Faire plus, faire mieux, avec moins de ressources financières. C’est l’équation que doivent résoudre en 2022 le président Ary Chalus et les élus de la Région Guadeloupe.
Vendredi matin, il s’agissait en plénière, la première de l’année, de discuter et voter les grandes orientations budgétaires pour 2022.
Plénière en semi-ptésentiel, la plupart des élus suivant les débats en visioconférence.
Le président Ary Chalus, le premier vice-président Jean-Marie Hubert et la deuxième vice-présidente Marie-Luce Penchard étaient réunis à l’antenne du Raizet, aux Abymes, avec les directeurs des services et une partie de la presse.
Long discours du président Chalus, pour rappeler le contexte de ces deux dernières années, soumis aux fourches chauvines de la pandémie mondiale de la Covid-19. Et aujourd’hui, la guerre en Europe et ses conséquences néfastes économiques et géopolitiques.
« Nous devrons, là encore, faire face aux impacts ; flambée financière des matières premières et aggravation des difficultés d’approvisionnement.
Le monde entier retient son souffle… »
La crise sanitaire et sociale aura eu le mérite de secouer les esprits. C’est ce qui ressort du discours d’Ary Chalus.
« Notre population, consciente de ces bouleversements, attend de nous, élus, que nous tracions des perspectives !
Notre archipel semble peiner à embrasser les mutations du monde car il s’y voit trop souvent perdant.
Nos difficultés vont persister si nous conservons le modèle actuel qui maintient encore trop de jeunes dans la précarité !
Nous devons donc, en tant que collectivité Stratège et Responsable, œuvrer à la construction de notre pays en veillant à maintenir nos moyens d’action.
Nous devons réinventer nos outils de développement pour qu’ils soient aptes à prendre le relai du modèle actuel essoufflé, voire de plus en plus stérile ! »
Depuis deux ans, la Région a tenu un rôle important dans le maintien de l’économie, des emplois, pour rechercher des solutions, pour soutenir de même les autres collectivités en prenant sur elle des compétences qui ne sont pas les siennes. Mais, il faut avancer et la solidarité a été marquée.
« Nous devons, plus encore, renforcer notre écosystème local avec un modèle social et financier pérenne, résistant aux fluctuations économiques et environnementales. »
Pour ce faire, il faut avoir une vision à long terme, celle qui permettra, parce qu’on aura recherché l’excellence, parce que les expertises auront permis de développer nos atouts, envisager l’avenir avec plus de sérénité.
Clairement il faut retrousser les manches, aller plus loin que les concepts et mettre en œuvre. Deux piliers essentiels : l’économie verte et l’économie bleue, qui donnera des emplois par milliers à une jeunesse bien formée parce que formée avec des objectifs bien compris.
Ary Chalus :
« En 2022, a dit Ary Chalus, nous poursuivrons les projets faisant de l’économie Bleue le pilier de notre développement ; ses retombées directes contribuent significativement à la valeur ajoutée de notre PIB régional et à plus de 5 000 emplois temps-plein.
Cette année 2022, nous organiserons une nouvelle édition de la Route du Rhum : la plus grande course transatlantique du monde.
Notre ambition, renouvelée, consiste à renforcer le positionnement de notre archipel et d’optimiser l’efficacité économique de cet évènement international.
La collectivité régionale, a ainsi mis en place le MERcato, instance de dialogue et de concertation ayant l’objectif d’agir collectivement pour mettre en œuvre les solutions aux problématiques prégnantes des filières pêche et aquaculture ; accentuées par l’actuel contexte des crises tant sanitaire qu’économique.
En collaboration avec les acteurs de la pêche, nous avançons pour le déploiement d’un pôle mer et d’un campus des métiers de la mer.
La Commission Européenne a, enfin et officiellement, validé les plans de renouvellement de la flotte des Régions Ultrapériphériques après des années de négociations ! »
Il faut avoir un territoire aménagé pour l’épanouissement des Guadeloupéens. Ce qui passe par un environnement protégé, mais aussi par des techniques qu’il faut développer le transport électrique.
« Les objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, en cours de révision, visent un mix énergétique constitué à 100% d’énergies renouvelables d’ici 2030, ils ouvrent la voie à un basculement massif et rapide vers les mobilités propres, qui demeurent le principal enjeu de la transition énergétique. »
« Nos travaux de révision de la PPE, a précisé le président, ont porté à 30% l’objectif de pénétration du véhicule électrique dans le parc total de véhicules en Guadeloupe, soit la conversion ou le remplacement de 74 000 véhicules thermiques en véhicule électrique d’ici 2030 ! »
Ce qui va entraîner de revoir les ressources financières puisque celles-ci sont essentiellement liées à l’Octroi de mer bien sûr, mais aussi à une taxe non négligeable sur les produits pétroliers. Moins on consomme d’hydrocarbures, moins la Région perçoit de taxes… et moins les collectivités, comme les communes, qui perçoivent l’essentiel du montant de cette taxe percevront. On voit le problème.
Ajoutons à ces prescriptions une administration régionale dynamique, qui fait avancer les projets, les travaux programmés, financés.
Les femmes. Le président Ary Chalus a rendu hommage aux élues, aux administratives, aux femmes de Guadeloupe qui savent prendre les choses en mains pour faire avancer le pays.
« Le meilleur moyen de prévoir le futur, concluait-il, c’est de le créer. »
Côté finances, puisque c’est pour parler de cela qu’étaient réunis les élus, le compte administratif 2021 a permis de dégager, une fois tout payé, le fonctionnement, les investissements, les remboursements de prêts bancaires, etc., un solde de 25 millions d’euros.
Résultat final de clôture du compte administratif : 70,8 millions d’euros.
L’opposition — Péyi Gwadloup — attirera l’attention sur cette somme, fustigeant qu’on ne l’ait pas utilisée pour faire quelque chose… tout comme elle soulignera une nette baisse du taux d’exécution des dépenses en 2021 en section d’investissement : 69,14 (au lieu de 76 à 86% les années précédentes).
Que faut-il en retenir ? Que la Région n’est pas déficitaire, que les deux confinements, la crise sociale qui ont empêché les entreprises de travailler ont fait que des opérations ont été retardées. D’où un taux d’exécution moindre des investissements.
Que propose le premier vice-président, président de la commission de synthèse Jean-Marie Hubert ? Que la Région devra, « pour faire face à des responsabilités de plus en plus grandes et à des attentes qui ne le sont pas moins, amplifier son intervention dans la proximité et le quotidien des habitants par des services publics de qualité, pour développer des solidarités et créer les conditions de l’émancipation de toutes et tous sur tous les territoires. » Il faudra, a souligné Jean-Marie Hubert, « que les orientations majeures pour les six années à venir se traduisent par des choix budgétaires ambitieux et maîtrisés pour améliorer l’épargne de notre collectivité et maintenir l’emprunt à un niveau raisonnable. »
Jean-Marie Hubert :
Petit hommage : « La commission estime que cet engagement est rendu possible par la bonne gestion passée qui a permis de dégager les marges nécessaires pour l’action d’urgence mise en œuvre lors de la crise, au service d’une relance réactivité de l’activité. »
Quant à l’accroissement de la dette en 2020 et 2021, c’est simplement l’effort de la Région pour soutenir l’archipel en période de crise tandis que les recettes de la Région étaient remises en cause par cette même crise.
Jean-Marie Hubert demandait aux élus s’être prudents dans les dépenses à venir. « Il faut être véyatif », résumait-il.
Le discours du président Chalus :