Ce matin, ils iront à la Chambre d’agriculture, à Baie-Mahault, pour porter leurs revendications. Les planteurs de cannes affiliés aux Jeunes Agriculteurs Guadeloupe (JAG), au Kolektif des agriculteurs (KDA), à la SICA Union pour le développement cannier et agricole de la Guadeloupe (UDCAG) veulent peser sur les négociations qui précèdent l’ouverture de la campagne cannière.
Que disent-ils ? Que les prix ont augmenté. Dans les boutiques et supermarchés pour les produits de consommation. Ils ont aussi augmenté pour eux.
« Les prix des produits et des services agricoles ont fortement augmenté. Durant les trois dernières années, les prestations de plantation ont augmenté de 21 %. Les herbicides ont augmenté de 6 à 135 %. Les engrais ont augmenté de 21 % et les prestations d’entretien et de récolte de 12 à 43 % », disent-ils.
Or, les études menées par l’UDCAG démontrent que les revenus pour les exploitations les plus courantes en Guadeloupe (surface moyenne 5,4 hectares) sont insuffisants pour faire face ni aux charges sociales et fiscales ni aux besoins de la vie quotidienne. En Basse-Terre, c’est pire : les surfaces plantées en canes ne font pas 5,4 hectares.
Les planteurs expliquent : « Le chiffre d’affaires d’une exploitation cannière de 5,4 hectares en Grande-Terre avec un rendement moyen de 45 tonnes / hectare en incluant le prix industriel ainsi que les différentes aides (POSEI, aide surfacique, aide régionale, etc.) est de 26 445,69 €. La marge est de -16 691,88€ si le planteur se dégage un revenu au SMIC. Le modèle économique actuel n’est donc pas viable et nécessite des augmentations de prix importantes. »
Ces planteurs demandent que l’on revienne sur le calcul du prix de la tonne de canne d’une part, que l’industriel qui exploite l’usine de Gardel partage avec les planteurs le prix de la mélasse et de la fibre (bagasse) qui ne sont pas payées.
Les planteurs présentent onze revendications :
1/ Passage dès la récolte 2024 à un prix de la tonne de canne à 160 € minimum, sans augmentation des aides d’état pour une canne payée à la tonne en attendant une renégociation du protocole de réception saccharimétrique et de détermination de la richesse de la canne en fonction du sucre, de la mélasse et de la fibre produits.
2/ Prise en compte de la valeur des trois principaux produits que sont le sucre cristallisable, la mélasse (fructose et glucose) et la fibre (bagasse) dans la valeur de la tonne de canne à sucre.
3/ L’indexation du prix d’achat de l’industriel (Gardel SA) sur le prix moyen du marché avec une renégociation avant chaque récolte.
4/ Un prix de la canne livrée qui assure un taux de marge minimale déterminé pour un Pol, un Brix, un taux de fibre et un rendement moyen sur les trois dernières années.
5/ Instauration d’un prix minimal d’achat de la canne subventionnée qui permette l’entretien des parcelles et le maintien de l’activité quelle que soit la qualité des cannes livrées, afin d’assurer la durabilité de la filière.
6/ Détermination annuelle du coût d’entretien d’une plantation de canne sur la base des prix des SICA et des opérateurs agricoles.
7/ Mise en place d’un dispositif de transparence des prix des industriels (production, coût de revient et bénéfice), des opérateurs et des SICA (marges sur les produits agricoles).
8/ Révision du protocole de réception saccharimétrique avec entre autres, une mise à jour du nombre d’échantillons par volume de canne livré, la mise à disposition des résultats dans l’heure et le suivi photographique du protocole pour contrôler les mauvais résultats.
9/ Mise en place d’une période de transition de trois ans maximum, afin de réviser le protocole de réception saccharimétrique et l’ensemble des instances et structures de la filière canne à sucre et de proposer des modes de fonctionnement éthiques, efficaces, durables et transparents. Durant cette période, le prix de la tonne de canne sera fixé mais ne dépendra pas de la Richesse Saccharine. Il sera réévalué avant chaque récolte et les prélèvements du CTCS seront toujours appliqués afin de redéfinir le mode de détermination de la richesse de la canne.
10/ Non-indexation des aides (nationale, européenne, régionale) sur la richesse de la canne à sucre. Les aides ne seront versées que sur la base des surfaces exploitées et des volumes de cannes livrées.
11/ Le reversement aux planteurs de l’intégralité de la part de prime bagasse indûment perçue par Gardel SA.
Ce sont ces revendications qui sont à l’origine d’une première manifestation, vendredi, sur les routes aux alentours de Jarry, puis d’une réunion de présentation aux élus à Petit-Canal, le même jour.