« Nous sommes passés d’un Etat providence à un Etat protecteur et là, nous avons, un Etat pénitence. » Patrick Kanner, sénateur
Une délégation du Groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain au Sénat a passé trois jours en Guadeloupe avant quatre jours en Martinique. Dans le même temps, une autre délégation est successivement à Mayotte et La Réunion.
Que font-ils ? Ils rendent visite aux forces vives de ces régions pour rédiger un rapport. Ce n’est pas une mission officielle mais une initiative de Patrick Kanner, ancien ministre (de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, de 2014 à 2017, gouvernements Manuel Valls 2 et Bernard Cazenave, présidence de François Hollande), sénateur du Nord, président du Groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain.
Accompagné de Sylvie Robert, sénatrice d’Ille et Vilaine, Emilienne Poumirol, sénatrice de Haute-Garonne, Florence Blatrix Contat, sénatrice de l’Ain, et du régional de l’étape, Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, ancien ministre des Outre-mer de 2012 à 2014 (gouvernement Jean-Marc Ayrault, présidence de François Hollande), ils ont rencontré — à huis clos pour que les uns et les autres s’expriment en toute liberté — l’UDE-MEDEF, des chefs d’entreprises, des syndicalistes, des présidents d’associations, l’ALEFPA, visité le Parc Aquacole de Pointe-Noire, la société Croc’Saveurs, débattu avec un syndicat de police.
Que cherchent-ils ? A mieux appréhender les problèmes de la Guadeloupe, parler statut avec des universitaires, problématiques de l’eau et de l’assainissement, avec Sabrina Jacoly, plaignante au nom de l’association La Goutte d’eau, devant les autorités judiciaires, pour que les victimes du manque d’eau soient indemnisées.
« En trente ans de fréquentation assidue de la Guadeloupe, les thématiques sont toujours les mêmes », expliquait Patrick Kanner, devant un petit groupe de journalistes réunis à l’hôtel Arawak, au Gosier, dimanche. Comprendre qu’en trente ans, les problèmes cruciaux de la Guadeloupe n’ont pas été traités… Nadia Carle-Martias, suppléante du député Elie Califer, avait rejoint la délégation.
Patrick Kanner :
A quoi vont servir les notes tirées de ces rencontres ? Victorin Lurel : « J’ai été député quinze ans, mais depuis que je suis sénateur jamais je n’ai autant travaillé sur des thématiques aussi diverses. Là, après cette visite de mes collègues sénateurs, je vais travailler, plus officiellement, avec d’autres sénateurs sur l’agriculture en France ? Vaste sujet ! »
Victorin Lurel :
Patrick Kanner : « Il faut se déplacer en France et Outre-mer pour comprendre les problèmes de la France et des outre-mer, rencontrer des personnes du territoire, avoir une vue plus large. »
En fait, ces notes prises dans les quatre régions d’Outre-mer — Guadeloupe, Martinique, Mayotte, La Réunion — vont faire l’objet d’un livre blanc pour faire passer des messages, au Sénat, aux ministres, au gouvernement, au chef de l’Etat.
Dans le même temps, avec le soutien de Luc Cavournas, ancien sénateur et ancien député, maire d’Alfortville, président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS), Patrick Kanner va déposer une proposition pour la création d’une Agence indépendante d’évaluation des politiques publiques.
Patrick Kanner : « Les politiques publiques sont évaluées par le gouvernement. C’est trop facile ! Ce que je propose c’est une agence totalement indépendante qui évaluera les politiques publiques Outre-mer. Cette agence comprendra des parlementaires, des élus locaux, des syndicalistes, des personnalités qualifiées. C’est cette indépendance qui la rendra légitime. »
Il poursuit : « La non-résolution des problèmes des Outre-mer induit du désespoir, de déclassements, une dégradation républicaine, d’où ce que l’on a constaté à la dernière présidentielle : un vote protestataire, avec 50% d’abstention et le résultat que l’on a vu. La République s’arrête à l’Hexagone. »
Sylvie Robert, sénatrice de l’Ille-et-Vilaine : « Nous avons ici constaté les difficultés de la jeunesse, avec un accès au logement difficile, des difficultés à trouver un travail. Comment faire rester ces jeunes au pays, pour qu’ils contribuent à l’avenir de cette région ? », interroge-t-elle.
Le temps de leur escale en Guadeloupe, Patrick Kanner et les sénateurs ont eu pour cicérone (à la fois organisateur, guide, intermédiaire avec les universitaires, chefs d’entreprises, syndicalistes…) le premier secrétaire fédéral du Parti socialiste, Olivier Nicolas, candidat aux Européennes :
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com