Guadeloupe. L’Etat ne garantira pas l’emprunt du Syndicat de l’eau

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, a renvoyé la balle en direction de la Région et du Département.

Il semble que la lune de miel perpétuelle de l’Etat vis-à-vis des élus de Guadeloupe (de droite comme de gauche, du centre aussi) soit finie. Fini le temps où un ministre de l’Agriculture (de droite) signait, sur le capot de la voiture d’un préfet, un document qui permettait au président de Région (de gauche) de se voir soutenu financièrement par l’Etat pour honorer des promesses faites à des planteurs de banane… après le passage d’un ouragan qui avait détruit la bananeraie.

Aujourd’hui, quand Jean-Louis Francisque, à peine élu président du Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe (SMGEAG), écrit à l’Etat et à l’Agence Française du Développement (AFD) pour demander une garantie d’emprunt de 50 millions pour lancer le nouveau syndicat, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, répond : c’est non, sauf si la Région Guadeloupe et le Conseil départemental se portent caution pour la somme demandée. Et il y a une autre condition…

Fini de semer l’argent public
sur un terreau infertile

Le ministre a dit à quelques journalistes lors de son récent passage en Guadeloupe, que les fonds expédiés Outre-mer étaient jusqu’à présent, souvent, utilisés sans que rien ne soit fait pour résoudre les problèmes qu’ils étaient sensé aider à solutionner… Il a aussi dit qu’il espérait qu’avec les nouvelles majorités et les hommes, nouveaux pour la plupart, qui avaient investi les collectivités, l’état d’esprit allait changer… 

Sébastien Lecornu, qui aime jouer avec les mots, dans sa réponse au courrier de Jean-Louis Francique, donne les conditions d’un soutien de cette démarche (sans y mettre un sou) : améliorer le taux de recouvrement des redevances et réduire les charges financières. Plus simplement, traquer les clients mauvais payeurs et rechercher les arriérés d’impayés d’une part, ne pas remplacer les départs à la retraite pour dégonfler le mammouth d’autre part. Et éviter d’embaucher n’importe qui…

Reprendre l’idée d’Ary Chalus
d’une double garantie

L’Etat ne fera aucune avance de trésorerie. Le président du Conseil régional, Ary Chalus, avait envoyé de son côté une note au ministre, proposant que Région et Département garantissent le prêt par l’AFD ou la Banque des Territoires (BdT).

C’est cette solution, explique Sébastien Lecornu, qui semble la plus appropriée. 

Toujours sous condition que le SMGEAG prenne un engagement ferme, qui sera suivi dans son exécution (par les services de l’Etat aussi, soyons en sûr) : structurer l’encadrement supérieur (lire en filigrane : pas question d’embaucher le copain ou le fils du neveu d’un élu, l’expérience du SIAEAG ayant démontré que ce n’était pas sain), améliorer les capacités de recouvrement (pas question, là encore, de laisser filer les factures en période électorale, comme on l’a vu par le passé) et réduire les dépenses de fonctionnement (moins de voitures de fonction, moins de frais de bouche pour des tablées de douze tous les jours, etc. pratiques dénoncées par la Chambre régionale des comptes pour ce qui était de la gestion du SIAEAG fut un temps). 

Le ministre veut une saine
gestion de la nouvelle structure

Le contrat que propose Sébastien Lecornu est simplement (et diplomatiquement) écrit plus loin dans la lettre : que le président Francisque s’engage à de bonnes pratiques et à gérer la structure comme un bon père de famille soucieux d’une bonne balance des comptes et de son côté le ministre de la République mettra avec plaisir tout le poids de son influence dans la balance pour que le prêt soit accordé.

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, conclut son courrier en rappelant que, malgré ce qui se dit, l’Etat a donné beaucoup d’argent (30 millions) pour boucher 6 500 fuites dans les canalisations d’eau potable en Guadeloupe… et qu’il continuera, par le biais de l’Office Français de la Biodiversité*, à financer ces réparations l’année prochaine… 

Jean-Louis Francisque, président du Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe (SMGEAG), comprend ce qui lui reste à faire : assurer (par écrit) le ministre qu’il sera un bon gestionnaire, modeste, pour que les Guadeloupéens aient de l’eau en quantité et en qualité qui coule de leur robinet, ensuite, aller voir les présidents de la Région et du Département… Mais, ils ont déjà le courrier du ministre. 

André-Jean VIDAL

*La présidente de l’Office Français de la Biodiversité, interface de l’Etat pour financer la réparation des fuites dans le réseau d’eau de Guadeloupe s’appelle Sylvie-Gustave-Dit-Duflo, vice-présidente de la Région, collègue de Jean-Louis Francisque.

Le courrier de Sébastien Lecornu :

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