Guadeloupe. Marie-Galante : usine sucrière, collège unique, mise en valeur des sites, plateforme maritime au menu du Conseil départemental

La présentation du front-de-mer, l’un des grands projets pour Grand-Bourg.

Une délégation du Conseil départemental, conduite par le président Guy Losbar, a visité Marie-Galante, pendant deux jours.

« Ce n’est pas une visite de courtoisie », a dit Guy Losbar.

C’est de travail qu’on parlait là. Rencontre avec les trois maires, Maryse Etzol à Grand-Bourg pour l’inauguration du marché au poisson, à l’aéroport où il est question de rallonger la piste de 500 mètres pour lui permettre d’accueillir des avions de toute la Caraïbe, au centre de secours des sapeurs-pompiers qui sera déplacé ailleurs, en zone non inondable — « C’est quand même étonnant que les premières personnes secourues chaque fois qu’il y a une catastrophe, ce soient les sapeurs-pompiers ! », s’est exclamée Maryse Etzol. Il sera inauguré en 2025.

Plus tard, le même jour, la délégation a été reçue à Capesterre, par le maire, Jean-Claude Maes. Réception en mairie et signature d’un Contrat Péyi, qui permettra à cette commune très endettée par une précédente administration, de se voir allouer des financements pour des travaux indispensable d’aménagement de la commune : le port, une rue, des routes, mais aussi des soutiens en matière de culture et de sport. Soutiens financiers mais aussi ingénierie avec un agent du Conseil départemental détaché.

En fin de journée, François Navis, maire de Saint-Louis, a accompagné les élus départementaux à la mare de Saint-Charles, l’une des douze mares qui sont en voie de réhabilitation pour l’agriculture, l’élevage, mais aussi le tourisme.

En mairie, le président Guy Losbar et François Navis ont signé le Contrat Péyi avant de recevoir les socioprofessionnels de l’île.

L’usine de Grande Anse,
poumon économique de l’île

Vendredi matin, les élus ont visité l’usine sucrière de Grande-Anse, dont les machines ont été rénovées pour broyer la canne de la Grande Galette — environ 60 000 tonnes cette année, prévision des experts — et produire ce sucre que nous aimons tant.

Visite guidée par Martyr Nagau, président du conseil d’administration de la Société sucrière et rhumière de Marie-Galante (SRMG) :

Sept millions d’euros — mais il en faudra trente pour que l’usine soit pérenne — ont été nécessaires pour réhabiliter le site industriel qui a été sinistré par une panne générale il y a deux ans. Un moment, faute d’usine, les agriculteurs ont pensé transporter en barge vers le continent et l’usine de Gardel les cannes récoltées… Idée mise en chantier puis abandonnée.

Une commission d’experts a émis l’idée que l’usine soit fermée, que les cannes alimentent les distilleries… mais les élus, les planteurs, et l’Etat ont accordé leurs violons pour mettre au pot et conserver cet outil industriel qui fait vivre des milliers de personnes.

Au premier rang de ce combat pour pérenniser l’activité de l’usine, Maryse Etzol, maire de Grand-Bourg, mais aussi présidente de la Communauté de communes (CCMG), dont la plupart des administrés des trois communes ont un intérêt à conserver l’usine.

Maryse Etzol, présidente de la Communauté de communes de Marie-Galante :

Après la visite de l’usine, le président Guy Losbar a débattu avec les planteurs de cannes de l’île. Ceux-ci ont souligné les difficultés qu’ils ont, difficultés financières — la prime bagasse, promise au moment des difficultés de l’usine, n’aurait, selon eux, jamais été payée — et techniques — ils souhaitent la mise à disposition de 4 à 500 hectares de terres par le Département.

Dans la mesure de ses possibilités, le Département pourrait mettre des terres à disposition des jeunes désireux de s’installer, terres louées pour un montant symbolique (quelques centaines d’euros par an). Plusieurs tranches, en tout une cinquantaine d’hectares pour commencer.

Mais, le président Losbar n’a pas caché la vérité : il y a des centaines d’hectares de terres louées il y a très longtemps à des agriculteurs, qui n’ont plus de bail, qui ne paient plus de loyers, et qui pensent — et encore plus leurs héritiers — que ces terres sont les leurs. Ces terres doivent être remises au Département — avec le concours des élus de l’île qui doivent s’engager fortement à sensibiliser ces vieux agriculteurs et leurs familles — pour que le processus de location de ces terres aujourd’hui en friche puisse bénéficier à des jeunes volontaires.

Guy Losbar, président du Conseil départemental :

Une plateforme maritime toute neuve

De retour à Grand-Bourg, réunion à la CCMG. Au menu, la signature d’une convention CCMG-Office de l’Eau, quelques dossiers annexes, l’annonce de Youssou N’Dour au Festival Terre de Blues, la signature de baux ruraux, concrétisation de l’annonce faite pendant la rencontre avec les planteurs.

Michel Mado, président de la Commission culture et patrimoine du Conseil départemental :

Final de la visite, la pose de la première pierre de la plateforme maritime, à côté du marché au poisson. Juste avant, il y a eu la pose d’une autre première pierre, celle d’une aire de jeux comprenant un Skate Park. C’est la revitalisation du centre-bourg qui est en jeu.

Bord de mer, le port de pêche et de plaisance, superbe et élégante construction. La gare maritime va être déconstruite, devenir une halle, ouverte de tous côtés, tandis que, dans son prolongement, il y aura les installations pour les compagnies maritimes, la douane, la création de la balade du littoral de part et d’autre de la halle, une zone agoulous et bokits, un square du débarcadère à l’ouest de la halle, des plantations et espaces verts.

Le but de ces travaux — 4,2 millions d’euros dont 3,2 millions à la charge du Département — est de revitaliser le bourg, ouvert sur la mer.

Le projet, dont le maître d’ouvrage est le Département, est une création de BLAK Architecture, cabinet de l’architecte urbaniste Emile Romney. Emile Romney a d’ailleurs exposé la philosophie du projet d’envergure, dont les travaux commencent cette semaine.

Un grand projet pour le site de Roussel Trianon

Le site historique de Roussel Trianon est emblématique de marie-Galante, comme le château Murat, la Gueule Grand Gouffre et la mare au punch, le moulin de Bézard…

Ce site du Conseil départemental va être mis en valeur. La maison de maître, en briques, le moulin aux remarquables signes maçonniques qui apparaissent sur le bâti (construction de 1805), les vestiges de l’ancienne sucrerie… autant d’atouts pour ceux qui aiment l’histoire, le patrimoine.

Il s’agit de faire de ce lieu appartenant à l’Ecomusée de Marie-Galante, classé Musée de France, site classé aux Monuments Historiques, un site vivant : restaurer le bâti, faire de la formation à des jeunes dans tous les métiers de mise en valeur de sites patrimoniaux, exploiter le site en l’incluant dans le réseau touristique.

Odile Broussillon, directrice générale adjointe Education Culture Sport et Tourisme du Conseil départemental, accompagnée de Willy Angèle, porteur du projet, a développé : « Il s’agit de s’adresser à des jeunes demandeurs d’emplois ou aux bénéficiaires du RSA de candidater dans des formations prodiguées par des Compagnons du devoir. »

Il y aura des formations aux métiers de la restauration des bâtiments, mais aussi en matière culturelle, environnementale, etc. Ces chantiers d’insrtion professionnelle dureront de 34 à 36 mois.

« Il s’agit, poursuivait Mme Broussillon, de mobiliser les Marie-Galantais autour de ce projet. Comment ? En organisant des rencontres avec la population pour lui présenter le projet, lui demander de l’amender avec des propositions afin de l’enrichir. »

Le collège unique fait débat

Durant les discussions à la CCMG, un point a été acté, souligné, celui d’un collège unique pour Marie-Galante. Ce qui veut dire que les trois collèges, de Grand-Bourg (300 élèves), de Saint-Louis (100 élèves), de Saint-Louis (100 élèves) seront regroupés dans un établissement tout neuf, type collège 500-600 places.

« Ce n’est pas possible d’avoir des établissements pour 100 élèves. Il faut regrouper, avoir un collège pour 500 élèves, mais prévu pour en accueillir 600 s’il y a un accroissement de la population », expose Guy Losbar.

Cet établissement, intégré à la nature et au lieu d’implantation (près de la mare au punch) sera parfaitement adapté aux exigences de la haute qualité environnementale (HQE).

« Moi, je ne suis pas d’accord. Je suis obligé de suivre parce que c’est déjà voté, acté, que les travaux vont commencer, mais je ne suis pas pour ce regroupement. » C’est François Navis, maire de Saint-Louis, qui prend la parole, pour dire son désaccord profond.

Pourquoi ? « Ces enfants qui ne seront plus éduqués à Saint-Louis, vous ne les reverrez plus. Ils vont tous partir ailleurs. On milite pour que les jeunes restent chez nous, ce n’est pas comme ça que nous arriverons à appliquer cette politique. »

Guy Losbar a rassuré : « Les enfants restent à Marie-Galante, c’est l’essentiel. Regrouper les enfants dans un collège unique, ça voudra dire plus de moyens, avec des bâtiments de qualité, un plateau sportif équipé, un environnement en pleine campagne… »

Maryse Etzol a rassuré en soulignant que les transports d’élèves vont être réorganisés pour faire en sorte que les enfants des trois communes puissent aller au collège dans les meilleures conditions possibles.

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