intéressant de croiser nos regards pour dégager des objectifs communs pour la prévention de la délinquance juvénile. »

Un état des lieux sans filtre

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre, avec Jean-François Moniotte, sous-préfet.

La restitution – sans filtre – des échanges à l’issue des ateliers était particulièrement édifiante. La cartographie de la délinquance juvénile par quartiers (Lauricisque/Bergevin/Henri IV, Hôtel de ville/Assainissement/Mortenol/Lauriers, Centre-ville, Fonds Laugier/Dugommier/Carénage/La Marina) donne une idée très précise des causes de l’insécurité qui gangrène le quotidien des habitants.

Squats, prostitution masculine émergente, oisiveté marquée au sein de certains quartiers, consommation d’alcool, de drogue par des groupes de jeunes, prostitution alimentaire, vols à l’arrachée, prostitution, errance de SDF, d’individus manifestant des troubles psychologiques, nuisances sonores…

Le constat est rude, mais la ville de Pointe-à-pitre, tous les acteurs engagés dans la lutte contre la délinquance à Pointe-à-Pitre sont décidés à trouver les « vrais remèdes », selon l’expression du maire de Pointe-à-Pitre. « Grâce à cette séance de travail, on sait que de 0 à 12 ans, il y a surtout des carences au niveau de la parentalité liées à des difficultés sociales de la famille, des violences intrafamiliales, indique Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre. Dans certains secteurs, la prostitution formelle et informelle se traduit par des actes de violence, des agressions physiques… Nous allons au fond des choses, de façon détaillée, pertinente, pour trouver de vrais remèdes et non se limiter à des incantations. Nous sommes en phase d’action ! »

La phase suivante sera l’élaboration d’un plan d’action, suite à ces échanges, courant juin, avant « la mise en application immédiate », précise Jean-François Moniotte, des actions qui auront été retenues.

Cécilia Larney

*CLSPD : Comité local de sécurité et de prévention de la délinquance

Des maux…

Au-delà du constat, le Comité de pilotage s’est appliqué à émettre des solutions adaptées à chaque problématique. Par tranches d’âges (0 à 12 ans, 13 à 17 ans, 18 à 21 ans), le constat est tout aussi alarmant. Addiction des parents et de certains jeunes, troubles apprentissage des enfants, carences éducatives, maltraitance, perte de repères, décrochage scolaire, manque de formation, chômage, sentiment de toute puissance, rapport à l’autorité très conflictuel, harcèlement, développement du trafic illicite, absence de dialogue, d’écoute…

Et des préconisations…

Mise en place de maisons de la parentalité pour favoriser l’éducation des parents, créations de structures sportives, espaces d’expression (bik a pawòl), éducation à la sexualité, sensibilisation aux dangers des réseaux sociaux, développer le potentiel artistique, mise en place de séjours de rupture avec l’environnement habituel, développer la mobilité, augmenter les moyens des organismes d’insertion, donner goût au travail…

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