Journée de vote tranquille dans les trois régions des Antilles-Guyane. Plus de votants que pour les élections législatives de 2022 et des européennes de 2024, il y a trois semaines. Un volant de 5 à 10% de votants supplémentaires. Et les quatre députés sortant largement en tête à l’issue du premier tour.
Pourquoi plus de votants pour cette législative ? Parce que les enjeux sont plus forts, notamment en raison de la possibilité que les extrêmes — LFI ou Rassemblement national — terminent, au plan national, à la première place, ce qui peut inciter à aller voter mais aussi parce qu’il était plus facile, par le biais d’internat, de créer des procurations en cas d’empêchement à se rendre dans les bureaux de vote.
La campagne, si elle a été faite de rendez-vous en direct avec les candidats par le biais de meetings, de porte-à-porte, a laissé de côté les habituels réseaux sociaux, sauf pour inciter les électeurs potentiels par le biais de flyers.
Seul le Parti socialiste a fait connaître une plateforme politique locale, qui a été publiée dans certains médias dont Karib’Info et L’Hebdo Antilles-Guyane.
A noter que les deux présidents des collectivités majeures, Région et Département, se sont mobilisés derrière certains candidats, ensemble pour l’un ou l’autre, séparément, pour soutenir deux candidats rivaux dans la troisième circonscription.
Il fallait soit reconduire les quatre sortants, Olivier Serva dans la première circonscription, Christian Baptiste dans la seconde, Max Mathiasin dans la troisième, Elie Califer dans la quatrième, soit estimer que leur temps était passé après deux ans à l’Assemblée nationale, et qu’il fallait les remplacer.
Par qui ? La plupart du temps des élus communaux poussés en avant par leurs maires ou leur parti ou des politiques de moindre envergure, voire des amateurs tentant leur chance ou essayant de se placer et d’estimer leurs chances pour des scrutins locaux (souvent les municipales).
Circonscription par circonscription
Dans la première circonscription, Chantal Lérus, poussée par Eric Jalton, soutenue par Ary Chalus, était un challenger à ne pas négliger face à un Olivier Serva gonflé à bloc. « Tout sauf Serva », était le slogan des partisans du maire des Abymes qui craignaient que la victoire de M. Serva lui soit bénéfique pour les prochaines municipales. Parmi les candidats surprise, Dieudonné Mbala Mbala, humoriste, parachuté avec pour suppléant, « Groupe Wagner », ce qui était inscrit sur les bulletins de vote, surprenant quand on sait que le Groupe Wagner est une officine du ministère russe de la défense servant de tête de pont dans certains pays d’Afrique où le groupe se livre à des exactions contre les populations pour le compte de régimes politiques dictatoriaux.
Au fil de la soirée, Olivier Serva démontrait sa force et s’imposait en tête pour un second tour qui devrait lui permettre de confirmer devant Chantal Lérus.
Dans la deuxième circonscription, Christian Baptiste, député sortant, soutenu par la maire du Moule, la dynamique Gabrielle Louis-Carabin, avait à faire face à des candidats de moindre envergure, mais soutenus, l’un par le Parti Socialiste, l’autre par le Rassemblement national. Coup de pied de l’âne, Francs Baptiste, maire de Sainte-Anne, qui a raflé à son frère la commune au cours d’une élection interne, n’a pas donné de consigne de vote…
Christian Baptiste a remporté le premier tour largement. Restera à confirmer au second tour, ce qui ne devrait pas poser de problème, les ralliements ayant commencé dès la fin du comptage.
Dans la troisième circonscription, Max Mathiasin pouvait craindre de perdre son siège, ses atermoiements au cours de ses votes à l’Assemblée nationale ayant agacé des électeurs de son secteur. Pourtant, l’ancien député a de la ressource intellectuelle. Et surtout des amis, les maires de son secteur, Adrien Baron, quoique GUSR, le soutenant pour éviter l’arrivée d’une personnalité qui pourrait, élue, être un danger aux prochaines municipales : Rody Tolassy, du Rassemblement national. Adrien Baron jouant, à Sainte-Rose, la carte locale tandis que le GUSR soutenait, dans la circonscription, Fred Deshayes, idéologue du parti, qui se lançait pour un galop d’essai et se tester.
Au fil de la soirée, Max Mathiasin a montré que les soutiens, notamment de Jeanny Marc à Deshaies, d’Adrien Baron à Sainte-Rose, d‘Ary Chalus et Hélène Polifonte à Baie-Mahault, ne comptaient pas pour rien. Reste à confirmer au second tour, les ralliements des électeurs des autres candidats de gauche devant se faire sans peine. Fred Deshayes, qui termine à la troisième place, a dors et déjà appelé à faire barrage au Rassemblement national. Mais il laisse le soin au GUSR de donner la position officielle du parti.
Dans la quatrième circonscription, le sortant, Elie Califer, soutenu par le Parti socialiste, avait face à lui le tandem dynamique du GUSR Jennifer Linon-Patrick Dollin. Et des candidats de moindre envergure.
Elie Califer partait gagnant, ce qu’il confirmera au second tour puisqu’il termine largement en tête du premier tour.
Le renouvellement des générations
A relever un renouvellement des candidats avec de jeunes militants, notamment au PS et au GUSR. Mais aussi la présence de l’ANG, avec notamment Laurence Maquiaba dans la première circonscription et des candidats LFI, comme Michel Tola, particulièrement critique avec ses « camarades » socialistes du Nouveau Front Populaire (NFP). Il a apparemment mal avalé que le PS ait présenté quatre candidats dans les quatre circonscriptions sous la bannière du Nouveau Front Populaire « pour éviter qu’il n’y ait pas de candidat du NFP dans deux circonscriptions, puisque LFI n’a pas présenté de candidat dans ces deux circonscriptions et que M. Tola a présenté sa candidature dès l’annonce de la dissolution sans se concerter avec les autres formations du NFP », a plaidé Olivier Nicolas.
A noter aussi quand on parle de candidats de moindre envergure ou de candidats moins connus, qu’au second tour, éliminés, ils donneront ou pas des consignes de vote, et feront ou pas, pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Leurs scores ne sont pas à négliger, même s’il s’agit de quelques pourcents.