Bruno Blandin, président du Medef Guadeloupe, a tenu, jeudi, une conférence de presse. Il avait invité Christophe Avognon, directeur régional d’EDF Guadeloupe.
Tout d’abord, Bruno Blandin a posé le décor de la pièce : 1 100 entreprises adhèrent au Medef Guadeloupe, employant environ 15 000 salariés. Et, précise-t-il, 85% de ces entreprises sont des TPE ou des petites entreprises. Fort de cette représentativité, le Medef a deux cents mandats dans le monde économique.
Il doit y avoir de grosses entreprises parmi ces entreprises du Medef puisque le chiffre d’affaires global de celles-ci est d’environ 6 milliards d’euros.
Pourquoi avoir invité Christophe Avognon ? Parce que le directeur d’EDF est une personnalité au cœur d’une possible tragédie économique. Avec habileté, le directeur d’EDF s’est tiré du piège.
Suivons l’affaire. EDF Guadeloupe, c’est 223 502 clients (le 15 décembre). Qui paient l’électricité comme les usagers hexagonaux. Or, le coût de production est quatre fois supérieur à celui de la France hexagonale.
L’électricité quatre fois moins
cher que le coût de la production
En fait, Outre-mer, mais aussi dans certaines régions de France hexagonale (la Creuse, par exemple), l’Etat prend à sa charge le différentiel pour que tous les Français soient à la même enseigne.
C’est ce qu’on appelle « le tarif réglementé de vente. »
Cependant, comme le rappelait avec gravité Christophe Avognon — tout le monde faisait une tête d’enterrement et on verra pourquoi — le prix de cette électricité est impacté par la situation sur la planète : la reprise des activités après Covid, qui fait que tout le monde veut de l’énergie électrique, le prix des énergies à la hausse (pétrole, charbon, etc.), la guerre en Ukraine (comme d’hab !) et les conditions d’exploitation du parc nucléaire – tellement vieux —, la moitié des centrales étant en panne ou en cours d’entretien. Fort heureusement, en ce moment, les rustines ont été collées et les centrales relancées pour la plupart.
« La France, lançait avec horreur Christophe Avognon, qui produisait tant d’électricité qu’elle en vendait à ses voisins, est en train d’en acheter à ces mêmes voisins. »
Ce qui a aussi fait monter les prix parce que les voisins ne sont pas des philanthropes.
Ainsi, le mégawattheure est passé de 50 euros à 1 000 euros.
Le Comité de Régulation de l’Energie (CRE), tout puissant, a fait des propositions à l’Etat : augmenter de 40% le prix pour les usagers bleus, 60% pour les jaunes, et 80% pour les verts.
Qui sont ces martiens ? En fait, ce sont trois tarifs en fonction de sa consommation.*
Le gouvernement a pris la décision de mettre en place un bouclier tarifaire et de plafonner à 4%.
Il a fait jouer des baisses de taxes. Bref, de la cuisine interne.
En Guadeloupe, a précisé Christophe Avognon, comme EDF est fournisseur exclusif, l’augmentation concerne les entreprises.
Grand sourire de Bruno Blandin : les entreprises paient comme les particuliers. Ils sont soumis à la même augmentation de 4%.
Quid en 2023 alors que, comme le souligne M. Avognon, la situation internationale est incertaine ? « Le gouvernement s’est engagé à limiter la hausse à 15% »
Ben ! Il répond à une interrogation que « le prix du pétrole baissera bien un jour, les experts en sont certains… »
Si l’on veut économiser de l’énergie, Christophe Avognon a des recettes de bon sens, imparables : « Il faut mieux consommer, c’est-à-dire éteindre l’électricité quand on quitte une pièce ou son entreprise, couper la climatisation la nuit, jours fériés et week-end, ne pas laisser les enseignes lumineuses allumées. »
« Consommer moins est la meilleure énergie. »
On serait tenté d’écrire : ne pas laisser la zone de Jarry éclairées comme un sapin de Noël 365 jours par an. Et parfois même de jour pour ce qui est des réverbères !
Pour soutenir les clients impécunieux, EDF édite des chèques énergie, 120 000 par an, soit un quart de la clientèle.
Sachez enfin qu’il y a 192 000 tarifs bleus, 20% de gros consommateurs en Guadeloupe.
D’où vient l’énergie ? Du Diesel ! Oui, pour 51%, mais 34% ce sont des énergies renouvelables, vent, eaux chaude, soleil… 14% c’est du charbon, très pollueur…
En fait, EDF achète l’énergie électrique à EDF PEI, qui est la centrale, mais aussi à Géothermie Bouillante, aux petites centrales TAC, aux fermes éoliennes et photovoltaïques, à un prix réglementé, fixé par la CRE.
La géothermie, propre, est-elle une solution d’avenir, demande-t-on ? Oui, puisqu’elle fournit actuellement 14 megawwattheure et devrait être formatée pour en fournir 25.
Et, question plus d’actualité : la CGTG Energie a appelé à une grève longue et dure. Qu’en pense le directeur d’EDF Guadeloupe ?
Réponse : « C’est chez PEI (la centrale) que la CGTG Energie a appelé à la grève. Les discussions sont en cours, il faut espérer que chacun y mette du sien pour sortir rapidement de la crise. Sinon, le rôle d’EDF Guadeloupe est d’actionner des leviers pour limiter le risque. »
André-Jean VIDAL
*Bleu, jaune, vert
Le code couleur utilisé par EDF désigne les différents tarifs pratiqués en fonction de la puissance de votre compteur. Les tarifs réglementés sont fixés par l’Etat sur recommandation de la commission de régularisation de l’énergie (CRE).
. Le tarif bleu désigne le tarif applicable aux compteurs dont la puissance est égale ou inférieure à 36 kVA. Les particuliers et petits professionnels sont les principaux consommateurs concernés par ces tarifs. Le tarif bleu est proposé par EDF en option base et en option heures pleines/heures creuses.
. Le tarif jaune s’applique aux compteurs électriques dont la puissance souscrite est comprise entre 36 et 250 kVA. Il correspond aux besoins des entreprises. Etant donnée la disparition prochaine des tarifs jaunes, de nombreux fournisseurs proposent des offres de marché pour les profils tarifs jaunes.
. Le tarif vert d’EDF est destiné aux usines et aux entreprises à très forte consommation. Ce tarif concerne les compteurs dont la puissance est supérieure à 250 kVA. Il comprend de nombreuses options tarifaires différentes et très complexes.
Source EDF
