La Région Guadelope, à l’initiative d’Ary Chalus, a rendu hommage à Maryse Condé, sur le parvis du MACTe, hier soir.
Ils sont venus, Ils étaient tous là… autour de Sylvie Condé, l’une de ses filles, pour célébrer Maryse Condé.
Un millier de Guadeloupéen (ne)s ont rendu hommage à l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, née Boucolon, à Pointe-à-Pitre, il y a 90 ans, disparue le 2 avril 2024.
Maryse Condé, c’est une œuvre littéraire considérable, marquée par des ouvrages qui font référence dans la littérature française et mondiale : Ségou a consacré l’écrivaine qui, après cet essai parfaitement transformé, a plané au-dessus des lettres françaises.
Maryse Condé, qui avait en horreur, parce que noire, d’être classée en « littérature francophone » et non en littérature française, dans les rayons des librairies, même les plus prestigieuses, répliquait spontanément quand on lui parlait de l’Afrique et des Africains : « Je ne suis pas Africaine je suis Guadeloupéenne. Je suis noire c’est indéniable… » marquant avec l’intelligence des mots qui la caractérisait d’une part son attachement à sa Guadeloupe mais aussi sa fierté d’être noire, tout en faisant comprendre qu’on peut très bien être noire et d’ailleurs que d’Afrique, avec un autre vécu.
Cette Afrique, Maryse Condé l’a connue, d’abord au travers de rencontres avec des étudiants africains pendant ses études, puis en Afrique, après les indépendances. Tourmentée par ce qu’elle y a vu, qui ne correspondait pas réellement à cette Afrique fantasmée des étudiants des années 60 et de certains utopistes des années 2000. Elle y a même fait de la prison… pour espionnage. Des fois… le monde vacille sous les coups de boutoir des imbéciles.
Maryse Condé, après des expériences de traductrice — elle est aussi diplômée en anglais — de journaliste (notamment à Présence africaine puis au service Afrique de la BBC, à la radio, sur RFI), reprend ses études, passe une maîtrise, puis un doctorat. Elle a ensuite enseigné tout en écrivant.
Pendant une quinzaine d’années, Maryse Condé et son époux ont partagé leur temps entre les universités américaines où elle enseignait, Paris où elle publiait, et la Guadeloupe où elle se reposait. Dans une sorte de quiétude étonnante.
Les Guadeloupéen (ne)s avaient à côté d’eux une écrivaine mondialement connue… qu’ils ignoraient totalement. Jusqu’au jour où Maryse Condé a vendu sa maison de Petit-Bourg, quitté la Guadeloupe pour y revenir très rarement. Ceci non sans avoir dit en quelques phrases claquantes ce qu’elle pensait.
Publié, lue, étudiée, son œuvre vivante a connu, au fil des années une consécration en dehors du petit monde des lettres. Sans être un écrivain populaire au sens premier du mot, elle est un écrivain lu, reconnu, en dehors du microcosme français.
Prix Nobel (alternatif) de littérature, Maryse Condé a écrit jusqu’à son dernier souffle, par l’intermédiaire de son époux, Richard Philcox, son traducteur en langue anglaise, mais aussi sa plume quand Maryse Condé, presqu’aveugle, diminuée — mais l’esprit clair — ne pouvait plus faire l’effort nécessaire au travail de création. Maryse parlait, Richard écrivait.
Samedi soir, Maryse Condé a été honorée par ceux qui l’aimaient. Max Rippon pour dire un mot d’adieu à sa « Bien chère Maryse » .
Max Rippon :
Cette manifestation, sur le parvis majestueux du MACTe de Pointe-à-Pitre, organisée à l’initiative d’Ary Chalus et la Région Guadeloupe, a permis à tous ceux qui avaient quelque chose à dire de se manifester : Joël Nankin et d’autres, pour chanter et rappeler que Maryse Condé était quelque part une indépendantiste, à tout le moins une nationaliste guadeloupéenne.
Joël Nankin :
Dans tous les cas, une personnalité farouchement indépendante.
Ary Chalus a dit son admiration pour l’écrivaine, la femme guadeloupéenne et annoncé que l’aéroport international dit Pôle Caraïbe serait officiellement rebaptisé Maryse-Condé. Bonne nouvelle !
Ary Chalus :
André-Jean VIDAL