Guadeloupe. Les Journées du monde économique : la souveraineté alimentaire en question

Initiées par la Région Guadeloupe, les Journées du monde économique battent leur plein : les plénières se succèdent tout comme les ateliers. Ary Chalus a donné le cap lors de la session plénière : il faut se mettre ensemble pour faire avancer le pays.

Deuxième journée avec des thèmes porteurs : la souveraineté alimentaire, d’abord.

Souveraineté alimentaire : témoignages

La souveraineté alimentaire d’abord, avec des intervenants choc, comme Franck Desalme, président de la Ferme Saint-Jacques, à Anse-Bertrand, qui produit des œufs.

« On importe de l’œuf en coquilles et en bidons… »

M. Desalme est aussi porteur d’un grand projet de production d’œufs et de volailles de chair — 31 unités de production — à plus grande échelle parce que la Guadeloupe pourrait éviter d’importer les « œufs frais » par avion et les œufs sous forme de bidons de liquides mêlant blanc, jaune… tout ceci venant de Bretagne. Et quand aux poulets de grain, n’en parlons pas. Ils arrivent congelés depuis des mois…

Pourquoi ces importations ? Parce que la Guadeloupe ne produit presque pas d’œufs et que, comme l’a souligné Franck Desalme, les touristes de croisière consomment de novembre à mars 1200 plateaux d’œufs dont aucun ne provient d’un élevage de Guadeloupe. Parce que la Guadeloupe ne produit pas en élevage important des volailles de chair.

Mais, comme il le souligne encore, « quand les élevages, en Bretagne, sont touchés par la grippe aviaire, d’un coup, il n’y a plus d’œufs en rayons. »

« Il y a du potentiel,affirme-t-il. Mais, il faut se structurer, s’entendre, harmoniser notre production, se concerter pour éviter d’avoir toutes les poules pondeuses réformées en même temps, par exemple. »

Tino Dambas, des Producteurs de Guadeloupe (bananes), fait un rappel de l’évolution de la profession : Charles de Gaulle, président de la République, avait obtenu que les bananes qui soient vendues sur le marché national viennent pour deux tiers des Antilles françaises, pour un tiers d’Afrique. « Nous étions heureux, nous vendions la banane 10 francs le kilo sur le marché national. Et puis, un jour, l’OCM Banane a libéré le marché, tout le monde a pu vendre de la banane et il a fallu nous battre pour conserver nos maigres parts de marchés. Comment lutter contre la banane dollar produite avec un faible coût. On nous achète, maintenant, la banane 0,75 euros le kilo. »

L’Union des producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique a permis de sauver cette banane des Antilles françaises.

« Après le dernier ouragan sur la Guadeloupe, il n’y avait plus un bananier debout. Nous avons fait rentrer deux conteneurs de bananes par semaine. 40 tonnes de bananes chaque semaine. C’est donc qu’il y a un marché local et que nous y prenons part. D’ailleurs, nous sommes en train de mettre en place le traçage des bananes provenant des écarts de tris et des colis non commercialisés pour des raisons diverses. Nous verrons ainsi combien de tonnes de bananes ne sont pas vendues ici ou exportées. Nous aussi nous pouvons nourrir la Guadeloupe ! »

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