Guadeloupe. « On ne parle plus de récession ! »

Comment se porte la Guadeloupe ? « Pas mal, merci ! » C’est ce qui ressort de la conférence de presse de Thierry Beltrand, directeur d’ l’IEDOM, et Domion Gordon, responsable des études et des établissements de crédit.

A l’international, nous apprennent-ils, l’OCDE, la Banque mondiale, le FMI ont révisé à la hausse leurs prévisions. Ces oiseaux habituellement de mauvais augure s’is ne crient pas cocorico annoncent que les perspectives sont meilleures même s’ils restent relativement mesurés.

« On ne parle plus de récession», traduit Thierry Beltrand.

Les tendances sont ce qu’elles sont avec les prix de l’énergie qui baissent la Chine qui est en plein rebond, le tourisme mondial et les autres services qui se refont une santé après le trou des années Covid.

« D’où, dit encore M. Beltrand, un regain de confiance mesuré. »

Les perspectives alors que « nous sommes quasiment revenus à la normale », sont à une baisse de l’inflation jusqu’à revenir en 2025 à une inflation supportable : 2%.

Néanmoins, il ne faut pas se faire d’illusion : « Nous ne reviendrons pas aux prix d’avant… », tempère le spécialiste.

En Guadeloupe, répercuter les surcoûts sur les prix

S’il n’y a pas de récession prévue par la Banque de France (l’organise de tutelle de l’EDOM), la croissance restera modeste, aux alentours de 0,6%, avec une inflation toujours élevée 5,4%, avec des précisions à 2,4% en 2024 et 1,9% en 2025. Ça c’est pour la France.

En Guadeloupe, l’indice de climat des affaires est toujours intéressant à décortiquer. 200 chefs d’entreprises sont sondés. L’indice est bon, à 113,9 contre 109,8 dans l’ensemble des Outre-mer. 100 étant la ligne médiane.

Si l’activité a repris, « est bonne », commente Thierry Beltrand, les délais de paiement se dégradent. Les coûts ont augmenté, d’où un surcoût qu’i est parfois plus difficile à sortir de la caisse. 90% des chefs d’entreprises ont subi une hausse des prix… et 75% entendent la répercuter sur les prix consentis aux clients.

Secteur par secteur

Secteur par secteur, Domion Gordon, responsable des études et des établissements de crédit, fait le point.

Banques : l’activité de crédit progresse (habitat et immobilier) de 3,3%, il y a une hausse des encours (L’encours est le montant total des crédits émis par une ou des institutions financières à une date donnée et non remboursés) des ménages et des entreprises. Mais, en baisse pour les collectivités locales.

Les dépôts de particuliers, importants en période de crise (les gens ne pouvaient pas dépenser à cause des confinements et des restrictions), se poursuivent mais, pour payer le surcoût lié à l’inflation, ils ont puisé dans leurs réserves…

Le surendettement a été important en 2022, avec 500 dossiers déposés, soit une augmentation de 30% à cause de la fragilisation des ménages et des incidents de paiement de crédits.

BTP : en 2022, l’activité a bien été orientée, mais il y a cependant des difficultés d’approvisionnement, une hausse des prix des matériaux, les prix des chantiers qui ont été réévalués à la hausse, une commande publique incertaine : 400 offres ont été lancées, 10% seulement ont abouti…

On constate, et c’est un facteur qui ne trompe pas, une baisse de la consommation de ciment de 4,3% et une nette hausse du coût de la construction qui passe de 2 100€/m2 à 2 600€. Ainsi, il y a moins de logements construits en 2022 = – 8,2%.

Tourisme : la fin de la crise Covid a boosté le marché, mais la hausse des prix des billets d’avion (47% en un an) risque d’obérer l’année 2023…

« Pour rester dans la course, la Guadeloupe doit faire les investissements qu’il faut, importants, au port et à l’aéroport », résume Thierry Beltrand.

C’est le gros défi de 2023 : lancer ces deux grands travaux structurants, avec des prix des matériaux qui augmentent toujours, tout comme les délais de paiement… Malgré cela les perspectives, disent les spécialistes, « restent stables. »

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