Guadeloupe. Les présumés auteurs de l’attaque de la gendarmerie de Lamentin ont été interpellés

C’était le temps de la crise sociale et du mouvement déclenché par le Collectif des organisations en lutte contre la vaccination obligatoire. C’était le temps des barrages, du blocage de certains axes routiers de la Guadeloupe, d’abord par les manifestants du mouvement social, puis par des individus du coin qui les ont remplacés sur les barrages. C’était le temps pendant lequel des bandes en ont profité pour piller des magasins, en incendier d’autres, terroriser les gens…

Le 17 novembre 2021, deux gendarmes qui patrouillaient au niveau du carrefour de Routa, à Lamentin (Guadeloupe), étaient pris à partie par une cinquantaine d’individus masqués, encagoulés, qui leur jetaient des pierres. Ils étaient blessés par l’explosion des vitres de leur véhicule.

Un assaut par une cinquantaine
d’individus masqués et déterminés

Le 18 novembre, toujours à Lamentin, cette fois-ci c’est la gendarmerie qui intéressait une cinquantaines d’individus, toujours masqués, encagoulés, qui faisaient l’assaut du bâtiment. Fort heureusement, celui-ci se trouve dans une enceinte clôturée et les logements des familles sont un peu à l’écart de l’immeuble administratif, dans le petit parc.

Des cocktails molotov (bouteilles contenant de l’essence et une mèche enflammée) étaient balancés sur la clôture et vers le bâtiment administratif. Les gendarmes bloquaient les issues, mais cinq individus pénétraient dans les bureaux. Ils étaient repoussés par les militaires. Des secours alertés intervenaient depuis Pointe-à-Pitre. Les individus prenaient la fuite, non sans avoir balancé encore quelques cocktails enflammés.

Cinq des présumés auteurs de ces faits — quatre jeunes gens et un mineur de 14 ans — ont été interpelés en début de semaine, placés en garde à vue, présentés à un juge et devaient, ce soir, connaître leur sort. Le Parquet a demandé leur mise en détention.

Ce vendredi, en fin d’après-midi, le procureur Patrick Desjardins, accompagné du colonel Jean-Pierre Barbaste, commandant en second de la Gendarmerie de Guadeloupe et des Îles-du-Nord, et du lieutenant-colonel Joël Kerviel, commandant de la section de recherches de la Gendarmerie, donnait une conférence de presse au palais.

Il rappelait les faits, soulignant le processus : l’agression de deux gendarmes, puis l’attaque de la gendarmerie dans le même secteur le lendemain. « D’autres attaques de gendarmeries ont eu lieu les jours précédents et suivants. » Ce qui lui permet de dire : « On voit bien que tout ceci est lié, organisé soigneusement… »

Le procureur Desjardins faisait référence à d’autres dossiers d’agressions de gendarmes, de tirs sur des forces de l’ordre, d’attaques d’armurerie, de poste de douanes, avec vols d’armes, commis pendant le temps des émeutes sur fond de crise sociale entre novembre 2021 et début janvier 2022. Faits que les enquêteurs semblent relier entre eux au fil des enquêtes et qui laisseraient à penser que les émeutes n’étaient pas si spontanées qu’on voudrait le faire croire et qu’elle avaient d’autres buts.

« Il y avait une intention d’aller très loin en attaquant ces gendarmeries, en attaquant la gendarmerie de Lamentin. On sait bien que dans ces casernes de gendarmerie, il n’y a pas que des gendarmes, il y a des armes, il y a aussi les familles des gendarmes. On est passé à côté d’une catastrophe et je voudrais, ici, rendre hommage aux gendarmes qui n’ont pas fait usage de leurs armes alors qu’ils étaient peu nombreux et qu’il y avait l’assaut d’une cinquantaine d’individus décidés… »

Le procureur Patrick Desjardins :

Le lieutenant-colonel Joël Kerviel reprenait les grands moments de l’enquête menée par ses services, mais aussi par les brigades et d’autres unités de gendarmerie qui ont procédé pas à pas, qui ont ainsi découvert que les assaillants de la brigade de Lamentin avaient cambriolé un magasin et une école la veille de l’assaut, dérobant diverses choses qui leur ont permis de faire des cocktails Molotov qu’ils avaient cachés dans une maison abandonnée non loin de la brigade. Ce qui indique une préparation soigneuse de cette attaque.

Le lieutenant-colonel Joel Kerviel :

Le colonel Jean-Pierre Barbaste mettait en exergue une situation explosive, qui aurait pu tourner au drame, soit pour les gendarmes et leurs familles si les assaillants étaient parvenus à leurs fins, soit pour les assaillants qui auraient pu être repoussés l’arme à la main par des gendarmes agressés et inquiets non seulement pour leur vie mais aussi pour leurs familles.

« Ils ont fait preuve d’un sang-froid qu’il faut souligner. Ils ont évité un drame. »

Le colonel Jean-Pierre Barbaste :

« L’information se poursuit, il y a d’autres personnes à interpeler dans cette affaire et dans d’autres affaires d’attaques de gendarmeries. Il y a eu une volonté d’aller très loin dans la criminalité, cette affaire comme d’autres analogues ne resteront pas impunies », a prévenu Patrick Desjardins.

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