Marc Armor, longtemps journaliste à France-Antilles, en Guadeloupe, est décédé lundi à Rouen (Normandie).
Arrivé en Guadeloupe dans les années 1990 de la Réunion où il avait fait ses armes, le Breton Marc Armor (Marc Georgel de son vrai nom) était un excellent journaliste, prudent dans ses écrits, parfaitement informé, d’une grande culture classique, qui a accompagné l’histoire de la Guadeloupe au fil des crises dont il n’était pas le dernier à analyser les causes profondes.
Pipe en bouche, Marc était reconnaissable de loin, perfecto (veste en cuir) sur le dos ou sur l’épaule, silhouette mince, toujours un peu frileux (la climatisation du bureau ou celle du tribunal, où il allait cueillir les bonnes informations judiciaires, avait le don de l’exaspérer, toujours trop froide).
Au bureau, devant sa machine à écrire, puis devant les premiers ordinateurs de base (des M10 d’Olivetti), enfin devant les Mac (gros format puis simple lame), Marc était tout à son clavier, totalement sourd aux bruits ambiants. De temps en temps, il relevait la tête, souriait, sans doute à un bon mot que les lecteurs retrouveraient dans les colonnes du quotidien, puis plongeait de nouveau sur son clavier.
Sur le terrain, pipe en bouche ou claquée contre un mur, un poteau, le talon de sa chaussure pour en vider le contenu, Marc était le calme même, observant, tirant de sa poche un carnet pour noter les informations importantes, se faisant préciser des propos. Avant de disparaître, de grimper dans sa voiture et de regagner le bureau.
Réglé comme du papier à musique, Marc arrivait à l’heure, partait à l’heure, ne rechignait pas à faire le tour des bureaux de vote ou à attendre les résultats des scrutins, les soirs d’élections, appelant les élus les uns après les autres.
Pas la peine de lui demander s’il avait réussi à contacter quelqu’un, il avait les numéros de téléphone de tous les élus, de tous les socioprofessionnels et membres de la CCI-IG et de l’UDE-MEDEF, des MPI, etc. sur des carnets, pour ne pas risquer de les perdre.
Il vous manquait le titre choc pour boucler l’édition ? Marc vous le donnait, à partir d’une simple idée, en souriant. Ancien secrétaire de rédaction (celui qui relit les articles), il était sans doute le meilleur titreur qui soit.
Delégué SNJ, Marc Armor était le premier à défendre ses collègues pour lesquels il toujours était de bon conseil.
Kénavo Marc !
André-Jean Vidal