La crise sociale aura eu un effet salutaire : les élus de Guadeloupe ont décidé de prendre les choses en main. De négocier en direct avec le Collectif contre la vaccination obligatoire et le passe sanitaire. De présenter à l’Etat un projet de sortie de crise avec des propositions de prise en charge commune des revendications.
Les Guadeloupéens reprochent souvent aux élus de ne pas se montrer dès qu’il y a un conflit social d’envergure. De laisser l’Etat et les forces de l’ordre d’un côté, le patronat de l’autre (si c’est un conflit social catégoriel) se débrouiller.
Cette fois-ci encore, l’intersyndicale, pour sa plateforme de revendications qui est venue se greffer aux deux demandes du collectif, a demandé l’ouverture de négociations avec l’Etat. Une habitude.
Mais, l’Etat, en l’occurrence le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, s’est montré ferme. Pas question d’abroger la loi. Pas question d’ouvrir des négociations tant que le collectif (et les syndicats) n’aura pas condamné les exactions des nuits chaudes. Départ des syndicats et retour à la rue…
Un dialogue de sourds qui a mis les élus devant le fait accompli : prendre la main pour que la situation difficile sur le terrain social et politique (en filigrane) ne devienne pas intenable.
Le président du conseil régional, Ary Chalus, a dit, lundi qu’on reproche aux élus de ne rien avoir fait pendant la crise sanitaire alors qu’ils ont fait leur job. Qu’il fallait que cette crise sociale se résolve entre Guadeloupéens qui se connaissent et parlent le même langage quand les temps sont durs.
Cette solidarité pour tenter de résoudre la crise sociale sera à leur crédit : ils ont contacté les syndicats pour une rencontre, ce jeudi (le lieu est à préciser, le LKP ne voulant pas de la résidence départementale, au Gosier, dans un cul-de-sac), ils vont faire un courrier au président de la République, Emmanuel Macron, pour lui dire ce qu’ils peuvent faire et comment l’Etat peut les aider financièrement à mettre en place des dispositifs, notamment pour la jeunesse.
De même, les élus auront, ce mercredi après-midi, une réunion en visioconférence avec les membres du Collectif des socioprofessionnels de Jean-Yves Ramassamy et José Gaddarkhan.
Il ont aussi repris contact avec les représentants du monde économique dans la perspective d’une rencontre dans les prochains jours. Ce sont eux qui détiennent la clé de l’emploi privé des jeunes.
Pendant ce temps, à Paris, Sébastien Lecornu est en train de faire le tour des ministères — le ministère des Outre-mer est l’interface entre les régions d’Outre-mer et les différents ministères — pour faire un recensement de ce qui peut être fait, et vite, pour proposer des solutions ou répondre aux solutions portées par les élus.
Si solution il y a elle sera à mettre celle des élus qui ont su se recentrer sur leurs compétences et les mettre à la disposition d’une sortie de crise grave. Et ce sera tout à leur honneur.
André-Jean VIDAL