Une heure pas plus pour élire Liliane Montout, première adjointe de feu Cédric Cornet, maire du Gosier.
Après une minute de silence en hommage à Cédric Cornet, décédé le 21 mars, il y a douze jours dans des conditions sujette à caution — sa famille a déposé aujourd’hui une plainte pour assassinat — Guy Baclet, candidat à sa succession, a demandé à prendre la parole, ce qu’il a fait sous les huées d’une partie de la foule et de conseillers municipaux critiques. « Ta gu… !.. », « Arété babyé ! » « Fenmé g… » On est où là ? »
Une bouteille a été lancée sur une conseillère municipale, touchée au visage. « Appelez la police municipale ! »
« Asseyez-vous ! », demandait l’encore première adjointe Liliane Montout tandisque Guy Baclet, imperturbable, poursuivait son discours laudatif.
Et puis, le doyen d’âge, Marcellin Lucien Zami, 71 ans, président d’un soir, a pris la parole pour un petit discours.
Qu’a-t-il dit ? Il a, du haut de sa sagesse, dénoncé les ambitions des uns et des autres, appelé au calme, au rassemblement dans l’intérêt du Gosier.
Guy Baclet, fort de la majorité des intentions de vote au sein du conseil municipal — du moins il y a une semaine — partait gagnant. N’était-ce pas Liliane Montout, première adjointe du maire décédé, qui présidait cette réunion de mercredi dernier au cours de laquelle les consignes avaient été données ? Tous derrière Guy Baclet. N’était-ce pas lui, en qualité d’ami frère de l’ancien maire, qui devait prononcer le discours d’hommage en ouverture du conseil municipal extraordinaire ?
C’était compter sans les intrigues nouées durant les fêtes de Pâques. Mardi soir, au moment d’entrer en lice, le champion n’était plus seul : Liliane Montout, qui a sans doute pris goût au pouvoir durant l’intérim de ces douze derniers jours, a présenté elle aussi sa candidature.
Quelques cris dans la foule entassée devant la salle du conseil avant le début de la séance aurait dû mettre la puce à l’oreille de M. Baclet : c’est lui qui était hué. On lui reprochait… de ne pas être un Gosiérien 100%. Il a pu cependant rendre hommage à Cédric Cornet, dire comment était son ami : un visionnaire, un combattant de tous les instants, déterminé pour sa commune et pour les habitants du Gosier.
Marcellin Lucien Zami, déterminé à ce que tout se passe bien, a immédiatement demandé le silence quand le brouhaha a recommencé, puis donné la consigne de distribuer les bulletins de vote.
Le résultat était rapidement connu… 17 suffrages pour Liliane Montout, 16 pour Guy Baclet, KO sur son fauteuil. Deux nuls.
Madame le maire a reçu l’écharpe de sa fonction. Elle exercera celle-ci deux ans, le temps d’achever le mandat municipal.
Quelle sera sa politique ? Poursuivre sur l’élan donné par feu Cédric Cornet ? Ecouter l’opposition qui souhaite plus de modération dans la transformation du Gosier ? Attendons.
Les réactions
Victorin Lurel, sénateur (PS)
« Je félicite très chaleureusement Liliane Montout élue ce soir maire du Gosier. Femme libre et courageuse elle a su, avec d’autres élu-e-s rassembler et surmonter les « périls » et les traquenards. »
Bernard Guillaume, président du groupe Péyi Gwadloup (Région)
« Les élus du groupe Péyi Gwadloup adressent leurs chaleureuses félicitations à Liliane Montout, élue ce mardi maire du Gosier par le
conseil municipal.
Ils saluent le courage et la détermination de celle qui fut leur colistière lors des élections régionales de juin 2021 et qui accède à de nouvelles et éminentes responsabilités en des circonstances à la fois tragiques et difficiles.
La Guadeloupe compte ce soir une femme maire de plus, et c’est également une belle satisfaction.
Le groupe Péyi Gwadloup souhaite à Liliane Montout et à son équipe de réussir à rassembler dans l’apaisement, au service du Gosier et de sa population. »